L’Association des amis de la culture peule Tabital Pulaaku face à la presse : Les Peuls du Mali ont payé le prix fort aux différentes rébellions

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Pulaku
Le président de l’association, Amadou Cissé et le secrétaire à l’éducation, Tiémoré Tioulenta

” L’impunité a fait son nid à travers diverses atrocités dont sont victimes de nombreuses communautés peules .Il est important que la justice soit faite “. Par ces mots de l’ancien député Témoré Tioulenta, Secrétaire à l’éducation de l’Association des amis de la culture peule Tabital Pulaaku, les Peuls du Mali sont prêts à pardonner mais réclament des enquêtes et une procédure judiciaire par rapport aux nombreuses exactions commises dans leur terroir. C’était au cours d’une conférence de presse organisée par l’association le samedi 15 févier à la Maison de la presse et présidée par l’ancien ministre Amadou Cissé, actuel 3ème vice-président de l’Assemblée nationale.

Après le mot introductif du président de l’association, l’ex-ministre  Amadou Cissé et député nouvellement élu à Ténenkou, ce fut le tour du conférencier de prendre la parole. Dans son exposé, Témoré Tioulenta a brossé le tableau sombre des différentes rébellions qui ne cessent d’endeuiller le Mali. De nombreuses communautés en sont victimes, mais, tout porte à croire que les Peuls y paient le plus lourd tribut, souvent dans  l’indifférence des autorités.

La rébellion de 2012, a expliqué Dr Tioulenta, a gravement éprouvé la communauté peule dans une indifférence générale. Les Peuls, qui habitent les régions de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti ont vécu les moments les plus horribles de leur existence : imposition de principes d’intolérance dits islamiques, enlèvement de biens matériels, exactions de divers ordres sur les populations.  Au chapitre des horreurs mémorables, a souligné le conférencier, il y a l’assassinat du chef de village de Hombori, le 2 février 2012 et le massacre de 53 éleveurs, le 18 novembre 2013 à Tin-Hamma, dans le cercle d’Ansongo, près de la frontière avec le Niger (la liste des victimes est disponible). ” L’extension de la rébellion au-delà de sa zone habituelle d’expression portera des préjudices majeurs à la communauté peule “, a déploré l’orateur.

Massacre de Doungoura

Ainsi, a-t-il relevé, les cercles de Niafunké et de Douentza seront occupés durant de longs mois, celui de Mopti sera gravement secoué notamment avec l’attaque de Konna le 10 janvier 2013, ceux de Tenenkou et de Youwarou soumis à des exactions perpétuelles et désertés par les pouvoirs publics durant de longs mois. Le paroxysme de ces atrocités sera atteint avec “ le massacre de Doungoura “, un pogrom contre des civils comme le crime commis contre l’armée malienne à Aguel Hoc. Il s’agit du massacre de plusieurs dizaines de civils, les mains ligotées dans le dos, les yeux bandés pour certains et froidement égorgés ou fusillés puis jetés dans un puits. Et Témoré Tioulenta de dénoncer : ” Malgré les multiples démarches entreprises, aucune autorité politique ou administrative, aucun organisme de défense des droits de l’Homme… n’a jamais rendu compte de ce qui s’est passé à Doungoura “. Il n’a pas manqué de plaider pour que toutes les dispositions soient prises en vue de faciliter la transhumance des animaux (les Peuls étant par tradition de grands éleveurs) en cette année de normalisation.

41 morts en 1990 et plus de 8600 bovins enlevés

 Il faut ajouter que, selon des enquêtes réalisées par des associations d’éleveurs, la rébellion de 1990 a fait 41 morts, 25 blessés, plus de 8 668 bovins et 6 776 ovins/caprins enlevés, 8 armes volées, 7 boutiques pillées à Ténenkou. Le tout pour une valeur estimée à près d’un milliard et demi de nos francs. Les dégâts ont été aussi importants notamment à Goundam, Youwarou et dans des cercles de Diré, Koro, Djenné, Mopti, Niafunké. La précision de taille, a indiqué le conférencier, est qu’“aucune des victimes et aucun ayant droit n’ont encore été indemnisés malgré l’adoption et la promulgation d’une loi à cet effet “. Les autres intervenants ont insisté sur la disponibilité à pardonner dans le cadre de la réconciliation mais ils tous insisté sur la fin de l’impunité.

Bruno SEGBEDJI

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