Le Ministre Cheick Oumar Diarrah en conférence de presse : • “Des arrestations ont eu lieu” dans l’affaire des 30 touareg tués à Tamkoutat • “C’est l’enquête qui va déterminer qui sont les assaillants, d’où ils viennent et pourquoi ils ont commis ces actes odieux”

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Cheick oumar Diarrah
Ministre de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, Cheick Oumar Diarrah

• S’ouvre un atelier sur les leçons apprises des accords précédents sur les crises du nord

• La Commission Vérité, Justice et Réconciliation sera mise en place la semaine prochaine

• “Nous avons demandé au Gouvernement algérien de mener un travail exploratoire” pour la médiation

• “La Cedeao avait commis le Burkina Faso, nous n’avons pas été impliqués dans cette décision”

 

Mardi 11 février 2014, le Ministre de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, M. Cheick Oumar Diarrah, a animé une conférence de presse pour donner des éclaircissements sur les actes criminels commis ces derniers temps dans le nord de notre pays. Et d’informer sur les mesures prises par le Gouvernement pour que de tels actes ne se reproduisent plus dans notre pays.

 

Le Ministre Diarrah a informé qu’immédiatement après l’incident, le Gouvernement a dépêché sur place une mission conduite par le Ministre de la Sécurité, le Général Sada Samaké. Et que cette mission a eu à visiter les blessés, rencontrer les familles des victimes et présenter les condoléances du Gouvernement tout en accomplissant un certain nombre d’actes de solidarité envers les familles des victimes. Le Ministre a, au nom du Gouvernement, condamné l’enlèvement des cinq travailleurs du Comité international de la Croix-Rouge (Cicr), le samedi dernier, dans le nord.

 

Selon le Ministre Cheick Oumar Diarrah, à la suite de ces actes odieux, plusieurs réunions se sont tenues et ont permis de prendre des mesures conservatoires et des mesures d’urgence. “Actuellement, des actions sont en cours et le Gouvernement fera tout pour faire en sorte que ceux qui ont commis ces crimes odieux puissent être arrêtés et remis à la disposition de la justice. Des arrestations ont eu lieu. La gendarmerie est en train de mener l’enquête et les actions vont se poursuivre pour que cela ne se répète plus. Que les gens sachent qu’il y a un État et que la justice triomphera. C’est l’enquête qui va déterminer qui sont les assaillants, d’où ils viennent et pourquoi ils ont commis ces actes odieux et déterminer leurs identités et s’ils appartiennent à un groupe”, a déclaré le Ministre Diarrah.

 

 

Un conflit intercommunautaire ou un crime commis par des assaillants ?

Le Ministre de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, M. Cheick Oumar Diarrah pense que la tuerie des 30 touaregs à Tamkoutat est la résultante d’un conflit latent qui existe depuis de nombreuses années. Pour lui, c’est un conflit qui est structuré autour du foncier et du bétail et qui met en opposition certaines communautés, c’est-à-dire des peulhs et des touareg.

 

 

Le Ministre Diarrah a indiqué que ledit conflit est sous-jacent et peut éclater à tout moment dans la mesure où nous sommes dans une période post conflit et dans la mesure où l’État n’est pas présent dans toutes les localités du nord. “C’est une zone d’insécurité où il y a des conflits latents et où les armes circulent librement. Donc, tous les ingrédients  sont réunis pour qu’il y ait violence de temps en temps. Dans les trois régions du nord, la présence de l’État n’est pas effective et cela est le résultat du conflit que nous avons enregistré depuis 2012. Et surtout du fait que nous avons connu une dégradation de la qualité des institutions et de ceux qui représentent les institutions. Ceux-ci n’ont plus la crédibilité de traiter les conflits quotidiens. Nous sommes dans une telle situation parce que les conflits sont structurés depuis de longues dates et peuvent éclater à tout moment”, a déclaré le Ministre de la Réconciliation Nationale.

 

 

Dialogue avec les groupes armés du nord

Le Ministre a rappelé que le processus du dialogue avec les rebelles armés du nord a été enclenché dès la mise en place du Gouvernement. A titre de rappel concernant les actions menées dans le cadre du dialogue, le Ministre Cheick Oumar Diarrah a cité :

–  les États généraux sur la décentralisation ;

– les assises sur le nord ;

– les forums locaux et régionaux ;

 

 

A ces actions, s’ajoutent les activités diplomatiques pour faire en sorte que le voisinage immédiat soit mieux informé de la politique du Gouvernement et soit à même de contribuer aux efforts de celui-ci en vue de trouver une solution définitive au problème du nord, qui est à la fois national et régional.

 

 

Des ateliers sur les leçons apprises des accords précédents et sur le processus de cantonnement et de désarmement des rebelles

Le Ministre de la Réconciliation Nationale a informé que son département prévoit d’organiser le 13 février courant avec la Minusma un atelier sur les leçons apprises des accords précédents sur les crises du nord. Et également le 14 février, un autre atelier sur le cantonnement et le processus de désarmement des groupes armés du nord.

 

 

Mise en place de la commission vérité, justice et réconciliation, la semaine prochaine

Le conférencier a indiqué que pour que de tels actes criminels ne se répètent plus dans notre pays et pour que la paix revienne définitivement, le Gouvernement est en contact avec toutes les parties prenantes y compris les groupes armés et que le processus avance normalement.

 

 

Le Ministre a souligné que son département mettra en place dès la semaine prochaine la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. A ses dires, cette commission va mener un travail en profondeur sur les causes des conflits qui ont secoué le Mali depuis 1960 à nos jours. “La commission mènera une investigation historique pour déterminer les causes profondes du conflit. Ce qui nous permettra de tirer tous les enseignements par rapport à ce qui doit être fait et ce qui ne doit plus être fait. Elle établira la cartographie de tous les crimes qui ont été commis au Mali. Elle aura un large pouvoir d’investigation, d’interpellation pour mener ce travail afin que désormais ne règne l’impunité en République du Mali et que la justice triomphe.

 

 

La commission réunira les conditions matérielles et politiques du retour des déplacés et des refugiés. Elle fera en sorte que toutes les violations faites sur les femmes, les enfants… soient répertoriées et que les auteurs de ces violations soient identifiés et traduits en justice.

 

 

Elle proposera des recommandations par rapport aux réparations qui doivent être faites (matérielles, financières…). On aura une cartographie complète de ce qui s’est passé dans le nord à la fois dans la profondeur historique, mais également par rapport à toute la période de l’occupation au cours de laquelle de graves crimes contre l’humanité ont été commis. Cela permettra d’avoir une vision claire par rapport aux mesures à prendre pour qu’il n’y soit plus de répétition de ce conflit.

 

 

Nous avons une vision globale dans le traitement du conflit et la Commission Vérité, Justice et Réconciliation va mener ce travail sur une période de 3 ans pour donner au gouvernement tous les instruments nécessaires pour prendre des décisions robustes qui s’imposent”, a informé le Ministre Cheick Oumar Diarrah.

 

 

Le pays médiateur

Actuellement il y a une confusion chez les Maliens autour de l’architecture de la médiation en vue avec les groupes rebelles du nord. Le Ministre a estimé que toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour aider le Mali dans ce processus de médiation. “Nous avons demandé au Gouvernement algérien de mener un travail exploratoire pour permettre la mise en cohérence des points de vue des différents protagonistes. Ce travail est en cours. La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait commis le Burkina Faso, nous n’avons pas été impliqués dans cette décision. Les autres actions qui peuvent contribuer à permettre de résoudre le problème du Mali sont les bienvenues. Nous ne rejetons personnes, mais avons une ligne directive qui est claire. Nous savons où nous allons, nous voulons qu’il y ait des discussions au Mali, qu’il n’y ait plus de discussion à l’extérieur. Il peut y avoir des actions de préparation a l’extérieur, mais pas de négociation”, a déclaré le Ministre de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, M. Cheick Oumar Diarrah.

 

Modibo KONÉ

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