Le président de la République est sans conteste le chef des armées dans la Ve République. Il peut décider directement du recours à la force militaire, à l’image de l’opération Serval, lancée au Mali le 11 janvier dernier. À cette date, un large consensus politique s’était alors dégagé pour soutenir l’opération décidée par le président François Hollande contre les groupes islamistes armés qui contrôlaient le nord du pays et menaçaient de s’emparer de Bamako. Le parlement avait alors débattu, mais sans vote.
UN CONTRÔLE PRÉVU PAR LA CONSTITUTION
Pour ce qui est de savoir si un conflit doit s’étaler dans le temps, le pouvoir législatif a en revanche son mot à dire. L’article 35 de la Constitution stipule que lorsque la durée d’une intervention en territoire étranger “excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement“. C’est pourquoi l’opération serval sera à l’ordre du jour le 22 avril à de l’Assemblée nationale, qui devra se prononcer par un vote avant que le sénat s’exprime lui aussi sur la poursuite de l’opération.
PREMIER RETRAIT SYMBOLIQUE
Le président François Hollande avait annoncé le début du retrait français avant fin avril, et l’effectif français devrait être ramené à 2 000 hommes en juillet, soit la moitié des militaires aujourd’hui engagés sur le conflit. C’est pourquoi les premières unités de l’armée française, soit une centaine d’hommes, ont été désengagées du Mali et sont arrivées lundi 8 avril à Paphos, à Chypre, a annoncé l’état-major des armés.
UNE PRÉSENCE DURABLE
En trois mois d’intervention, les Français ont infligé de lourdes pertes aux groupes islamistes et démantelé leurs réseaux dans le nord. Premier visé, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), considéré comme la principale menace pour la France et l’Europe, a été défait dans son sanctuaire du nord-est. L’armée française concentre désormais ses efforts autour de Tombouctou et Gao, où elle traque les combattants du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), désormais le plus actif sur le terrain.
Malgré ces progrès, pas question d’envisager un retrait total. Paris a proposé à l’ONU et à Bamako de maintenir une “force d’appui” d’un millier d’hommes dans le pays. Une force “permanente“, selon Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, “pour lutter contre le terrorisme“. Cette force serait “parallèle” à celle de quelque 11 000 hommes que les Nations unies projettent de déployer dès cet été.
JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS
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