«La situation sécuritaire au Nord-Mali s’est dégradée de Gao à Kidal. À Kidal, il y a un problème intercommunautaire qui se pose : on ne sait pas qui est qui et qui fait quoi. De toute façon, ces gens ne peuvent rien faire militairement contre l’Etat malien mais peuvent créer du désordre. L’Etat doit jouer son rôle pour arrêter cette situation…». Voici l’analyse faite par le député El Hadji Baba Haïdara.
L’honorable El Hadji Baba Haïdara, député élu à Tombouctou, 5ème vice-président de l’Assemblée nationale et président de la cellule de crise au Nord, vient de rentrer d’une mission parlementaire sur le terrain dans le septentrion du Mali. Il a tenu ces propos lors d’une journée de réflexion sur la situation au Nord-Mali, organisée jeudi par l’association des femmes pour les initiatives privées(AFIP), au centre Aoua Keïta.
El Hadji Baba Haïdara situe l’origine des récents événements au Nord-Mali à l’arrivée massive de nos compatriotes de Libye. «C’est un cas particulier dans la mesure où c’est comme s’il y a eu l’inondation dans un village, explique-t-il. Donc c’est un cas de force majeure, auquel il faut donner un traitement. Voilà la raison qui a motivé l’Assemblée nationale à effectuer une mission parlementaire pour s’informer, toucher du doigt, aller où il faut pour savoir exactement qu’est-ce qui se passe», a précisé le président de la cellule de crise au Nord. Lequel était à la tête d’une délégation de 15 députés qui ont parcouru 5.800 Km pendant 15 jours. «Nous avons fait 13 rencontres formelles avec les différentes commissions mises en place en chaque chef lieu de région et avec toutes les communautés organisées», a déclaré El Hadji Baba Haïdara. Et d’ajouter «notre action était de créer un cadre de dialogue, mais aussi aboutir à un certain nombre de solutions pour résoudre les problèmes que nous allons rencontrer ; les amener à l’Assemblée nationale pour qu’elle puisse se mettre ensemble avec l’exécutif.» Ainsi, on rompt avec une vieille habitude, selon le président de la cellule de crise au Nord de l’AN, qui a estimé que pendant toutes les années passées et toutes les rebellions, malgré les marches, la participation de certaines populations, les problèmes ont toujours été gérés au niveau de l’exécutif. «L’Etat a toujours géré dans son petit coin et ne les gère jamais jusqu’au bout et ce sont les populations qui récoltent les pots cachés et ça reprend», s’est-il indigné. À en croire le député Haïdara, la particularité de la situation se réside dans le fait qu’il y a deux types d’individus qui sont venus de Libye. Les civils, explique-t-il, qui sont venus parce qu’il a eu la guerre. «Ils ont eu peur et se sont enfuis avec la participation de l’Etat, la croix rouge et d’autres partenaires», a soutenu le député. Le 2ème groupe est formé d’individus rentrés armés, qui étaient des militaires dans l’armée libyenne, selon El Hadji Haïdara. Et d’arguer «beaucoup étaient là-bas depuis plus de 30 ans, mais aussi il y a un grand nombre qui est parti après la rébellion du Mali parce que Kadhafi dans l’assistance qu’il a faite au Mali dans cette période, a pris un certain nombre qu’il a embauchés dans l’armée libyenne afin d’instaurer l’accalmie dans le Nord du Mali».
Selon toujours les témoignages de El Hadji Baba Haïdara, le 2ème groupe est revenu avec tous les moyens militaires et s’est divisé à l’arrivée en trois sous-groupes. Le premier est basé dans un village à 40Km de Gao ; il est «pacifique», d’après le député. Le 2ème est le groupe d’Iyad Ag Aly issu de l’ancienne rébellion ; et le 3ème s’est constitué en MNLA et en mécontents d’Ibrahim Ag Bahanga et est favorable à la division du pays.
En faisant le résumé de la mission parlementaire, El Hadji Baba Haïdara, a dégagé un certain nombre de constats. Selon lui, il y a un problème intercommunautaire à Kidal ; on ne sait pas qui est qui et qui fait quoi dans cette région. Il a précisé que ces gens ne peuvent rien faire militairement contre l’Etat, mais peuvent créer du désordre. De son point de vue, «l’Etat doit jouer son rôle pour arrêter la situation, sinon il y aura péril en la demeure».
Diango Coulibaly