La Mauritanie et le droit de poursuite : Les Maliens en danger de maure

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Le droit de poursuite octroyé à nos pays voisins par les plus hautes autorités de notre pays pose visiblement problème. En effet, pour la deuxième fois en l’espace de deux mois, la Mauritanie a usé de ce droit de poursuite pour livrer des combats meurtriers sur notre sol faisant deux morts et de nombreux blessés parmi la population civile à Tombouctou. En l’absence de tout débat autour de ce fameux droit de poursuite et face au silence assourdissant de ceux qui ont donné ce droit, les populations pleurent en comptant leurs morts.

On aurait dit qu’ils l’ont fait exprès. Il s’agit des Mauritaniens. On aurait dit qu’ils ont fait exprès d’attendre la semaine de la célébration du cinquantenaire de notre pays pour envahir le nord de notre pays, notamment les faubourgs de la ville de Tombouctou, pour livrer des combats contre Al Qaeda. « Nous avons aperçu une colonne de terroristes quittant le Mali et qui se dirigeait vers nos frontières. Nous avons donc décidé, à titre préventif, de les attaquer ». C’est l’explication officielle donnée par la Mauritanie. Nous sommes donc bien loin d’un droit de poursuite. Pour se dédouaner, les autorités de Nouakchott ont déclaré qu’elles avaient bénéficié de l’accord de Bamako.  Et il semble même, si l’on en croit certaines informations, que l’armée malienne a apporté un appui logistique aux Mauritaniens sur le terrain soit en les aidant à évacuer, soit en leur apportant du carburant, soit en mettant l’aéroport de Tombouctou à leur disposition. En tous les cas, ce qui s’est passé est grave dans la mesure où des troupes mauritaniennes, appuyées par des avions de combats, ont pilonné Tombouctou et occasionné la mort de paisibles populations qui vaquaient à leurs occupations (deux morts, une femme et sa sœur). Au moment où les élus de Tombouctou et les victimes criaient leur désarroi sur les antennes des radios internationales, à Bamako, c’est le silence de mort. Aucune information, aucune explication, pas un détail sur une opération menée sur notre sol, ayant fait des victimes parmi la population malienne.

Au contraire, nous avons vu le président mauritanien débarquer à Bamako dans le cadre des commémorations du cinquantenaire. Il avait fière allure. Le président ATT qui l’a accompagné à son hôtel a déclaré qu’il n’y avait aucun problème entre eux. Les populations exposées aux troupes mauritaniennes ont dû apprécier ; les victimes et leurs parents ont dû apprécier.

Après la première incursion des troupes mauritaniennes le 22 juillet dernier dans la localité de Taoudénit, voilà ce que nous écrivions : « L’attaque perpétrée par la Mauritanie prouve que ce pays semble avoir une lecture bien particulière du droit de poursuite dans la mesure où il a planifié, avec les Français, une opération militaire de manière « préventive », sans souffler un mot à nos autorités. Ce ne serait pas du mépris que cela y ressemble. La prochaine fois, personne ne sait quelle forme la violation de notre territoire prendra. Ce qui est sûr, c’est que si on n’y prend garde, le nord de notre pays risque de devenir l’arrière cours de conflits en tous genres. N’importe quel pays pourrait y venir, régler ses comptes et repartir, ni vu ni connu. Aujourd’hui, nous avons de petites unités d’infiltration ; demain nous pourrions bien avoir la grosse artillerie ; et après demain, qui sait, peut-être que ce seront des bombardements des bases de AQMI, sans qu’on ne soit associé ». Nous ne pensions pas que nos craintes allaient être justifiées si tôt.

Après ce qui s’est passé à Tombouctou, et qui en appelle certainement d’autres (l’armée française s’est déployée au Niger et ce n’est pas pour faire juste un bivouac)), il serait peut-être judicieux qu’on explique aux Maliens le contenu du droit de poursuite. Cela passe par une communication aux représentants du peuple pour qu’ils y apportent leur caution ou non. Et puis, il faudrait refréner l’ardeur vengeresse de la Mauritanie qui occasionne beaucoup de pertes en vies humaines parmi nos populations. Surtout que l’ambassadeur de la Mauritanie qui vient de regagner Bamako vient de déclarer que son pays ne permettra à Al Qaeda de l’attaquer à partir du Mali. On se rappelle qu’au mois de juillet déjà, la Mauritanie avait attaqué, de manière préventive, des éléments d’Al Qaeda localisés dans la zone de Tessalit.

Bassaro Touré

Lutte contre le terrorisme :

Réunion des chefs d’Etat major

Le week-end dernier, les chefs d’Etat major de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger se sont rencontrés à Tamanrasset (le sud de l’Algérie) dans le cadre de la dynamique enclenchée pour une lutte coordonnée contre le terrorisme notamment contre les éléments d’Al Qaeda qui infestent la bande sahélo-saharienne. Cette rencontre est survenue après l’enlèvement des sept travailleurs d’Areva au Niger (cinq Français, un Togolais et un Malgache) et leur « transfert » sur le sol malien. Cet événement a apporté la preuve que la coordination envisagée entre les armées lors des différentes rencontres tardait à être véritablement opérationnelle. Il faut rappeler que les mêmes Etats avaient mis un poste de commandement opérationnel basé à Tamanrasset mais sans résultats probants. Après ce constat fait, les chefs d’Etat major ont opté pour le pré-positionnement des troupes à des endroits bien déterminés pour quadriller les points de passage. On demande à croire et surtout à voir.

Le Mali n’acceptera pas de troupes françaises

Immédiatement après l’enlèvement des sept travailleurs d’Areva, la France a déployé d’importantes forces militaires au Niger pour mener au plus près des opérations d’informations, de renseignements et peut-être même d’infiltration. Le Burkina serait également favorable pour accueillir quelques militaires français, des commandos, pour une meilleure coordination des actions sur le terrain.

Il semble que le Mali lui, a refusé d’accueillir des Français pour des missions militaires. Il faut dire que le déploiement des forces militaires chez nos voisins a coïncidé avec la polémique née autour de l’intervention militaire mauritanienne sur notre sol qui a occasionné la mort de deux personnes et fait de nombreux blessés. Si en plus on devait tolérer des Français, au moment où on célébrait le cinquantenaire de notre indépendance, cela allait être un peu trop aux yeux de l’opinion. Malgré cette décision, il n’est un secret pour personne que des éléments des forces spéciales françaises se trouvent bien sur notre territoire.

Paris prêt à discuter avec Al-Qaeda

«Nous avons toutes les raisons de penser que les otages sont en vie.» L’Elysée s’est montré, dimanche, optimiste quant au sort des sept personnes enlevées il y a deux semaines au Niger par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), précisant : «Les pourparlers ne sont pas engagés, mais nous sommes ouverts à toute conversation. Nous sommes prêts à discuter avec les ravisseurs.» Peu de temps avant, une source malienne avait affirmé que les cinq Français, le Togolais et le Malgache, pour la plupart collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), étaient détenus entre les déserts malien et algérien dans une «zone communément appelée le Timétrine». Quatre-vingts soldats français ont été envoyés à Niamey (Niger) et se relaient pour mener des vols de reconnaissance dans la région où seraient détenus les otages. Vendredi, le chef d’état-major des armées françaises, Edouard Guillaud, avait déjà indiqué que la France était prête à «engager le contact à tout moment» avec Aqmi, tout en assurant qu’une opération militaire n’était pas à l’ordre du jour.

Il faut rappeler que l’attitude de Paris est quelque peu dictée par la détermination des preneurs d’otages. En effet, pour dans leur premier message où ils confirmaient détenir les otages, AQMI a mis en garde sévèrement les autorités françaises contre « toutes actions stupides ». L’allusion à la tentative échouée de juillet de libérer par la force Michle Germaneau est claire. Après la mort de ce premier otage, Paris ne peut pas se permettre de mettre en danger la vie de cinq autres français.

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