Une source diplomatique a annoncé la prochaine visite du président malien, Amadou Toumani Touré, en Algérie. Cette visite répond à une invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Dans ce même contexte, le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, avait transmis samedi dernier, lors de son passage à Bamako, un message du Président Bouteflika à son homologue malien concernant a priori le développement des relations bilatérales de coopération entre les deux pays.
Le message du Président Bouteflika semble aussi avoir porté sur la situation qui prévaut actuellement dans la région du Sahel, rappelant les efforts mobilisés par les pays de la zone du Sahel: Algérie, Mali, Mauritanie et Niger dans le but d’instaurer et de développer les fondements d’une base de coopération solide pour faire face à une menace terroriste de plus en plus grandissante dans la région, notamment depuis l’éclatement de la crise en Libye et la guerre civile qui s’en est suivie. Le phénomène du terrorisme au Sahel a tiré profit du conflit libyen réussissant à élargir et renforcer ses réserves en armement lourd.
Outre cet aspect ayant trait à la sécurité dans les régions frontalières, il est patent que le message transmis par M. Messahel portait également sur la relance et le développement économique entre les deux pays. Le 21 septembre dernier, à l’occasion de la fête nationale de l’Indépendance du Mali, M.Bouteflika a exprimé son «attachement personnel à l’approfondissement de la concertation bilatérale et à l’intensification des efforts des deux pays tendant à faire de notre région une zone de paix et de stabilité et un modèle de coopération pour le développement».
Plusieurs accords relevant de la coopération ont de fait été signés entre les deux pays. Il s’agit d’accords commerciaux, culturels, dans la formation et la recherche scientifique. Selon le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maïga, «l’axe Alger-Bamako est essentiel dans la stabilité de notre région et la prospérité de nos populations et les efforts que nous devons entreprendre doivent avoir vocation à réussir».
En perspective de la venue à Alger du président malien, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a souligné que cette visite «sera pour nous une occasion de confirmer les avancées enregistrées dans le domaine de la coopération bilatérale».
Il n’en demeure pas moins que le Mali reste une zone très sensible et à haut risque, devenu une base arrière de la nébuleuse Al Qaîda au Maghreb. Selon une dépêche de l’agence France presse, pas moins de 80 véhicules transportant quelque 400 hommes armés d’origine malienne ayant combattu en Libye dans les forces de Mouamar El Gueddafi sont arrivés, récemment, dans le désert du nord du Mali.
«Soixante-dix-huit véhicules transportant des Libyens d’origine malienne, qui ont combattu aux côtés d’El Gueddafi, sont arrivés samedi dans le nord du Mali avec armes et bagages», ont confirmé de leur côté des sources sécuritaires maliennes.
Et d’ajouter: «Avec une moyenne de six personnes par véhicule, ça fait plus de 400 personnes» ainsi revenues au pays. Ces combattants sont essentiellement des Touareg, issus de trois tribus du nord du Mali, les Chamanamas, les Iforas et les Imghads. Pour le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Saïd Djinnit, cette situation est très préoccupante.
A ce propos, il souligne: «Ces hommes rentrent avec armes et bagages dans la confusion, avec de gros problèmes de réinsertion, ce qui va augmenter l’insécurité dans le nord du Mali.» M.Djinnit ne manque pas de relever: «Il y a des armes lourdes, des missiles, des convois de centaines de véhicules, des 4X4 pick-up équipés d’armement qui circulent librement» dans le Nord malien.
Aussi, le représentant onusien n’a pas manqué de dire sa crainte de voir, selon toute vraisemblance, Al Qaîda acquérir ces armes de guerre, avec tous les risques que cela fait courir pour la région du Sahel, déjà saturée d’hommes en armes. Al Qaîda au Maghreb islamique, les réseaux de drogue, dont la mobilisation est de plus en plus inquiétante, font ainsi peser le danger sur une région stratégique pour les pays limitrophes, d’où l’intérêt que prend la visite du président du Mali en ces moments d’incertitude qui pèsent sur le Sahel.
Par Par Ikram GHIOUA (lexpressiondz..com – Alger, 17 occtobre 2011)