A la loupe : À la guerre comme à la guerre…

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Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères
Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères

La délégation malienne, dirigée par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, est depuis quelques heures à Alger pour prendre part à un nouveau round des négociations inter-maliennes en vue de trouver un règlement global et définitif à la crise du nord.

Malgré la pression exercée publiquement par la communauté internationale, notamment la France et l’Algérie, sur le gouvernement et les groupes armés, il n’est pas évident que le négociateur malien revienne souriant de cette énième rencontre que certains veulent ultime. En tous les cas, même si elles n’ont pas arrêté de nous saouler avec des « lignes rouges » qu’elles ne franchiront en aucune manière, il est presque certain que le ministre Diop ne fera pas sourire les Maliens à son retour. Déjà, il n’est pas parti avec la bénédiction de grand-monde. Le gouvernement a voulu jouer cavalier seul dans cette affaire, tout en sachant que le texte proposé par la communauté internationale, le fameux préaccord de paix, a été rejeté par tous, classe politique (majorité et opposition) et société civile. Les deux se sont activées, au cours du week-end dernier, pour y apporter des amendements. Et si l’opposition n’a pas daigné répondre à l’invitation du gouvernement, certains de ses membres, de même que des partis de la majorité présidentielle et des organisations de la société civile, ont participé à la Table ronde organisée par la Cnas et l’Adps pour dénoncer le préaccord et élaborer un Manifeste de la nation contre ce qui se trame à Alger.

Des lignes rouges ?

Les Forces armées et de sécurité de même que les groupes armés, anti ou pro gouvernementaux, ne s’y reconnaissent pas non plus. L’armée, notamment en ce qui concerne la réinsertion de déserteurs devenus assassins et criminels de guerre et contre l’humanité, auteurs de violences sexuelles, destructeurs de tous les efforts de développement, complices de jihadistes et narcotrafiquants. Pour beaucoup, c’est déjà une honte qu’un gouvernement s’assoit sur la même table pour discuter d’égal à égal avec une association de malfaiteurs, mais la honte devient nationale quand ce sont ces malfaisants qui imposent leurs diktats.

Le ministre pense être en position de force parce que, selon lui, les lignes rouges (l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale, la forme territoriale et républicaine) ne seront pas franchies. Pourtant, il n’a aucune garantie même s’il prenait en compte les critiques et réserves émises sur le préaccord, même si celui-ci était apuré des pièges qui pourrait en faire une partition cachée. Mais on est loin de là et cet accord sera imposé au Mali, et ceux qui l’ont élaboré savent pertinemment qu’il n’a pas vocation à calmer la situation et à faire revenir la paix et la quiétude dans la zone. Car il ne suffit pas de signer un accord, il faut l’appliquer. Et, pour l’heure, le Mali n’a aucun moyen pour cela. Ses partenaires ? Ils ne lèveront pas le petit doigt quand les groupes rebelles refuseront de respecter un accord.

La Minusma a trouvé là le moyen d’occuper ses casques bleus et d’enrichir ses fonctionnaires, les pays fournisseurs de troupes  ont eu l’astuce pour éloigner des palais des soldats toujours en grogne et donc potentiellement dangereux pour leur propre pays. L’Algérie se trouve débarrassée d’une grande partie de ses terroristes, contenus dans le nord du Mali. Les Français, qui ont toujours voulu jouer un rôle dans le schéma sécuritaire international, notamment en ce qui concerne le Sahel, tentent également de contenir dans cette partie du monde les terroristes et narcotrafiquants dont les objectifs sont avant tout l’Occident.

Et la justice ?

Il y a une ligne rouge dont le ministre Diop ne parle pas : c’est la justice à rendre aux nombreuses victimes, civiles et militaires, des exactions commises par les groupes rebelles. Les crimes de guerre, crimes contre l’humanité, violences sexuelles resteront-ils impunis ? Les criminels reviendront-ils triomphalement à Bamako et dans les localités du nord où ils ont semé ruines et désolations ?

Selon le ministre Diop, il n’y a que le chemin de la paix. Non, à Gao et à Tombouctou, on pense qu’il y a également le sentier tortueux de la guerre. La guerre qui n’a jamais cessé depuis janvier 2012, quand le Mnla l’a déclarée à la nation. La guerre qui a continué avec l’occupation des régions du nord et une partie du centre du pays, qui est devenue larvée malgré l’intervention de Serval puis de Barkhane et de la Minusma, se perpétue avec les affrontements meurtriers entre la coordination des mouvements de l’Azawad et les populations qui ont organisé la résistance sans attendre que prennent fin les tergiversations de Bamako.

Elle continuera encore maintenant que chaque localité du nord songe à former, à doter et à rendre opérationnelle sa propre armée (brigade de jeunes formés et armés), à l’image du Gatia ou de Ganda Koy.

Elle continuera encore plus tant que les autorités ne se rendront pas compte que ceux que la communauté internationale leur propose comme interlocuteurs ne représentent plus personne. Il y a longtemps que la base, elle, et à tous les niveaux, a compris qu’ils ne roulent que pour eux-mêmes et ne baisseront les armes que quand ils auront assouvi leur soif de pouvoir et d’argent.

Elle ne s’arrêtera que quand l’Etat décidera de prendre ses responsabilités de se débarrasser de ses faux amis, les hypocrites et les intéressés, qui sont là non pas pour l’aider mais pour lui refiler leurs démons. Alors, à la guerre comme à la guerre…

Cheick TANDINA

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1 commentaire

  1. TANDINA l’oiseau de mauvaise augure que le bon DIEU ne t’entende pas .LA delegation gouvernementale a la bénediction de tous les maliens

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