2 novembre 2013–2 novembre 2014, cela fait un an que nos confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon (deux envoyés spéciaux au Mali) ont été enlevés à Kidal, puis sauvagement exécutés à Kidal. C’est donc dans la tristesse et dans l’émotion que l’on commémore leur mort tant au Mali, en France que dans d’autres pays du monde.
Triste journée du 2 novembre 2013 dans les annales de RFI. Ce jour-là, nos confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés et lâchement assassinés. Les deux reporters de Rfi étaient en mission à Kidal dans le cadre d’une opération spéciale qui devait avoir lieu à Bamako. Ils venaient d’interviewer Ambeiry Ag Rhissa, un représentant du Mnla, quand ils ont été embarqués de force par des hommes armés qui les ont exécutés à quelques kilomètres de là. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, rappelons-le, étaient des reporters très expérimentés. Ils connaissaient particulièrement bien l’Afrique et étaient tout sauf des têtes brûlées. Leurs images restent encore vivaces dans les esprits.
Comme le disait le célèbre écrivain sénégalais Birago Diop : «Les morts ne sont pas morts». Pour commémorer leur mort et leur rendre hommage, plusieurs activités sont prévues à Bamako. Au menu de cette commémoration, il y a eu hier jeudi au Cicb l’organisation d’un symposium et le lancement de l’Association dédiée à Gislaine et Claude, par leurs amis qui entendent ainsi immortaliser les deux illustres disparus. Il s’agit en fait d’interpeller sur la suite judiciaire à donner au double assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. À ce symposium, journalistes, dirigeants et militants d’associations et de syndicats de journalistes, d’associations féminines, de droits de l’homme et de la démocratie, personnalités politiques, représentants d’organisations internationales rendront hommage à Ghislaine et à Claude ainsi qu’à tous les journalistes victimes de la crise malienne. Il y a également un hommage de la presse malienne à travers les associations et syndicats de la presse, un Slam pour Ghislaine (déclamé sur fond de Kora), des poèmes, chants de l’Adagh par Keltoum Walet Emastagh (artiste touarègue) accompagnée de deux guitaristes.
Le clou de cette manifestation sera la remise première «Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon». Cette bourse récompensera tous les ans un jeune journaliste et un jeune technicien de moins de trente ans qui viendront suivre une formation à Paris. Les noms des deux premiers lauréats de la Bourse Ghislaine Dupont et Claude Verlon seront dévoilés à Bamako ce 2 novembre, date du premier anniversaire de l’assassinat de nos confrères à Kidal. Il s’agit de poursuivre ce que ces passionnés de reportage et du continent africain aimaient à faire en transmettant leur savoir, et d’être ainsi fidèles à leur rôle de passeurs auprès des jeunes journalistes et techniciens qui les côtoyaient dans la rédaction de Rfi ou sur le terrain. Précisons qu’en leur mémoire, cette journée du 2 novembre a été décrétée par les Nations unies, Journée internationale de lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes.
«Ce sera ainsi l’occasion de défendre aux côtés de nos confrères maliens, une valeur qui nous est essentielle, celle du droit à l’information libre que le terrorisme vient bafouer. Un droit qui ne peut s’exercer que si les attaques dont les journalistes sont victimes ne restent pas impunies. Avec nos partenaires de l’ORTM, l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali, qui nous accompagnent cette année, avec nos partenaires français de l’Ecole de Journalisme de Sciences Po et de l’INA, et avec l’ensemble des équipes du groupe France Médias Monde, nous avons tous ce même désir de rendre hommage aux deux grands professionnels qu’étaient Ghislaine et Claude, en transmettant aux jeunes générations leur passion et leur exigence», soutient Marie-Christine Saragosse, Présidente directrice générale de France Médias Monde
Gislhaine Dupont, une passionnée de l’Afrique
Née en janvier 1956, Ghislaine Dupont a passé plusieurs années de son enfance en Afrique. À la fin de ses études, elle fait le choix du journalisme. Elle passe par Ouest-France et Témoignage Chrétien ; apprend le micro auprès des radios libres. Puis entre à Radio France Belfort.
Son goût du voyage et du reportage l’incitent à aller vers Rfi. Après un premier passage à la radio mondiale, Ghislaine signe son CDI en 1990. Elle commence par la présentation, puis part sur des terrains difficiles : elle se rend dans les maquis de l’UNITA, en Angola. «Son plus grand talent, c’était l’investigation. Ghislaine persévérait dans ses enquêtes, ne cessait de creuser et ne se contentait pas de ce que les premières sources disaient», se souvient Laurent Chaffard, Rédacteur en chef au service Afrique de Rfi.
Claude Verlon, un technicien de reportage hors pair
Comme sa consœur, il était un professionnel des terrains à risques. Il avait couvert plusieurs conflits à travers le monde et permettait, grâce à son talent, d’être au plus près de l’actualité et de nous faire vivre l’événement. Claude Verlon était un vrai reporter, un grand reporter. «Claude Verlon, ce qui l’intéressait, c’était le défi. Plus c’était compliqué techniquement, plus ça l’excitait, confirme Nicolas Champeaux, journaliste au service Afrique de RFI. Il était entré à RFI en avril 1982. Il était depuis devenu le responsable adjoint du service Reportage-Technique. Mais il aimait par-dessus tout le terrain.
Reposez en paix, Gislhaine Dupont et Claude Verlon. L’Afrique-notamment le Mali- vous sera toujours reconnaissante !
Rassemblés par Bruno E. LOMA
Moi je n’ai pas peur de dire que j’apprécie cet hommage à deux êtres qui ont poussé leur courage jusqu’à venir au cœur d’un pays Africain sans armée pour trouver une vérité…
Le monde aurait pû se foutre de ce conflit qui touche un pays de 15 millions d’habitants alors qu’il y a tant de conflits plus graves ,plus meurtriers et aux conséquences plus importantes …
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