Par ailleurs, le Mali d’IBK n’est pas identique à Athènes de Solon ou de l’Afrique du Sud de Nelson Mandela par la différence de leurs réalités socio-politiques et économiques.
Cependant, La nation malienne, à la croisée des chemins de la croissance ou de la dislocation, attend du leadership politique un règlement efficace et durable du présent et persistant conflit socio-politique intra et inter communautaire. Pour réussir la réconciliation des Maliens bourreaux et victimes d’exactions perpétrées pendant cette période de crise sécuritaire, IBK, à l’instar de Solon et de Mandela, doit se servir du pardon à cause de ses vertus thérapeutiques socio-politiques. Pour ce faire, on peut bien se demander : Comment IBK peut –il s’inspirer de Solon et de Mandela, mutatis mutandis, pour réussir l’amorce du tournant de réconciliation que l’histoire de son pays lui a imposée?
D’Athènes de Solon, nous savons qu’elle était en proie à une crise socio –politique occasionnée par le conflit opposant les pauvres paysans aux riches propriétaires de terres. Pour régler ce conflit, Solon a eu recours au pardon en tant que moyen de règlement socio-politique pacifique mais juste des conflits sociaux car il permet aux parties belligérantes d’être satisfaites parce que recevant toutes leurs comptes et cela concomitamment.
Le pardon permet à une nation en crise socio-politique, dont les liens de ses populations sont distendus, de retrouver la paix à la faveur d’une solution négociée. Aux riches propriétaires de terres Athéniens, le pardon solonien leur a permis de garder leurs propriétés contre la revendication d’expropriation pure et simple exigée par les paysans pauvres. Quand aux pauvres paysans, le pardon solonien leur a permis, à eux aussi, de ne plus payer les dettes qu’ils devaient à l’Etat athénien et aux riches propriétaires de terres. De ce règlement pacifique mais équitable du conflit opposant les protagonistes Athéniens riches et pauvres, nous pouvons affirmer que Solon a divisé la poire en deux parties égales en vue de la relance du vivre ensemble de tous les citoyens Athéniens dans un contexte social de paix et de concorde civiles renouvelées mais sans alternative aucune.
De Solon nous retenons désormais que :
Le pardon est compréhension de la victime car il signifie, pour cette dernière, l’abandon de poursuivre le fautif pour sa faute en indiquant sa transaction, son échange comme le fondement du règlement du conflit. Ainsi le pardon permet de régler un conflit socio-politique par l’annulation de la faute sans annihilation du responsable ;
Le pardon est également un outil de réhabilitation de la citoyenneté car il est, à cet effet, un pragmatisme intelligent ou le modèle de sagesse politique de thérapie des crises socio-politiques.
De l’Afrique du Sud de Mandela, nous savons également que l’apartheid avait profondément divisé les populations blanche et noire. Victimes de traitement humainement dégradant sous le régime de l’apartheid, les noirs d’Afrique du Sud virevoltaient de sentiments de vendetta contre leurs bourreaux. Elu Président de la République sud africaine, dans un contexte socio-politique presqu’explosif, Mandela a eu le meilleur reflexe politique qui lui a conduit au pardon, l’arme de réconciliation sans pareil des populations divisées entre bourreaux et victimes réclamant justice. Soutenu par des hommes de foi représentant de repères moraux pour les nouvelles générations, le régime anti-ségrégationnisme a mis en contribution Desmond TUTU pour mettre en œuvre le pardon voulu et choisi par Mandela, l’ainé de l’Afrique du Sud, pour la réconciliation des composantes belligérantes de la nation qu’il voulait arc-en-ciel. L’utilisation exemplaire du pardon dans le cadre du règlement pacifique du conflit post-apartheid en Afrique du Sud par Desmond TUTU est devenue un cas d’école pour les nations africaines en crises socio-politiques aigues. La commission vérité et réconciliation a matérialisé à souhait le pardon pour aplanir les tensions socio-raciales visibles en Afrique du Sud. Ainsi elle connaitra des semblants de duplication au Rwanda, au Togo…….Toutes ces duplications l’ont été plus par effets de mode que par soucis réels des leaderships politiques de ces pays indiqués de pacifier les relations tendues entre les composantes de leurs nations divisées au sujet des questions politiques ou sociales. Par manque de véritable vision de réconciliation, des bourreaux et victimes, prévue par les leaderships politiques de ces pays, elles n’ont pas pu réaliser à souhait l’objectif d’apaisement social indispensable au vivre ensemble.
De Desmond TUTU nous retenons entre autres enseignements que :
Il n’y avait pas d’avenir pour la nation sud-africaine sans pardon, une trouvaille de TUTU importable dans les pays en crises socio-politiques complexes comme le notre. D’ailleurs cette idée fut retenue comme le titre de l’un de ses livres, cela voudrait dire que le pardon était indispensable pour l’Afrique du Sud post-apartheid afin qu’elle continue d’exister comme un Etat parmi tant d’autres. Solon et Desmond TUTU ont utilisé successivement le pardon pour ses vertus thérapeutiques socio-politiques inégalables dans les règlements des conflits socio-politiques qui menaçaient de dislocation les nations athénienne et sud-africaine ;
Le pardon fait ainsi la promotion de la forme expiatoire de la justice qui, en soi, n’est pas que punitive. Un concept à deux syllabes, le pardon est prononcé par le fautif qui, reconnaissant son tort, finit par manifester son regret pour la faute commise. Par conséquent, son regret révèle dialectiquement son imperfection et sa perfectibilité morales et intellectuelles. Voilà pourquoi le pardon est à la fois la force et la faiblesse du fautif. Du pardon, Desmond TUTU a retenu les qualités socio-éducatives expiatoires inouïes du fautif par opposition à la prison qu’est le lieu prévu pour la purge de la peine issue de la sentence du tribunal contre lui. Par ce traitement humainement élégant et efficace des forfaitures des hommes et femmes en régime ségrégationniste, y compris Maman Nationale Winnie Madikizela Mandela , l’Archevêque TUTU a traduit en acte toute la philosophie de Michel Foucault qui est un coup de gueule contre les prisons représentant des lieux de deshumanisation de tous ceux qui y entrent, a priori, injustement pour le philosophe car la justice est d’abord un moyen de préservation de l’humain en l’homme.
Toujours dans le cadre du pardon, la commission vérité et réconciliation sud-africaine a traité aussi des cas qui nécessitaient réparation financière. Comme pour dire que le pardon n’a pas occulté la place de la finance dans la réconciliation à Athènes de Solon et en Afrique du Sud de Mandela. Ce point relatif à l’intervention financière de l’Etat pour la recherche de la concorde ou la paix civile est transposable à tout pays qui connait des profondes dissensions inter et intra communautaires suite à une polycrise comme celle du Mali.
Au regard de ce qui précède, le leadership politique malien est invité à se servir des qualités thérapeutiques du pardon, en restant authentique, pour réussir là où Solon et Mandela ont réussi le règlement pacifique des différends socio-politiques de leurs pays. Voilà le challenge qui se pose avec acuité au régime d’IBK vis-à-vis de la nation malienne. Est-ce cela une danse indansable ?
Certainement non. Mais la tâche s’annonce avec des difficultés prévisibles à savoir d’abord la responsabilité pour tous les belligérants et médiateurs de ladite crise de lier véritablement l’acte à la parole. Aussi au nom de sa prépondérance de sa responsabilité en tant que leader, l’Etat du Mali doit-il , à la faveur de la signature par la CMA de l’Accord de Paix et de Réconciliation au Mali le Samedi 20 Juin 2015, se réapproprier du leadership du processus en sa phase actuelle, critique mais ultime c’est-à-dire la mise en œuvre de l’Accord qui en est issu. Pour ce faire, le leadership politique malien doit mettre fin aux nombreuses digressions qui ont caractérisé son approche du processus. Le moment est enfin arrivé que le leadership politique malien fasse sienne l’idée suivante :
La responsabilité publique qui, porteuse de changements qualitatifs de la société, s’accomplit d’abord avec l’incompréhension et l’impopularité soudaines et éphémères du leadership politique par le peuple. Mais persévérant dans l’impartialité qui lui sied, elle finira par réaliser, pas dans un délai irréaliste, mais sur la durée ce qu’attendent les peuples en général et en particulier celui du Mali, un pays post-crise apaisé même dans sa nouvelle architecture institutionnelle ; l’application de l’Accord issu du processus d’Alger oblige. Pour ce faire, le leadership politique malien doit utiliser efficacement le pardon en s’appuyant sur les vrais fondamentaux du contexte socio-politique et juridique qui est le sien pour réussir dans sa politique de réconciliation des Maliens à l’instar de Solon, de Mandela sous d’autres cieux à savoir :
Une vision politique claire des enjeux stratégiques nationaux et internationaux de la réconciliation des Maliens victimes et bourreaux car il n’y a pas de bon vent pour celui qui ne connait pas sa destination dixit le vieux Sénèque;
Choisir des hommes et femmes, techniquement compétents et politiquement conscients des vrais enjeux de ce tournant inédit de l’histoire du Mali, pour conduire cette tâche de réconciliation des Maliens combien de fois redoutable mais exaltante ;
Faire une bonne gestion du capital de solidarité du monde entier à l’endroit du peuple du Mali lequel se traduisant par la mobilisation d’importants moyens humains, matériels et financiers depuis l’occupation terroriste des 3 /4 du territoire national jusqu’à la phase actuelle du processus. La même solidarité reste souhaitable par le peuple pour la recherche de consensus national entre les Maliens indispensable à l’application intelligente de l’Accord d’Alger dont la qualité stabilisatrice du pays laisse à désirer.
Intégrant entre autres fondamentaux comme ceux précités et nanti des expériences de ses devanciers, le leadership politique malien peut se décider à amorcer avec succès le tournant de la réconciliation de son peuple. Les expériences de ses devanciers, comme une torche éclairant les contours de l’épreuve en question, doivent et peuvent lui permettre de faire l’économie des erreurs ou difficultés connues par ceux-ci pour opportunément abréger la souffrance des populations du Mali qui a durée.
Seydou Cissé
Vous faussez les problemes.La crise Malienne n’est pas une crise socio-politique.C’est une invasion exterieure des elements criminels d’origine malienne,et des elements provenant aussi de la criminalite internationale,sous le pretexte de jihadisme et du terrorisme.Cette rebellion ponctuee de crimes horribles ,de mensonges,de haine raciale n’a aucune legitimite .Il ne s’agissait pas d’une liberation d’oppresseurs.Ce qu’on a vu,c’est le mepris des droits humains,le mepris de la vie humaine,chez la femme impuissante,lapidee,du soldat ligote,egorge comme une bete de somme,des officiels ligotes egorges en signe de victoire.En Afrique du Sud ,le peuple prenait son droit de souverainete.Votre discours est sans but.L’ordre constitutionnel doit etre etabli au Mali pour traiter ce genre de rebellion de type nouveau.La bonne gouvernance,la stabilite de la Nation,la Securite prise en otage.C’est pourquoi,le cantonnement/la demobilisation/le desarmement doivent suivre leur cours.l’information judiciaire,les enquetes judiciaires,les tribunaux doivent rendre justice pour separer les innocents des criminels,et debarasser le pays des criminels.
Merci cissé
Faut-il une autre conference nationale ?
Mandela est unique et un message
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