Faire le point de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, signé le 4 juillet 2006 entre le Gouvernement du Mali et l’Alliance démocratique pour le changement du 23 mai 2006. C’est le principal objet de la conférence de presse que le Comité de suivi dudit accord a animé hier, 12 juillet, dans ses locaux, sis à Hamdallaye ACI 2000. Pour l’Inspecteur général de police Mamadou Diagouraga et l’honorable Ahmada Ag Bibi du Comité de suivi, la mise en œuvre de l’Accord d’Alger se poursuit, malgré quelques difficultés. Selon le porte-parole de l’Alliance Ag Bibi, les récentes menaces du colonel Hassane Fagaga n’engagent que lui et pas l’Alliance engagée à consolider la paix dans le Nord…
Depuis le début du processus de mise en œuvre de l’Accord d’Alger, le Comité de suivi mis en place avait sa base à Kidal. Il vient de s’implanter, depuis le 2 juillet dernier à Bamako, avec un siège à Hamdallaye ACI 2000. C’est dans ce contexte que se situe la conférence de presse organisée par cette structure chargée de l’application des dispositions de cet Accord signé, le 4 juillet 2006, par le Gouvernement du Mali, l’Alliance du 23 mai pour le Changement que dirige le député Ahmada Ag Bibi et le facilitateur algérien.
Les conférenciers étaient l’Inspecteur de police Mamadou Diagouraga, l’honorable Ahmada Ag Bibi, Mohamed Ag Mahmoud, en présence du Représentant du ministre Kafougouna Koné et du président de l’Assemblée régionale de Kidal Abdou Salam Ag Assalatt.
Dans son introduction liminaire, le président du Comité du suivi, l’Inspecteur général de police, Mamadou Diagouraga a rappelé brièvement le contexte dans lequel est intervenu l’Accord du 4 juillet 2006. Il a ensuite souligné que depuis l’installation du Comité de suivi à Kidal par le ministre de l’Administration territoriale en aout 2006, suivi de la création du Groupe Technique de sécurité, il a été procédé à la création et à la mise en œuvre du Conseil Régional provisoire de coordination et de suivi. "A ce niveau, il y a quelques dissensions internes au sein des membres de l’Alliance. Ce qui fait que ce Conseil régional provisoire de coordination et de suivi n’a pas encore pu fonctionner, jusqu’à ce jour. Ce n’est pas l’Etat qui ne veut pas mettre sur pied cet organe; comme certains peuvent le penser ", a-t-il déclaré.
Il a, en outre, expliqué qu’il y a eu, depuis janvier 2007, la création d’un Fonds spécial d’investissement, de développement et de réinsertion socio économique piloté par la primature. Suivi de la mise en place du Groupe Technique chargé du suivi des questions de développement, l’identification par le Groupe technique de sécurité à Tigharghar, des éléments figurant sur les listes communiquées, l’installation de l’Equipe technique chargée d’aider au montage des projets. Il y a plusieurs autres actions déjà menées ; mais c’es surtout par rapport au programme de réinsertion des jeunes que d’autres difficultés naissent, portant, essentiellement, selon les explications du Directeur de l’Agence de Développement du Nord-Mali (ADN) Mohamed Ag Mahmoud, sur le montant plafond du financement à allouer à chaque jeune.
Il s’agit de 750 000 F CFA, conformément au budget arrêté. Pour les jeunes(Kidal, Gao et Tombouctou), ce montant est trop bas. A ces difficultés, M. Diagouraga a ajouté le fait que le tissu économique de Kidal n’est pas viable avec des jeunes, pour la plupart, non instruits, ne sachant rien faire, très faciles à manipuler, disposés à évoluer vers le banditisme, le trafic de drogues, etc.
Et l’Inspecteur Diagouraga d’ajouter que "malgré toutes ses difficultés, l’Accord d’Alger se met progressivement en œuvre. Le Gouvernement a fait beaucoup d’efforts, mais il y a tellement de besoins dans cette zone qu’on a l’impression que rien n’est fait".
Pour le porte-parole de l’Alliance et membre du Comité de suivi, l’honorable Ahmada Ag Bibi, "les efforts faits par le Gouvernement, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, sont à saluer. Ceci, dans le cadre de la continuité du Pacte national. Mais nous demandons au Gouvernement de faire davantage d’efforts pour améliorer les conditions de vies des populations de ces zones très difficiles. Nous attendons les grands projets de développement que les partenaires en développement ont promis d’appuyer : routes, éducation, aéroports, hydraulique. Il faut beaucoup plus d’effort pour satisfaire les membres de l’Alliance".
Des questions posées par les journalistes ont porté sur les menaces de Hassan Fagaga, dénonçant l’Accord d’Alger, la question du désarmement, la lenteur dans la concrétisation du Programme Décennal de Développement des Régions Nord. Le président du Comité de suivi et le porte-parole de l’Alliance se sont montré rassurants. Fagaga, ont-ils expliqué, n’incarne aucune branche militaire de l’Alliance. Il a toujours été instable.
Ses déclarations ou ménaces n’engagent aucunement l’Alliance qui, elle, s’inscrit résolument dans la construction et le renforcement de la paix à Kidal, mais aussi dans les autres régions du Nord-Mali. «Nous gagnerons le pari de la paix, inch Allah», a-t-il conclu.
Bruno Djito SEGBEDJI