La rébellion touareg menace-t-elle la stabilité politique fragile de Bamako ?

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Des soldats maliens prennent position à Kidal après l'attaque par des rebelles touaregs de deux bases de l'armée, le 23 mai 2006 au Mali © AFP/Archives Kambou Sia

Les affrontements entre l’armée malienne et les combattants touaregs du MNLA, ex-mercenaires fraîchement revenus de Libye et lourdement armés, n’augurent rien de bon dans un pays déjà rongé par l’activisme des islamistes d’Aqmi.

Dans l’immensité du désert saharien, l’insurrection touareg, en sommeil depuis 2009, a-t-elle à nouveau sonné ? Mercredi 18 janvier, les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) ont lancé une offensive dans le nord du pays à Aguelhok et Tessalit, deux villes proches de la frontière algérienne. La veille, ils avaient déjà tenté de prendre Menaka, près de la frontière du Niger, avant d’être repoussés par les forces maliennes. Revendiquées par la rébellion, ces attaques ont fait 47 morts, selon le gouvernement malien, dont deux victimes au sein de l’armée malienne.

Si les affrontements entre communautés touaregs et pouvoir malien n’ont rien d’inédit – le bras de fer entre Bamako et les “hommes bleus” remonte à l’indépendance du pays en 1960 -, reste à savoir quelles sont les motivations de ces nouvelles attaques qui interviennent en pleine campagne pré-électorale à quatre mois de la présidentielle. Pour l’armée malienne, pas de doute : la réouverture du dossier touareg est intrinsèquement liée au conflit politique libyen et au retour d’ex-mercenaires touaregs qui avaient été enrôlés au sein de la Légion islamique de Mouammar Kadhafi.

Une nouvelle génération de combattants

“Lorsque Kadhafi est tombé [le 20 octobre à Syrte], tous ces rebelles se sont retrouvés sans employeur”, explique Pierre Boilley, professeur d’histoire d’Afrique contemporaine à l’université Paris I et directeur du Centre d’études des mondes africains (CEMAF). L’intérêt que portait le Guide libyen aux différentes rébellions du continent africain est un secret de polichinelle. Nombre d’insurgés touaregs avaient rejoint la Libye dans les années 1970, fuyant les périodes de grande sécheresse qui sévissait à cette époque dans la région saharienne. “La Libye représentait alors non seulement un eldorado économique, mais aussi un refuge idéologique, le colonel Kadhafi aimant à se présenter comme le protecteur naturel des Touaregs”, ajoute le spécialiste.

Bien évidemment, l’annonce du retour de ces ex-rebelles n’a pas été accueillie avec enthousiasme par les autorités maliennes. “Ils sont rentrés au Mali, lourdement armés, entraînés au combat, davantage coordonnés dans leurs assauts, et scolarisés” renchérit de son côté Philippe Hugon, spécialiste de l’Afrique à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). “Plus dangereux, ils sont pris très au sérieux par le pouvoir en place”, ajoute-t-il. Surtout après l’échec des discussions lancées en novembre dernier par Bamako. Une délégation de diplomates maliens était alors partie à la rencontre des Touaregs pour tenter d’instaurer un dialogue. Chou blanc. Depuis, les relations entre les autorités et les combattants se sont considérablement dégradées au regard de l’important déploiement militaire mis en place ces dernières semaines dans le nord du pays.

MNLA héritier de décennies de revendications politiques

“En réalité, je pense que le MNLA inquiète Bamako, non seulement à cause de son

savoir-faire en matière de combats, mais aussi parce qu’il est une entité inconnue. On ne connaît ni leur structure ni leur chef”, explique Pierre Boilley. “Tout ce que l’on sait c’est que le MNLA est une formation politico-militaire née fin 2011 de la fusion de plusieurs factions de combattants touaregs dont le Mouvement touareg du Nord-Mali (MNTM) et le Mouvement national de l’Azawad (MNA)”, continue-t-il. Cette rébellion est donc l’héritière de décennies de revendications politiques qui se sont tour à tour heurtées à la colonisation française, au pouvoir malien et aux multiples déceptions inhérentes aux plans de paix mis sur pied ces dernières années”, ajoute-t-il.

Un portrait lapidaire mais dont les caractéristiques principales sont confirmées par Pierre Boilley. “Même si une partie des Touaregs a bénéficié dans les années 1990 d’une politique d’intégration, certaines branches ont toujours jugé, en effet, que Bamako n’avait pas respecté ses engagements [lors des accords d’Alger signés en 2006] et laissé à l’abandon la région du Nord rongée par la paupérisation et les mauvaises récoltes”, complète le directeur du CEMAD.

Le MNLA aspire à l’indépendance

Autre particularité du MNLA : ses velléités d’indépendance. Les “hommes bleus” souhaitent, en effet, s’affranchir du pouvoir en place dans l’espoir de créer un vaste État autonome dans la région de l’Azawad – berceau des Touaregs au nord du Mali. “Depuis les années 1960, les combattants nomades s’étaient toujours battus pour une plus grande reconnaissance de leur culture, de leur langue, moins de discrimination et plus d’intégration au sein du pouvoir central, mais pas pour l’autodétermination”, ajoute Pierre Boilley.

Soucieux de préserver son intégrité territoriale, le Mali exclut de donner suite à cette nouvelle revendication qui vient s’ajouter à une longue liste de griefs. “Bamako ne cédera pas. Non seulement le président Amadou Toumani Touré a le soutien de la population, hostile à ces combattants armés, mais il a également le soutien militaire des pays alentours. Il pourra toujours faire appel à une coopération régionale ou même à l’Union africaine (UA) pour contrecarrer toute réactivation majeure de ce mouvement”, souligne Philippe Hugon.

Touaregs et Aqmi, le duo explosif

Pas question donc de lâcher du lest et d’abandonner au MNLA une région saharienne déjà très instable. “Certaines factions de combattants nomades se sont branchées à des réseaux criminels et mafieux. Dans l’Azawad, les trafics d’armes et de drogues pullulent”. Sans compter que le nord du Mali est aussi le théâtre d’opérations d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui, à partir de ses bases dans cette région, “rayonne” dans plusieurs autres pays de la zone sahélo-saharienne où l’organisation commet des attentats, se livre à divers trafics et enlève des ressortissants occidentaux.

“Le Mali s’inquiète de la nouvelle dimension que pourrait prendre ce conflit. Imaginez que les combattants touaregs et les islamistes d’Aqmi se rapprochent pour combattre conjointement le pouvoir en place. Bamako se retrouverait face à une véritable poudrière”, conclut Philippe Hugon.

 

Par france24

26/03/2012

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1 commentaire

  1. Un avertissement ferme à la CEDEAO Avant tout c’est l’avis du peuple qui compte dans des telles circonstances. Ce coup d’état les maliens ne sont pas contre on veut juste le temps de légitimer ce coup d’état. Il ne faut pas que la France vous manipule la CEDEAO car ils sont derrière ce chaos au Mali car c’est eux qui soutiennent les rebelles Touaregs. Si vous voulez prendre des décisions voici la proposition du peuple malien :
    Accepter une lettre de démission d’ATT et de Dioncounda.
    Remplacer Dioncounda par son adjoint ( Car Dioncounda est incapable de diriger la transition non seulement mais aussi il est le président d’un parti il est candidat au élection et il peut pas faire la transition et se présenter au élection.
    La mise en place d’un gouvernement d’union nationale de transition avec l’adjoint de Dioncounda au bout d’une semaine et la mm semaine envoyer les militaires de la CEDEAO pour aider nos soldats à résoudre le problème du nord.
    Car je vois que la France va se focaliser sur le retour à l’ordre constitutionnel et laisser les rebelles prendre le nord.

    Nous sommes d’accord sur l’envoi des forces de la CEDEAO des cette semaine et la formation du gouvernement d’union suivit de la démission d’ATT et de Dioncounda. Car ATT lui mm sait que la France veut sa tête il veut plus du pouvoir juste une sortie honorable.

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