Le Premier Ministre Boubou Cissé à la tête d’une forte délégation a séjourné dans la région rebelle de Kidal. Cette visite a été précédée du retour d’une nouvelle armée reconstituée et de certains services sociaux de base. Mais ne nous voilons pas la face, Kidal échappe toujours au contrôle de l’Etat central et si les rebelles ont accepté cette visite, c’est parce qu’ils éprouvent eux-mêmes le besoin d’avoir certains services de base dont l’absence cause des préjudices sociaux graves. Le gouvernement profitera-t-il de la situation de précarité de la majeure partie de la population pour renforcer la présence et l’autorité de l’Etat ? Boubou Cissé a-t-il effectué cette visite comme ses prédécesseurs juste pour des images de com’ ?
En attendant les retombées sociopolitiques du long séjour du Premier Ministre Boubou Cissé à Kidal chacun y va de son petit commentaire. Nombreux sont ceux qui pensent que cette visite est comme celle de tous les autres Premiers ministres, à savoir des belles images pour les téléspectateurs du monde entier, mais derrière celles-ci, un flou artistique et surtout un rejet catégorique de l’Etat central par les irrédentistes. Moussa Mara, Soumeylou Boubèye Maiga et Boubou Cissé sont ceux qui se sont rendus dans cette région rebelle du Mali et pourtant Kidal continue d’échapper au contrôle effectif de l’Etat central. Ont-ils eu peur de toucher du doigt l’épineuse question de l’intégration de la région dans le giron de l’Etat central ? Tout porte à croire que cette question est celle qui fache les irrédentistes touareg qui continuent de nourrir l’illusion d’avoir leur autonomie à défaut de l’indépendance totale.
La visite de Boubou Cissé pouvait être profitable à l’Etat central si les autorités avaient fait preuve d’audace et de crédibilité aux yeux de la Communauté Internationale et surtout d’intransigeance vis-à-vis des ex-rebelles. Ces derniers affaiblis et presqu’abandonnés par la France protectrice, pourraient accepter certaines exigences de l’Etat contre nourriture, eau, bref contre certains services sociaux de base. Parmi les exigences de l’Etat, on pourrait citer le désarmement des groupes armés de la CMA ou tout au moins leur cantonnement pour permettre à la nouvelle armée reconstituée de pouvoir accomplir sa mission régalienne. Autres exigences seraient non seulement la présence effective et sans restriction des agents de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, mais aussi et surtout que les citoyens du nord au sud d’est en ouest puissent circuler librement sans qu’aucun ne se sente étranger sur son propre sol. Le Premier Ministre Boubou Cissé a le bon bout contrairement à ces prédécesseurs, sauf s’il tremble devant la France, la patrie protectrice des rebelles, ou bien s’il cède aux caprices de la CMA qui, certainement avait multiplié les provocations et autres actes d’intimidation, malgré la précarité du peuple qu’elle est censée défendre.
En définitive, comme les précédentes visites des PM, celle de Boubou Cissé sera jugée à l’aune des résultats tangibles enregistrés sur le terrain. Donc, pas de jubilation encore moins de triomphalisme, surtout pour une visite qui, d’ordinaire, passe inaperçue, car faisant partie des missions régaliennes du gouvernement.
Youssouf Sissoko