Lancinant « problème du nord » Des communautés épuisées !

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Les rebels de l'Azawad (Getty Images)
Les rebelles de l’Azawad (Getty Images)

De l’avis de nombreux observateurs, c’est le Mouvement national de libération de l’azawad (Mnla) qui est un véritable obstacle à la paix et à la réconciliation au Mali. Tandis que ses membres ont refusé de participer aux réunions préparatoires des négociations à Bamako, une importante réunion de concertation s’est déroulée à Niamey (Niger), du 17 au 19 mars derniers.

 

Des représentants de toutes les communautés du nord du Mali (Peuls, Songhoïs, Arabes, Touareg, …) se sont rassemblés, pour esquisser un dialogue, en présence du ministre de la réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed. Un premier pas dans le sens d’un apaisement entre les communautés, épuisées par les conséquences de deux années de crise. Occupation jihadiste, problèmes des réfugiés, vengeances interethniques : les principales victimes de ce lancinant «problème du nord» restent les populations.

 

Résolution de la crise du nord

Les mouvements rebelles touareg et arabes campés sur leurs positions !

La résolution de la crise, semble-t-il, n’est pas pour bientôt. Car, malgré la main tendue des autorités maliennes aux mouvements Touareg, ceux-ci ne sont pas pressés d’entamer les véritables discussions, qui pourraient affaiblir leurs positions sur le terrain. Chassé des villes du nord en 2012, par les groupes djihadistes, le Mnla a été remis en scelle par l’opération Serval. Ses combattants ont servi de guides aux troupes françaises lors des opérations de «nettoyage» des repaires d’Aqmi et durant les recherches destinées à retrouver les otages français. De son côté, le Hcua- qui a recyclé d’anciens membres d’Ansar Dine, mouvement touareg salafiste un temps allié d’Aqmi- tente de se refaire une respectabilité. Du moins en apparence : deux de ses leaders, Mohamed ag Intalla (fils du chef traditionnel des Touareg de la région de Kidal) et Hamada Ag Bibi, ont d’ailleurs été élus députés en décembre dernier, sous la bannière du Rassemblement pour le Mali (Rpm), le parti du président Ibrahim Boubacar Kéïta… Sans que cela ne fasse pour autant rentrer dans le rang les clans touareg affiliés au Hcua. De fait, Mnla et Hcua n’ont pas l’intention de rendre les armes avant d’avoir obtenu des avancées sur le statut du nord. En attendant, ils s’accrochent à leur bastion de Kidal, sachant qu’aucun accord global ne pourra être signé sans eux.

 

Existence de mouvance touareg indépendante dans sa zone d’influence

 

L’Algérie ne le tolère pas !

Coïncidence ? Le 18 mars 2014, un nouveau mouvement dissident, la Coalition du peuple pour l’Azawad (Cpa), annonce sa création, en plein désert, à Hassi labyad, à 350 kilomètres au nord-ouest de Tombouctou. Son fondateur, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, est un ancien cadre du Mnla chargé de relations extérieures. Ce dernier explique «vouloir débloquer le processus de négociations avec Bamako sur la base des accords de Ouagadougou». A l’origine, la naissance du Cpa devrait être annoncée depuis Alger. Mais, la ficelle était un peu grosse. Surtout, cela aurait rappelé un «étrange» précédent. En 2012, quelques mois après la constitution du Mnla (indépendantiste), un autre groupe rebelle touareg, d’obédience salafiste, avait vu le jour : Ansar Dine. Certains observateurs y avaient vu la main de l’Algérie, soucieuse de préserver son influence dans le grand nord malien, qu’elle considère comme son «arrière-cour». Ansar Dine avait aggravé la crise au nord, jouant tout à la fois de son origine touareg et de sa porosité avec les jihadistes d’Aqmi. La Coalition pour le peuple de l’Azawad, qui veut attirer à lui les combattants des autres mouvements, serait-il un nouvel avatar de ce genre ? C’est une évidence indépendantiste

 

En tout cas, Alger ne tolère pas qu’une mouvance touareg indépendante puisse exister dans sa zone d’influence. Cela créerait un précédent, un élan pour les autres populations berbères d’Algérie.

 

Operations militaires contre les terroristes

Les limites du contre-terrorisme !

Au nord du Mali, les forces françaises mènent périodiquement des raids avec appui aérien (hélicoptères et avions de combat) contre les groupes djihadistes. Mais ces opérations de contre-terrorisme ont leurs limites. Agissant depuis la base aérienne de Tessalit, ou à partir de Gao et Tombouctou, les militaires présents dans le nord du Mali (ils sont 1600 dans l’ensemble du pays) surveillent de près toute activité suspecte. Mais ils ne peuvent quadriller au sol l’immensité désertique. Et encore moins exercer un droit de suite vers la frontière algérienne, officiellement fermée depuis l’année dernière… Par ailleurs, ni les forces armées maliennes, encore convalescentes, ni le contingent de la Mission intégrée des nations-unies pour la stabilisation au Mali (Minusma)- dont les effectifs stagnent à moins de 6000 casques bleus, sur les 11200 prévus- ne peuvent remplacer la présence française.

 

Négociations

Les autorités misent-elles sur l’épuisement des groupes armés ?

Le processus de négociations entre les nouvelles autorités et les groupes armés sont au point mort. A quoi tient un tel immobilisme ? Essentiellement au fait qu’aucune des parties ne souhaite céder un pouce de terrain. L’Etat malien, protégé par la présence française et la Minusma contre la menace jihadiste ou une éventuelle reprise de la rébellion, n’est pas disposé à faire de concessions. En fait, Bamako mise sur l’épuisement de ces groupes armés qui ne parviennent pas à coordonner leurs revendications. De plus, ouvrir de véritables négociations sur un nouveau statut des régions du nord sera immanquablement vécu comme une provocation par la majorité de la population malienne. Entré en fonction le 5 avril, le nouveau premier ministre, Moussa Mara, a immédiatement déclaré que «la crise du nord ne peut être résolue dans l’immédiat». Même son de cloche pour le président de la République, IBK, qui a annoncé, la semaine dernière, lors de la cérémonie de lancement du 7ème programme de l’Apej à Katibougou, que : «  je n’ai dit à personne que la situation de Kidal sera résolue très bientôt ».

 

Présence jihadistes à Kidal

Une vigilance accrue des forces étrangères !

Dans le nord du Mali, les opérations militaires contre les islamistes se poursuivent. Ces derniers ont encore récemment tiré des roquettes sur la ville de Gao, mais c’est dans la région de Kidal, dans le Nord-Est, qu’ils tentent à tout prix de reconstituer des bases solides, d’où la vigilance des forces étrangères et notamment françaises. Dans la région de Kidal, les troupes françaises ont récemment reçu des renforts. Des renforts en matériels – plusieurs hélicoptères de transport de troupes et de combat ont été aperçus, par exemple sur l’aérodrome de Kidal – mais aussi des renforts en hommes : sur le terrain, en plein désert, de nombreux militaires français lourdement armés et circulant à bord de véhicules sont désormais visibles.

 

D’après nos informations, ils concentrent leurs efforts sur deux localités où les combattants d’Aqmi tentent de reconstituer de nouvelles bases avec du matériel et des hommes. Le leader islamiste malien Iyad Ag Ghali serait à leur côté.

 

Gao

Le Mujao très actif !

Dans la région de Gao (la plus grande ville du nord), ce sont les combattants du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui sortent toujours leurs griffes. La semaine dernière encore, ils ont tiré deux roquettes d’une portée de 15 kilomètres sur la ville de Gao. L’un des projectiles a soufflé des salles de classe, sans faire de victime, les enseignants et leurs élèves n’étant pas sur place. Avec ces attaques répétées du Mujao, la question qui taraude les esprits est de savoir si ces éléments ne sont même pas à l’intérieur de la  ville. Réponse du ministère de la Défense : « ils sont dans la ville de Gao… »

 

La Rédaction

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