L’escalade armée depuis quelques années déjà, les Maliens du nord vivaient une situation explosive, ils faisaient face à une insécurité quasi- permanente, consécutive au banditisme armé qui s’est considérablement développé dans le septentrion, au trafic et au commerce illicite d’armes de guerre de tous genre, à la contrebande de cigarette et de drogue, au terrorisme armé etc.
Face à ces menaces, l’Etat ne s’est malheureusement pas engagé résolument à les prescrire et à leur trouver des solutions durables. La guerre restait latente. La situation a atteint son paroxysme au lendemain de la chute du régime Libyen de Kadhafi (paix à son âme). Le retour massif et l’installation au nord Mali d’anciens combattants pro-Kadhafi annonçait déjà les prémices de la guerre. En effet, certains hommes en armes n’entendaient pas se mettre sous l’autorité de l’Etat.
Le déclanchement des hostilités par l’attaque de Ménaka le 17 Janvier par “des groupes se réclamant du MNLA, appuyés par d’ex militaires Libyens ” a mis en évidence ce qui était redouté par plus un Malien avisé. La nouvelle donne a eu des conséquences graves : mort d’hommes civils et militaires de l’armée régulière, insurgés Touareg et le déplacement massif des populations des villes attaquées vers d’autres cieux. Certains habitants fuyant les combats, d’autres les représailles. Difficile à ce stade d’évaluer le nombre exact de nos frères réfugiés essentiellement au Niger, en Algérie, en Mauritanie et au Burkina Faso.
C’est le lieu pour nous de prier pour les morts, souhaiter bon rétablissements aux blessés et exprimer notre compassion aux familles éprouvées par la tragédie, l’exode forcé et la famine.
Les représailles et leurs conséquences : Malgré l’appel des plus hautes autorités au début de la crise, de ne pas faire d’amalgames entre ceux qui ont attaqué la République et ceux plus nombreux : Touareg et arabes qui vivent en bonne intelligence avec leurs autres frères Maliens et qui acceptent de servir l’Etat, certaines personnes ont fait les frais de la colère populaire portée par des femmes (épouses de militaires) du camp de Kati, relayées par des consœurs d’autres villes du pays. La furie de deux jours a poussé plusieurs cadres de l’administration, des corps paramilitaires, de commerçants de souche claire à se réfugier au Burkina, en Mauritanie ou au Sénégal. Aujourd’hui, des Maliens se regardent en chiens de faïence. Les références aux identités ethniques, à la couleur de la peau font peser la menace sur le fondement de la ” Nation “. Toute chose qui constitue un danger pour la paix et la stabilité du pays. L’attitude de méfiance, de peur, de crainte des uns vis-à-vis des autres s’est installée entre les fils d’un même pays.
L’insécurité alimentaire et la famine : Des populations de certaines villes, villages et fractions du nord à l’image de la commune rurale de Ouattagouna ont été contraintes à se réfugier au Niger voisin, pas par crainte d’attaque, mais essentiellement à cause de la famine et de l’insécurité alimentaire.
En effet, les récoltes ont été très mauvaises cette année, du fait des oiseaux granivores et les sauterelles. En Août pourtant, nous avions tiré la sonnette d’alarme auprès de la structure nationale chargée de la protection des végétaux à Bamako, en vue d’une intervention rapide pour éviter la catastrophe. Laquelle nous a référé à son antenne de Gao dont relève la zone en question. Le responsable de la structure locale en la personne de Monsieur Kamissoko a manifestée une réelle disponibilité et mis à notre disposition quelques produits et appareils de traitement, insuffisants, mais qui ne sont malheureusement pas arrivés à temps, pour réduire les dégâts. Aujourd’hui, les populations démunies des campements et village autours de Labbezanga essentiellement, exposées qu’elles sont aux affres de la faim et constatant l’indifférence, voire l’abandon de l’Etat, n’ont eu d’autres choix que de se replier sur le Niger voisin, qui aussi connait de sérieux problèmes alimentaires qu’il gère apparemment mieux, à la satisfaction de ses citoyens également exposés à la famine.
Les propositions de l’ADSCN: L’impératif au retour de la paix au nord du Mali ; au retour des réfugiés (de la guerre et de la famine) passe à notre entendement par la mise en œuvre des recommandations suivantes :
– L’observation par les parties en conflit d’un cessez le feu qui ne transige pas d’avec l’intégrité du territoire Nationale ;
– L’ouverture d’un dialogue inclusif qui associe toutes les sensibilités ethniques du pays et singulièrement du nord, les chefferies traditionnelles, les parties politiques, les organisations de la société civile, les confessions religieuses, les ONG nationales et internationales, les partenaires techniques et financiers du Mali, les Pays amis et voisins du Mali ;
– L’institution d’une commission nationale de réflexion, de suivi et d’évaluation du processus de paix. Les conclusions de cette commission devront être soumises à des “assises nationales sur le problème du nord “. Le processus de paix auquel appelle l’ADSCN exige de chacun un dépassement de soi ; de l’engagement ; du sacrifice ; l’acceptation de son prochain ; la culture du pardon ; et la retenue, de la part de ceux là même qui ont souffert des douloureux évènements passés et actuels.
Conformément à ses objectifs statutaires qu’il nous plait de rappeler ici à savoir:
– Promouvoir la culture de tolérance et de respect mutuel entre les différentes communautés du pays;
– Œuvrer à l’amélioration de la qualité de vie et au développement humain durable des zones nomades ;
– Œuvrer au retour de la paix et la concorde dans les zones de conflits entre autres, l’ADSCN veut à travers cette contribution : à la décrispation de la situation, à soutenir tous les efforts allant dans le sens du retour de la paix et la quiétude dans le pays.
En conséquence lance un appel pressant à l’Etat, aux bonnes volontés de l’intérieur comme de l’extérieur, à s’impliquer pour la paix au nord et à venir en aide aux populations affamées de la frontière avec le Niger (Labbezanga et Fractions alentours dans la commune rurale de OUATTAGOUNA).
Par Alzouneïdi Ag Sidi Lamine*
Président de L’ Association pour le Développement Social, économique et Culturel des Nomades (ADSCN)
Cette guerre nous est imposée par des apatrides contre leur propre pays le Mali par ce qu’ils ne veulent pas être dirigé par les descendants d’anciens esclaves. Ils veulent le partage du teritoire le sud aux noirs descendants d’esclaves et le nord au blancs nobles.
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