Le nord du Mali est devenu, ces derniers temps, le théâtre de la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest. Les combats entre l’armée mauritanienne et AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique) s’intensifient. Avec, à la clé, de nombreuses victimes civiles. Pour l’heure, le Mali joue l’observateur. Et cela pour plusieurs raisons.
Le nord- Mali est devenu le champ de bataille contre le terrorisme transfrontalier. Depuis que le Mali a accordé le « droit de poursuite » sur son territoire, la Mauritanie effectue régulièrement des raids militaires sur les bases d’AQMI.
Le premier raid remonte au mois de juillet dernier. Appuyée, logistiquement par la France, l’armée mauritanienne avait tenté de libérer l’otage français Michel Germaneau, détenu par AQMI dans le désert malien. Ce raid franco-mauritanien fut un échec. Non seulement l’otage français n’a pas été libéré. Mais aussi, il a été assassiné. Mais il faut préciser que l’armée malienne n’avait pas pris part aux combats.
Ce raid franco- mauritanien, est survenu quelques mois après que le président ATT ait « échangé » quatre membres d’AQMI, détenus dans des prisons maliennes, contre un autre otage français, Pierre Camatte, prisonnier d’AQMI. La France avait joué un rôle essentiel dans cette libération, en mettant la pression sur le Chef d’Etat malien. Afin qu’il accepte cet échange. Mais la Mauritanie et l’Algérie y étaient opposées. Et en signe de protestation, ces deux pays, voisins du Mali, rappellent leur Ambassadeur en poste à Bamako.
Récemment, des otages français, enlevés au Niger par AQMI, ont été transférés dans le désert malien. Ce qui justifie, encore, les nouveaux raids mauritaniens, sur les bases d’AQMI. Sans que le Mali y soit, directement, impliqué.
En effet, la Mauritanie, soutenue logistiquement par l’armée française, a engagé, depuis quelques jours, des combats contre les groupes terroristes au Nord du Mali. Les affrontements ont déjà fait de nombreuses victimes. De civils maliens y ont perdu la vie. Mais l’armée malienne se garde bien de prendre part aux combats. Elle apporterait, à la demande de l’état-major mauritanien, un soutien technique (renseignement, ravitaillement en carburant, secours aux blessés…). Mais à en croire les informations qui filtrent à travers la presse, l’armée mauritanienne s’embourbe dans le désert malien.
Comme on le voit, ce qui se passe actuellement au nord du Mali n’est pas le fait de la rébellion (touareg). Mais de preneurs d’otages « européens ». Aucun acte terroriste n’a encore, jusque-là, été perpétué contre le Mali bien que son désert soit utilisé comme refuge par les ravisseurs. Ceci expliquerait la « neutralité » de l’armée malienne dans les affrontements actuels au nord de notre pays. La rébellion touareg a été mise en veilleuse par les « Accords d’Alger », qui permettent au nord Mali de connaître une certaine accalmie.
Une seule question, désormais, sur toutes les lèvres : pourquoi l’armée malienne ne participe –t-elle pas aux combats pour débarrasser son sol de ces terroristes ? La question pourrait, aussi, être la suivante : pourquoi le Mali s’engagerait-il dans une guerre qui n’est pas la sienne ? Le président ATT a coutume de dire que la lutte contre le terrorisme n’est pas l’affaire d’un seul pays. Pour lui, la solution efficace réside dans une action conjuguée de tous les pays, ayant en commun la bande sahélo -saharienne. Notamment, l’Algérie, le Niger, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad….
Mais jusque- là, cette proposition semble tomber dans l’oreille d’un sourd. A défaut d’une action militaire concertée, le Mali a toujours opté pour la « diplomatie ». Cela a permis de libérer plusieurs otages européens. Récemment, encore, le président ATT a réitéré son appel à Brice Hortefeu, lors de son passage à Bamako, à l’occasion de la célébration des cinquante ans d’indépendance du Mali. Le Mali, a-t-il confié, souhaite une « action militaire conjuguée des pays riverains ». Il est donc clair que le Mali ne se risquera pas seul, dans cette drôle de guerre, contre le terrorisme. Même avec le soutien de la France.
Passant outre l’appel du Chef de l’Etat malien, Mauritanien et Français, se sont lancés aux trousses des terroristes dans le désert malien. Avec le bluff qui sied à la partie. Ils ont payé cher leur imprudence. La guerre contre Al Qaïda, n’est pas une promenade de santé ? Surtout dans une étendue désertique, estimée à plus de 8 millions km2.
Connaissant le désert au centimètre près, très mobiles à bord de leurs véhicules 4×4, les terroristes ne passent jamais une journée ou deux nuits, au même endroit, pour ne pas être repérés par les satellites. Mieux, ils changent de numéro de téléphone, chaque deux jours.
Tirant leçon de son échec, le gouvernement français change de fusil d’épaule. Au lieu de lancer ses forces spéciales à l’assaut des terroristes, il choisit la voie de la négociation. Afin de préserver la vie des sept nouveaux otages.
Après cette guéguerre, vient la guerre. Après avoir reçu une vidéo des otages en vie, le gouvernement attend les exigences d’AQMI. Avec une impatience… patiente. Sarko n’a pas dit qu’il peut !
Aimé Rodrigue
Oumar Babi