C’est officiel depuis samedi dernier. Mohamed Ag Intalla est désormais le nouvel “Amenokal” (chef coutumier) de l’Adrar des Ifoghas. Il succède ainsi à son feu père, Intalla Ag Attaher, qui fut le chef coutumier des touaregs de l’Adrar des Ifoghas pendant plus de cinq décennies (de 1962 à 2014). Si bon nombre d’observateurs ont reconnu au vieux Intalla un pacificateur, il y a tout de même lieu de reconnaitre en toute honnêtété que son nom est intimement lié à toutes les rébellions touaregs qui ont secoué le nord du Mali de1964 à nos jours. Récemment, soit seulement quelques jours avant sa mort, il avait pris fait et cause pour les groupes séparatistes du nord du Mali et avait même déclaré, lors d’une interview qu’il avait accordée à un confrère, que “la seule manière de garantir la paix définitive, c’est la division du pays”. De tels propos émanant d’un “pacificateur”, il y a vraiment matière à réflexion.
Mohamed Ag Intalla, qui succède à son défunt père dans la dignité d’Amenokal, parviendra t-il à faire mieux que son prédécesseur dans la voie de la pacification de cette région, berceau de toutes les rébellions touaregs qui ont éclaté au Mali de 1960 à nos jours? La question mérite d’être posée et elle laisse dubitatifs les observateurs les plus avisés.
Le nouvel “Amenokal”, de tout temps, a vécu sous l’aile de son père et a été modélé suivant l’éducation que celui-ci a voulu lui inculquer. Dans ces conditions, il va être très difficile pour Mohamed Ag Intalla de se démarquer totalement des principes édictés par son géniteur qui, avant de rendre l’âme, n’a pas hésité à prôner la division du pays, le Mali. En tout cas, depuis l’éclatement de la dernière rébellion touareg en fin 2011, tous les actes posés par Mohamed Ag Intalla vont dans le sens de l’opposition et de l’encouragement des actions des groupes séparatistes, même si dans ses déclarations publiques il tente de prouver le contraire.
UN PARTISAN DE LA SOUVERAINETÉ DU MALI?
La rébellion a éclaté en fin 2011-début 2012. Le 17 janvier 2012, des soldats maliens furent massacrés à Aguel’hoc et depuis, le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad s’est illustré par des actions funestes pendant près de dix (10) mois, avant d’être chassé par les djihadistes. Pendant toute la période de l’occupation du septentrion malien par les rebelles touaregs et autres bandits de grands chemins, quel a été l’acte patriotique posé par Mohamede Ag Intalla pour essayer de sauver la situation? Pourtant à cette époque-là, il était un des hommes les plus respectés et les plus écoutés parmi les touaregs, toutes tribus confondues.
Ce n’est que le 02 mai 2013, après que la France ait “libéré le Mali” du joug des obscurantistes que Mohamed Ag Intalla, à la tête d’un groupe de représentants touaregs, décide, dit-il, de rejeter la lutte armée et de créer le Haut Conseil de l’Azawad (Hcua). Lors de la création de cette structure, il a même lancé un appel au Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla) et au Mouvement Islamique de l’Azawad (Mia) pour que ceux-ci rallient sa cause. À cette occasion, le fondateur du Hca a déclaré que “le Hca appuiera tous les efforts en vue de trouver, par le dialogue, une solution politique négociée à la crise que traverse l’Azawad (…) C’est un mouvement pacifique qui ne réclame pas l’indépendance d’une partie du nord du Mali et est contre toute idée de partition. Nous sommes également contre le terrorisme. Nous voulons mettre ensemble tous les fils touaregs du nord et les autres frères pour faire la paix avec le sud, avec tous les maliens”.
HCA, PUIS HCUA
Au cours de ce rassemblement, Mohamed Ag Intalla ne s’est jamais départi de l’appellation “Azawad” pour désigner les régions du nord du Mali. A la création du Hca, le vieux Intalla qui avait adhéré au Mnla démissionne de cette entité militaro-politique pour rallier le Hca. Alghabass Ag Intalla qui a créé le Mouvement Islamique de l’Azawad (Mia) annonce la dissolution de ce mouvement et rallie, lui aussi, le Hca. C’était le 19 mai 2013. Ce jour-là, le patriache Intalla fut nommé président du Hca et son fils ainé, Mohamed Ag Intalla, occupe le poste de secrétaire général. Le Hca change de nom et devient “Haut Conseil de l’Unité de l’Azawad” (Hcua).
Le 02 juin 2013, le Mnla et le Hcua signent un accord afin d’adopter une position commune lors des pourparlers de Ouagadougou qui devaient commencer au bout de trois semaines. À l’occasion des discussions de Ouagadougou, Alghabass remplace son frère ainé, Mohamed Ag Intalla, au secrétariat général du Hcua. Il fallait cela, puisque que le “grand frère” n’est pas allé assez loin dans les études de langue française. Dès lors Mohamed Ag Intalla n’occupait plus de poste. Il ne commandait plus au Hcua, il n’était pas non plus chef coutumier puisque son père était encore vivant et exerçait les fonctions d’”Amenokal”.
C’est dans ce contexte que fut annoncée la tenue des élections législatives au Mali, pour la fin novembre et la mi-décembre 2013. L’occasion était bonne pour attribuer un poste à Mohamed Ag Intalla. Alors sur le conseil des siens, il présenta sa candidature sous les couleurs du parti présidentiel, le Rpm pour la circonscription électorale du cercle de Tin-Essako et il fut élu député avec 100% des suffrages exprimés, mais avec un taux d’abstention de 86%. Il est désormais député Rpm (la majorité présidentielle) à l’Assemblée Nationale du Mali. Ce seul statut de député suffira t-il pour qu’on lui accorde toute confiance?
Les députés déserteurs, le Mali en a connus par le passé. En tout cas, même avec sont statut de parlementaire, il ne faut pas espérer que Mohamed Ag Intalla soit amené de sitôt à se démarquer de ses frères touaregs dans leurs ambitions de séparatisme.
Mamadou GABA
S IL CHOISIT LA VOIE DE LA MALEDICTION IL SE PREND A SA PERTE ICI ET A L EAU DELA…………………
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