A la date du 21 Janvier 2019, au moins dix mille neuf cent quatre-vingt-neuf (10 999) victimes d’abus de droits ont fait leurs dépositions dans les antennes, bureau et auprès des équipes mobiles de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). Cette information a été donnée par le président de la CVJR, M. Ousmane Oumarou Sidibé, lors de la présentation du bilan annuel 2018 de sa structure. La rencontre a eu lieu le 24 janvier à la Maison de la Presse.
Trois thématiques majeures ont été développées au cours de cette conférence de presse, à savoir la recherche de la vérité, la politique nationale de réparation et le partenariat. Aussi, le rapport fait un état des lieux des conflits au Mali de 1960 à nos jours. Prenant la parole, le président Sidibé a présenté les vœux de la CVJR pour la nouvelle année à la presse et à l’ensemble des victimes de différentes crises que le Mali a traversé, les personnes déplacés, les personnes refugiés et toute la population malienne en général. Selon lui, la commission vérité, justice et réconciliation est une idée mise en place dans tous les pays qui ont traversé des conflits soldés de graves violations de Droit de l’Homme. La dynamique vise à réparer les dégâts causés, afin de mettre le pays sur une perspective de cohésion sociale et de réconciliation nationale. C’est ainsi que l’accord d’Alger a prévu l’opérationnalisation de la commission vérité, justice et réconciliation. Celle-ci a été créée par une loi de 2014. Selon le président Sidibé, les multiples crises que le Mali a connues depuis l’indépendance (quatre rébellions armées et trois coups d’Etats) ont entrainé de graves violations de Droits de l’Homme.
La mission fondamentale de la CVJR est de construire une paix et réconciliation durable à travers la recherche de la vérité sur les crimes commises dans le pays et la proposition de réparation pour les victimes. Ces réparations peuvent être symboliques, matériel, financière, collective ou individuelle. Une autre mission est de créer les conditions de retour et de la réinsertion sociale des personnes réfugiées et déplacées ; favoriser le dialogue intra et inter communautaire entre les populations et l’Etat, etc.
Par rapport à la recherche de la vérité, il estime que l’identification et le recensement des victimes ont débutés en janvier 2017 sur toute l’étendue du territoire hormis la région de Kidal qui n’a ouvert son antenne que le 18 décembre 2018 et commencé à recevoir des dépositions dès le 24 décembre. Au 21 janvier 2019, au total 10 999 victimes ont fait leurs dépositions dans les 6 antennes régionales, bureau et auprès des équipes mobiles. « Les données de base des victimes et témoins sont : Nombre total de formulaires de dépositions saisis : 9827; nombre total de victimes : 9 676 ; victimes femmes : 5338 ; victimes hommes : 4 247 ; victimes mineurs : 519 ; victimes majeures : 8 879 », a-t-il dégagé.
Quant à la politique de réparation, il a indiqué que la politique nationale de réparation est un maillon important du processus de réconciliation nationale. Les témoignages recueillis ouvriront des droits à la réparation soit individuelle soit collective, selon des modalités précises à définir. A sa suite, il affirme que dans le projet de loi de réparation, la CVJR soumettra au gouvernement un projet de loi sur la réparation des victimes des crises et conflits que le pays a connus depuis son indépendance en 1960. Selon le président, les crises ont affecté considérablement certaines personnes tant au plan psychologique que physique, selon les cas. Les séquelles persistent encore chez plusieurs victimes faute de soins ou de prise en charge appropriée.
Dans la même dynamique, il laisse entendre que les experts psychologues de la CVJR ont dispensé des entretiens individuels à 122 victimes, en majorité des femmes, présentant des traumatismes, à leur demande, dans les régions. S’agissant du partenariat, il précise que ces actions ont été menées grâce au soutien technique et financier des partenaires de la commission chacun dans son domaine d’intervention. Ce sont notamment la GIZ, Avocats sans frontières Canada, ONU Femmes, MINUSMA, Unicef….
La question des journalistes était de savoir comment recenser tous ces victimes au regarde de l’immensité du territoire et la complexité de la situation. Le président de la CVJR a rassuré qu’avec la bonne organisation interne et la volonté politique, toutes ces questions seront prises en compte.
FC