Tombouctou ville a été le théâtre d’une prise d’otages qui s’est soldée par la mort d’un touriste allemand. Les autres touristes au nombre de trois, ont été emmenés vers une destination inconnue, probablement dans un des nombreux sanctuaires d’Al Qaïda.
Le mode opératoire ressemble, à s’y méprendre, à l’enlèvement des français travaillant pour Areva, à Niamey, il y a 1 an. Dès lors, le Mali, longtemps considéré par la communauté internationale comme « le ventre mou » de la lutte contre le terrorisme, donne des arguments en plus à ses détracteurs et se retrouve ainsi dans l’œil du cyclone, suite aux enlèvements d’occidentaux à Hombori et à Tombouctou, en l’espace de 24 heures.
Le Président Att a reçu ces deux nouvelles terribles avec beaucoup d’amertume, lui qui aurait cru que la mansuétude du Mali équivalait àun parapluie contre les coups de boutoir de la nébuleuse des preneurs d’otage. Le deal semblait être: un sanctuaire contre l’inviolabilité du territoire et sa souillure par les rapts d’otages. Mais lorsqu’on dîne avec le diable, il faut avoir une longue cuillère.
Les pays voisins ayant renforcé les mesures sécuritaires, seul le Mali apparaissait comme le maillon faible pour les terroristes. En effet, ayant baissé la garde, le Mali s’est fait surprendre par des individus déterminés. Il faut toutefois dire que la donne a changé depuis la chute de Khadafi. De nouveaux preneurs d’otages ont rompu le deal, pour se remettre à la recherche de la seule denrée qui a une valeur marchande à leurs yeux : les otages. Les autres filières ayant été asséchées momentanément, notamment celles du trafic de drogue et de cigarette.
Le fait qu’AQMI n’a pas revendiqué les récents rapts avec mort d’homme, indique que ce serait peut-être une nouvelle faction de preneurs d’otages qui se serait manifestée. AQMI a tendance à préserver la vie de l’otage avant négociation et n’exécute qu’en cas d’ultimatums demeurés sans suite. Elle est composée de terroristes professionnels dotés d’un sang-froid qui leur permet de résister à la tentation de tirer sur les civils à mains nues. Alors que les revendeurs d’otages ne s’embarrassent pas de ce genre de considération. Or, en agissant ainsi, non seulement ils assèchent cette lucrative filière, mais ils se mettent à dos les peuples sédentaires du nord qui voient tarir les flux touristiques, leur unique source de revenus. En plus, ils vont obliger les forces armées vaillantes à s’inscrire dans une stratégie d’éradication et de fermeture des sanctuaires. La prochaine bataille dans le Nord sera celui d’une guerre larvée entre diverses factions avec l’appui des forces armées.
Si AQMI n’est pas le commanditaire de cette opération, elle va obliger les preneurs d’otages à rendre ceux-ci aux autorités dans les meilleurs délais, pour briser la sainte alliance dont le Mali apparaitra rapidement comme le maillon fort.
ATT joue gros dans cette affaire. La menace transnationale dont il avait craint les dommages collatéraux l’a rattrapé, lui qui avait sacrifié la sécurité a l’échelle régionale à celle du territoire national, oubliant quelque peu que c’est comme du lait sur le feu qui déborde rapidement sans surveillance. Le Général-Président ne va pas déclencher une guerre éclaire à la mauritanienne sur les positions rebelles bien que sa stratégie du "containmemt" ait échouée. La puissance de feu de l’ennemi l’en dissuade. Il cherchera par le jeu diplomatique cher à Lawrence D’Arabie à résoudre le problème pacifiquement. A quelques encablures de la fin de son mandat, déclencher les hostilités n’est pas le meilleur présage pour une sortie heureuse et en fanfare du général. Ayant commencé son mandat sous les assauts des criquets pèlerins, Att, le pèlerin de fraiche date, voudrait sauvegarder à tout prix son image d’homme de paix et faire oublier un des anagrammes de son nom ATT ( Amadou Tueur de Touareg) que lui affublés quelques Touareg qu’il avait traumatisés. Et venant de ceux dont il se sent très proche par le jeu des alliances matrimoniales .
Birama Fall