La décentralisation mise en application en 1997 dont le processus a commencé en 1992 s’inscrit dans le cadre général de l’Etat de droit et apparait comme l’un des piliers de la démocratie en général. Les circonscriptions administratives n’ont pas de personnalité juridique distincte de celle de l’Etat. Elles sont chargées de la mise en œuvre des politiques nationales en matière de développement économique, social, culturel et d’aménagement du territoire. Le nouveau cadre de création, et de découpage issus de l’accord d’Alger de 2015, doit permettre de corriger les imperfections dans la mise en œuvre de la décentralisation afin de rapprocher mieux ces zones à l’administration malienne. Sa mise en œuvre devrait être consensuelle et non imposée à telle ou telle fraction nomade. En imposant le nouveau découpage à certaines fractions, on en déduit, une volonté manifeste de les priver d’avoir leurs élus communaux, leurs présidents de conseil de cercle, leurs présidents de région etc…
Dans la constitution malienne du 25 février 1992, il est dit que tous les maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoir. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée. Pourquoi alors, le Ministre de l’administration territoriale n’a-t-il pas observé ces dispositions de la constitution malienne ? Ceux qui s’opposent à ce nouveau découpage accusent le ministre de ne pas respecter certaines règles de droits.
Il y a deux semaines, le Gouvernement adoptait un projet de loi portant création des collectivités de région, de cercles et de communes dans les régions de Ménaka et Taoudéni. Selon le texte de création la région de Ménaka comportera 24 collectivités territoriales dont une collectivité de région, quatre collectivités territoriales de cercle, dix-huit collectivités rurales et une collectivité urbaine. Nous nous sommes dits, voilà que l’Accord avance avec ces nouvelles créations. Mais c’était mal connaitre le fond mal conçu qui a abouti aux dites créations. En effet dans la plainte adressée au nouveau gouverneur de Ménaka, certaines communautés semblent décrier la méthode et les critères utilisés pour aboutir à une mise sous-tutelle de plusieurs communautés sous la domination d’autres. Dans ce découpage, certaines préoccupations n’ont pas été prises en compte notamment :
La lettre de protestation en date du 8 août 2017 initiée par les chefs de Fractions, de village et cadres de cercle de Ménaka relative aux propositions de création des communes de l’actuel cercle de Ménaka ;
l’avis de réunion sans numéro du Préfet du cercle de Ménaka en date du 6 juillet 2017 ;
la convocation des mêmes acteurs ;
la non prise en compte de toutes les communes créées à savoir Tabankort, Infoukaretane, Tinabaw et Inazole sont sélectivement choisies et situées dans la zone sud-ouest du cercle suivant l’appartenance politique (deux communes pour une même fraction) ;
la non prise en compte des communautés vivant dans la zone nord-ouest, nord-est, sud-est du cercle de Ménaka composées de 22 fractions et sept villages dans le découpage actuel selon leur volonté de vivre ensemble et ce malgré la constitution de dossiers de création des communes dument établis et remis au représentant de l’état ;
le caractère sélectif et la volonté manifeste d’exclusion entretenue et soutenue depuis plusieurs décennies par l’Etat malien;
la non prise en compte de près de 90% du territoire du cercle de Ménaka et des communautés dans le découpage actuel ;
les injustices dont sont victimes certaines communautés au profit d’autres,
la non prise en compte de la nécessite, d’impliquer tous le processus ;
la non prise en compte qu’une minime partie d’un cercle aussi vaste que Ménaka dans le découpage actuel ;
la non implication dans le découpage des responsables des communautés ;
que des correspondances ont été adressées à qui de droit pour attirer l’attention sur l’impérieuse nécessité d’impliquer les responsables de ces communautés.
Vouloir fouler au pied ces principes revient à créer une tension dans la région de Ménaka. Faire partir d’une commune doit répondre aux actes d’un mariage civil consenti librement, sans aucune pression. En ignorant cela, bonjour une guerre civile, au moment où les espoirs d’une paix pointent à l’horizon il est inadmissible que l’état décide en lieux et places des communautés sans leur consentement. Les représentants des communautés du cercle de Ménaka qui s’estiment lésées par le découpage des collectivités territoriales sont arrivés ce vendredi à Bamako. Cette délégation est venue réaffirmer aux autorités de Bamako le désaccord des populations de la localité par rapport au nouveau découpage des 5 communes du cercle.
Seydou DIARRA