BAMAKO (AFP) – mardi 21 septembre 2010 – 13h44 – L’armée française poursuivait mardi ses vols pour tenter de répérer les otages français et africains enlevés au Niger, au lendemain d’une menace d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de venger des civils tués, selon l’organisation, au Mali par la Mauritanie.
Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a lui affirmé que le sort des otages était "une préoccupation de tous les instants". "Je souhaite très franchement que nos compatriotes puissent revenir le plus rapidement possible. Cela impose que nous mettions tout en oeuvre pour cela et c’est ce que nous faisons", a-t-il ajouté.
Les cinq Français, quatre salariés du groupe nucléaire Areva et l’épouse de l’un d’eux, ainsi qu’un Togolais et un Malgache, ont été enlevés le 16 septembre sur le site d’Arlit (nord du Niger), probablement pour le compte d’Aqmi qui les a transférés au Mali.
Depuis Niamey, quelque 80 militaires français se relaient pour mener, avec des avions de type Atlantique 2 et Mirage F1-CR, des vols de reconnaissance au dessus des pays du Sahel pour tenter de les repérer.
Selon Gilles Denamur, ancien attaché militaire français au Niger, une opération visant à libérer les otages "dépendra des renseignements", car il faut que que les militaires qui la mèneront "soient sûr à 100%" de réussir.
L’agence en ligne mauritanienne Nouakchott informations (privée) a publié lundi soir un communiqué d’Aqmi qui ne revendique ni n’évoque les enlèvements.
Mais il menace la Mauritanie, "agent de la France", de représailles après une opération de l’armée mauritanienne dans le nord du Mali, de vendredi à dimanche.
Ce message n’a pu être authentifié par l’AFP. Mais Nouakchott Informations n’avait pas été démentie après la publication d’un précédent communiqué d’Aqmi revendiquant une tentative d’attentat suicide, le 25 août, contre une caserne de Néma (est de la Mauritanie).
Le texte dénonce "le lâche crime perpétré par un raid aérien de représailles après le cuisant échec (infligé) par les moudjahidine à l’armée mauritanienne, agent de la France de (Nicolas) Sarkozy", président français.
Il accuse l’armée mauritanienne d’avoir tué deux femmes et blessé un homme, des civils selon Aqmi, et d’avoir menti en accusant l’une de ces femmes d’être l’épouse d’un de ses "moudjahid" (combattant).
"Nous disons à l’agent de la France Mohamed Ould Abdel Aziz (président mauritanien) que le bombardement des innocents désarmés et la guerre que tu mènes par procuration à la place de la France est une folie et le sang des deux femmes martyrs (…) ne restera pas impuni", affirme le communiqué.
De violents combats ont d’abord opposé vendredi et samedi dans la région de Tombouctou (nord-ouest du Mali) l’armée mauritanienne à des unités d’Aqmi qui selon Nouakchott, ont fait huit morts dans les rangs de son armée et au moins douze dans ceux d’Aqmi. Puis un avion mauritanien a bombardé dimanche une colonne de véhicules qui, selon l’armée, transportaient des "terroristes".
Au Mali, des témoins et des élus ont affirmé que des civils avaient été tués (deux femmes) et blessés (quatre hommes) dans ce raid.
Larmée mauritanienne a formellement démenti le bombardement de cibles civiles. Une source militaire mauritanienne avait seulement évoqué la mort dans un raid aérien d’une femme présentée comme "l’épouse d’un terroriste".
La Mauritanie va par ailleurs remettre au Mali 20 ressortissants de ce pays arrêtés en février et accusés de "trafic de drogue et de soutien" à Aqmi, selon une source judiciaire.
Le contexte actuel dans les pays du Sahel va donner une toute autre dimension aux fêtes du cinquantenaire de l’indépendance du Mali, ex-colonie française, prévues mercredi, qui doivent rassembler plusieurs chefs d’Etat de la région, dont le président mauritanien Abdel Aziz, attendu mardi à Bamako.
La France, qui s’est alarmée des menaces d’attentats sur son sol, y sera représentée par son ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux.
AFP