Les "perles" du Nord Mali ornent le bureau d’Amadou Alidji: "Regardez la dune rose de Gao, regardez la vieille ville! Nous nous engageons à assurer la sécurité de tous nos visiteurs", dit ce responsable du tourisme alors que la menace terroriste fait chuter la fréquentation. "Nous tournons au ralenti. Ça ne va pas du tout.
C’est pourquoi, nous avons décidé, avec le ministre du Tourisme, de montrer que toutes les mesures ont été prises pour la sécurité des uns et des autres", explique M. Alidji, directeur de l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie de la région de Gao. Début décembre, dans sa ville de Gao (1.200 km au nord-est de Bamako), quelques Européens déambulent. Auvergnate, "Mimie" veut monter à Gao une petite affaire. Elle brave donc la consigne donnée par Paris de ne pas fréquenter le Nord Mali: "Je me sens en sécurité ici.
C’est un choix que j’ai fait et il est évident que je l’assume", confie cette Française, au côté de son compagnon malien. Non loin du château d’eau, des touristes – un Français, trois Espagnols – devisent tranquillement. "Nous n’avons aucun problème de sécurité ici, mais c’est sûr que nous faisons attention pour ne pas trop nous éloigner de Gao", dit le Français, qui semble d’autant plus à l’aise que le gouvernorat de Gao a fait savoir qu’une garde, discrète, les accompagnait.
Le 26 novembre, un Français a été kidnappé à Ménaka (plus de 1.500 km au nord-est de Bamako) et, trois jours plus tard, trois Espagnols ont été capturés dans le nord-ouest de la Mauritanie: des actions revendiquées par Al-Qaïda au Magreb islamique qui les retiendrait quelque part dans le nord du Mali. La menace de nouveaux rapts est là, diffuse, mais les responsables du tourisme tiennent bon. "Nous avons deux grosses opérations à Tombouctou: le lancement début janvier de la quinzaine culturelle et touristique, ainsi que le Festival au désert", explique Haïdara Yehia Moulaye, membre du comité d’organisation des deux événements.
Le Festival au désert, "greffé sur de grandes fêtes traditionnelles touaregs", se tient habituellement à Essakane, à deux heures de piste de Tombouctou, avec des artistes venus d’Afrique et du reste du monde. Cette année, la manifestation (7-10 janvier) se déroulera à moins de cinq kilomètres de Tombouctou, annonce son directeur, Mohamed Ali Anssar, assurant qu’il s’agit ainsi de rendre l’évènement "plus convivial et populaire". "Il n’y a pas eu beaucoup d’annulations, dit-il.
De nombreux participants annoncés ont refusé de respecter les consignes données par leurs pays". Sur leur site internet (www.festival-au-desert.org), les organisateurs avertissent néanmoins les participants: "nous vous décourageons fermement d’essayer d’organiser ce voyage vous-mêmes. Il peut être difficile et potentiellement dangereux de voyager seul sans un guide expert ou un chauffeur". Des circuits "adaptés" sont donc proposés "pour une expérience sûre et inoubliable".
Dans le riche patrimoine touristique national du Mali, "les bijoux" sont au nord: Tombouctou, Gao, Mopti. Et selon le ministre de l’artisanat et du tourisme, 30.000 visiteurs étrangers s’y sont rendus, l’an dernier, pour des retombées économiques évaluées à six milliards de francs CFA (plus de 9 millions d’euros). "C’est à nous de montrer que notre région est paisible", lance le président de la Commission d’organisation de la quinzaine, Dédéou Traoré. "C’est à nous de montrer que nous sommes toujours accueillants.
lemonde.fr avec AFP 25.12.09 | 09h58