Le retour de ces hommes est une grave préoccupation, ils sont équipés d’armes lourdes, de missiles et de centaines de véhicules. Il a été effectivement marqué par la montée de tension dans les régions où on a même assisté à des appels à la partition de notre pays. Ces agitations cachent mal des pratiques de Brigandage, de chantage et de marchandage télécommandées depuis Bamako.
Les inquiétudes concernant le retour de combattants maliens de Libye ayant assisté les forces du colonel El Kadhafi, s’avèrent fondées. A peine ont-ils franchi le sol malien qu’une embuscade avait été perpétrée contre un véhicule transportant des militaires maliens. Un militaire usant de son arme pour riposter sera aussitôt assassiné. L’attaque a eu lieu au nord du Mali. Une série d’incidents similaires secouent depuis plusieurs semaines cette zone qui vient d’enregistrer le retour de milliers d’hommes armés à bord des dizaines de véhicules de la Libye.
A ce propos, Saïd Djinnit avait déclaré : «Le retour de ces hommes ayant combattu en Libye est une grave préoccupation, ils reviennent avec des armes lourdes, des missiles, des convois de centaines de véhicules, dont des 4X4 pick-up équipés d’armes, qui circulent librement dans le nord du Mali.» Il a précisé à l’occasion qu’il « y a des acheteurs potentiels pour ces armes, Al-Qaîda au Maghreb islamique, les réseaux de drogue, et on sait qu’il y a de plus en plus de passerelles entre les deux.»
Le terrorisme a toujours réussi à trouver refuge et asile dans des zones frappées particulièrement par la pauvreté d’où il puise d’ailleurs, des soutiens en profitant des situations sociales précaires. Mais le phénomène, de plus en plus grandissant au niveau de la zone sahélo-sahélienne, est attisé par les crises politiques qui caractérisent notamment le nord de l’Afrique comme c’est le cas en Libye.
Il s’est, en effet, amplifié depuis l’éclatement de la crise en Libye et il demeure encouragé par les interventions continues de l’Otan, dont il n’est plus à démontrer que cette dernière a outrepassé la résolution de l’ONU. La coopération décentralisée dont, il faut le rappeler, l’initiative revient à l’Algérie bien avant le conflit libyen, constitue dans ce contexte une stratégie contre le terrorisme et qu’il faut asseoir sur une base de données et d’échange de renseignements.
Une situation qui semble pourtant faire les affaires de certains individus passés désormais pour des rentiers de la crise au nord. Ils ont d’ailleurs commencé à attiser le feu en suscitant les récents appels à l’indépendance dans certaines localités dont Ménaka où une marche a même été organisée avec les drapeaux d’un nouvel état. Avant de jouer aux pompiers avec le seul dessein de se faire pleines les poches comme à l’accoutumée. C’est pourquoi, l’assurance donnée le 21 octobre dernier par les représentants de la Communauté Imqhrad au Chef de l’Etat de leur engagement à soutenir le processus de paix, de réconciliation et de développement dans les régions nord du pays et d’œuvrer avec détermination pour l’unité nationale, l’intégrité du territoire et la cohésion entre les différentes communautés a été froidement accueillie. « Nous sommes habitués à ce jeu depuis plusieurs années. On fait monter la tension au nord et on reçoit les valises à Bamako. La rébellion touarègue est un juteux business pour des leaders des communautés du Nord qui sont derrière toutes les manœuvres », explique un spécialiste du nord qui rappelle que la relance de la rébellion en 2006 n’est que la réponse au refus du président Amadou Toumani Touré avec la politique de la « valise d’argent ». D’ailleurs, ce dernier avait insisté sur sa stupéfaction à la suite des attaques du 23 mai de cette année-là après avoir reçu en audience le 21 des leaders touaregs. Mais, il avait accordé beaucoup de crédits à des remarques d’un de ses gardes de corps qui lui avait soufflé à l’oreille que « ces gens repartissent toujours de la présidence avec des valises ». On connait la suite et les conséquences qui continuent à agiter notre pays plus que jamais soumis au brigandage, au chantage et au marchandage de certains individus qui ont fait le pari de vivre de l’instabilité du nord du pays.
Abdoulaye Diakité