L’ancien premier ministre, Ahmed Mohamed Ag Hamani assène ses quatre vérités sur la crise du nord lors de la ziara annuelle de la Famille Tall de Bandiagara : “L’opinion internationale doit comprendre que ces rébellions sont le fait d’un petit groupe politico-militaire formé idéologiquement et militairement en Libye”

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L'ancien PM Mohamed Ag Hamani
L’ancien PM Mohamed Ag Hamani

Profitant d’une tradition bien établie, l’ancien premier Ministre, Ahmed Mohamed Ag Hamani a prononcé un discours dans lequel il a abordé les raisons de la résurgence des crises au Nord du pays. Selon lui, celles-ci sont l’œuvre “d’un petit groupe politico-militaire formé idéologiquement et militairement en Lybie “. Il désapprouve les solutions souvent préconisées pour le règlement de ces crises marquées par l’impunité et la prime à la rébellion par des intégrations systématiques des combattants et des avantages matériels divers. Il propose quelques pistes pour régler définitivement cette affaire.

Fidèles à une tradition bien établie, les descendants et disciples de l’illustre Elhadj Omar Tall se sont retrouvés du 27 au 28 mars pour commémorer leur ziara annuelle à Bandiagara. Plusieurs délégations venues des quatre coins de la planète ont afflué vers la ville historique de Bandiagara, dans la région de Mopti, pour donner un éclat particulier à une rencontre religieuse et spirituelle qui a connu une léthargie ces dernières années pour fait d’insécurité dans le septentrion malien. En plus de la grande famille Tall, des délégations venues du Sénégal, de la Guinée, de la Mauritanie, de la Gambie, du Maroc, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et de l’intérieur du pays ont fait le déplacement pour prendre part, dans la ferveur et l’émotion, à la grande rencontre annuelle. Notons également la présence d’augustes personnalités du monde politique telles que le représentant de l’ancien premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, Monsieur Houday Ag Mohamed, porteur d’un message de ce dernier à son frère et ami, son Excellence l’Ambassadeur Macky Koureissi Tall, Emir de Bandiagara. Les autorités administratives et militaires ont également effectué le déplacement.   On notait aussi la présence de Me Mountaga Tall, arrière petit fils de Elhadji Oumar Tall, les envoyés de la confrérie Tidiania du Sénégal et de la Mauritanie.

A l’ouverture de la cérémonie dans l’enceinte du palais du roi Cheick Aguibou Tall, il a été procédé à la lecture du saint Coran suivie de déclamation de poèmes et de chants panégyriques à l’intention du prophète Mohamed (PSL).

La communauté religieuse a ensuite fait des bénédictions pour le retour d’une paix réelle et définitive dans notre pays.

A cette occasion, le représentant du premier ministre, Ag Hamani a prononcé  un discours très applaudi pour marquer non seulement son amitié pour son frère Koureissi Tall mais aussi pour attirer l’attention l’opinion nationale et internationale sur le pénible et récursif problème du Nord qui a menacé et continue de menacer notre séculaire équilibre social.

 Selon le premier ministre Ag Hamani “ La rencontre de ce jour est pour la plateforme des Cadres et Leaders Kel Tamasheq, une opportunité importante pour un plaidoyer sur notre vision de la grave crise politico-sécuritaire qui secoue notre pays de façon cyclique depuis plusieurs décennies…. Cette crise profonde en mutation permanente depuis 2006 a atteint son point culminant en 2012 avec l’occupation des régions de Tombouctou, Gao et Kidal par les groupes armés du MNLA, jihadistes d’Ançar Dine, d’Aqmi et du Mujao. Le plaidoyer que notre plateforme développe sans relâche participe de notre volonté profonde de contribuer à l’exigence et surtout le devoir de sauvegarder l’intégralité et la sécurité nationales dans un Mali de paix et de cohésion durables.

Par ailleurs, Son Excellence Ag Hamani a tenu à rétablir la vérité historique qui repose, selon lui, sur sept points indiscutables :

1) Toutes les crises que le Mali a connues sont à la fois des rébellions au Nord, coïncidence ou pas, accompagnées par des crises institutionnelles et sécuritaires au niveau national. Ces questions méritent d’être approfondies et élucidées ;

2) La gestion de ces crises et de leur impact laisse à désirer, car elle pêche par défaut des mécanismes de suivi et évaluation ;

3) S’agissant des rébellions du Nord dites touaregs, elles ne présentent aucun caractère ni cyclique et régulier, ni endémique. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que de 1964 à 1990 aucun mouvement de rébellion n’a été constaté et chacun d’eux coïncide avec un contexte national et international favorable ;

4) Ces rébellions ne sont ni ethniques, ni raciales. Il s’agit des groupes armés agissant contre l’Etat malgré des tentatives de certains de vouloir impliquer les populations dans ces conflits aussi bien du côté des rebelles que des responsables administratifs et politiques ;

5) En dehors de celle de 1963, toutes les autres rébellions ont été déclenchées par des éléments venus de Lybie ;

6) Elles sont toutes nées à Kidal et animées essentiellement par les ressortissants de Kidal ;

7) Les solutions au règlement des crises ont été marquées par l’impunité et la prime à la rébellion par des intégrations systématiques des combattants avec des avantages matériels divers.

Pour Son Excellence Ag Hamani “les nouvelles dispositions du Gouvernement malien dans la recherche de résolution à la crise du septentrion sont hautement salutaires. En décidant de prendre ses responsabilités, assurer le leadership de l’indispensable dialogue politique inclusif entre toutes les communautés pour une paix et une réconciliation véritables et cela, sur le territoire national, le Mali donne des gages de volonté politique encourageants.

Il ne s’agit nullement de récuser ceux de nos amis et frères de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, du Système des Nations Unies ou des Etats-Unis d’Amérique qui, dans un élan rarement constaté jusque-là, ont volé au secours d’un Mali dont l’existence était compromise et qui, de ce fait, leur restera éternellement reconnaissant. Bien au contraire, l’appropriation de la médiation par le Mali participe de sa volonté d’apporter cohérence et efficience dans des initiatives souvent cloisonnées, régies par des agendas parfois différents, quand elles ne contribueront pas à terme à se neutraliser.

Enfin, elle est la résultante du contexte politique nouveau, avec un Président de la République élu à l’issue d’élections exemplaires et une Assemblée nationale fraîche venant parachever le retour à la normalité constitutionnelle. C’est donc un Mali nouveau, conscient des enjeux, respectueux de ses engagements, qui veut prendre en main son destin et œuvrer pour son avenir en capitalisant les expériences du passé. Dans la recherche de paix dans le Nord de son pays et plus largement au Sahel, le Mali saura compter sur la coopération de facilitateurs que sont les pays du champ. L’Algérie, la Mauritanie, le Tchad, le Niger et le Burkina Faso sont nécessaires pour juguler la crise et ses conséquences.

 

Cette collaboration devrait être élargie à d’autres volontés comme le Maroc, et même la Lybie, partenaire effective de certains mouvements armés, dont le MNLA.

En plus des pays du Champ, la France, l’Union européenne, les Etats-Unis, l’Union africaine et la CEDEAO doivent exercer une pression politique sur le MNLA et ses alliés pour parvenir à un désarmement total, préalable à des discussions crédibles et porteuses d’espoir.

 

La volonté malienne d’une paix durable est réelle, partagée par les plus hautes autorités et par l’ensemble du peuple malien. Au sortir du gouffre de 2012, il ne viendra plus jamais à l’esprit de qui que ce soit de promouvoir un quelconque saupoudrage. La crise malienne ne sera pas un problème onusien, mais une difficulté nationale prise au sérieux et qui sera résolue avec courage et détermination.

C’est dire que la feuille de route de la médiation en cours de finalisation par le Gouvernement fera l’objet de la plus vive attention et chaque citoyen est interpellé et devra jouer sa partition.

Ag  Hamani terminera son discours par une juste perception du cas de Kidal en affirmant que “la recrudescence des insurrections armées n’implique pas toute la communauté touarègue. En réalité, les rébellions ont toutes pris naissance dans l’Adrar des Ifoghas et ne mobilisent même pas toute la communauté targui de Kidal qui représente à peine 52 000 personnes selon les statistiques du RGPH de 2009. L’opinion nationale et internationale doivent comprendre que ces rébellions sont le fait d’un petit groupe politico-militaire formé idéologiquement et militairement en Libye sans légitimité et imposé à des populations qui cohabitent pacifiquement depuis très longtemps avec les autres groupes régionaux (Songhaïs, Peuls, Maures, Arabes, Bambaras), pour ne citer que ceux-là.

 

Aussi, il urge d’intégrer dans la recherche de solution durable la crise de leadership et de chefferie dans la région de Kidal qui a toujours constituée un des paramètres essentiels de ce conflit. En effet, le règlement du conflit armé serait inachevé si la mutation indispensable de la domination des Ifoghas dans la région n’aura pas été normalisée dans un pays démocratique et moderne. ”

Massiré DIOP

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5 COMMENTAIRES

  1. Bien dit. Mon oncle Ag Hamani parle trop. Il faut qu’il sache raison gardée. Il a profité de tous les regimes. Remerciez le bon dieu et priez pour les fils du pays.

  2. Il n’y a guère d’analyse poussée à faire: toutes ces rebellions interviennent quand l’Etat central faiblit (Ag Hamani parle de période de crise institutionnelle), du temps des empires à nos jours, bref du banditisme ordinaire déguisé sous des noms divers…

  3. Un petit groupe qui a reussi a mettre à genou tout un pays. Que faisait en son temps le PM Hamani?

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