Les « Fous de Dieu » viennent de franchir un nouveau pallier dans l’application impitoyable de la charia.
Mercredi dernier, ils ont tranché la main d’un présumé voleur de bétail, sur la place publique d’Ansongo. Et sous le regard impuissant des populations.
Premier du genre, depuis l’occupation des régions du nord il y a quatre mois par des groupes terroristes, ce geste a plongé les Maliens dans la consternation.
Partout, la colère le dispute à l’indignation. A l’intérieur, comme à l’extérieur de notre pays.
Dans un communiqué, diffusé le 9 août, le gouvernement condamne. Comme d’habitude. Mais sans plus. Victimes d’exactions, depuis près de quatre mois, les populations, elles, ne semblent rien d’attendre des autorités maliennes. Autorités plus promptes à pondre des communiqués qu’à trouver les voies et moyens de mettre fin aux exactions, dont elles sont victimes. Et dans les trois régions occupées : Tombouctou, Gao et Kidal.
En juin dernier, un couple a reçu, sur la place publique de la « cité des 333 saints », 200 coups de fouet, chacun pour adultère. Enterrés jusqu’à la ceinture, l’homme et la femme ont été fouettés à sang. Avant d’être évacués à l’hôpital.
Il y a quelques jours, un autre couple a été lapidé à mort, à Aguel –hoc, localité située dans l’extrême nord, dans la région de Kidal.
Le 5 août dernier, les jeunes de Gao sont descendus dans la rue pour empêcher les islamistes du MUJAO de couper la main d’un homme soupçonné de vol d’arme. Pire, l’animateur qui commentait l’évènement, sur les antennes de Radio Koïma, a été bastonné. Avant que son corps ensanglanté ne soit abandonné devant l’hôpital par ses bourreaux : les éléments de la police islamiste.
Laquelle interdit aux populations d’écouter la radio, de regarder la télé, de fumer, de se promener en compagnie d’une femme… aux femmes, il est conseillé de se vêtir de la tête aux pieds. Sous peine de se voir infligés 50 coups de fouet.
Pour combien de temps encore, les populations doivent –elles continuer à subir ces exactions ? Nul ne le sait avec exactitude.
Les autorités maliennes hésitent –sans qu’on sache trop pourquoi –à faire appel aux troupes dela CEDEAO pour libérer les régions du nord.
Ou à réarmer, moralement et matériellement, les troupes maliennes pour ce faire.
Et la classe politique, censée accorder ses violons sur ce point, se perd en conjectures.
Or, il y a urgence à intervenir, militairement, au nord. Car, mercredi dernier, le rubicon a été franchi à Ansongo. Dans le sang et dans les larmes.
Oumar Babi