La CMA et le paraphe de l’accord de paix : A qui profite la confusion ?

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Mossa Ag attaher
Mossa Ag Attaher

Paraphera-t-elle ? Ne paraphera-t-elle pas ? Voilà les lancinantes questions qui taraudent toujours les esprits de bien des observateurs de la crise malienne après la publication, vendredi, d’un communiqué de la Coordination des mouvements de l’Azawad. La confusion est d’autant plus grande que l’annonce du paraphe, ce 15 avril, de l’Accord de paix et de réconciliation nationale par la CMA avait suscité un réel espoir, un mois et demi après la fin de la deuxième phase des négociations.

La «bonne nouvelle» était d’abord venue du côté de l’Algérie, chef de file de la médiation internationale, lorsque celle-ci a, selon certaines sources, signifié au gouvernement malien la volonté manifestée par les séparatistes de l’Azawad de parapher le document issu du processus d’Alger en mars dernier. C’est donc avec un légitime espoir que le Premier ministre malien avait à son tour réuni, le jeudi 9 avril à la Primature, la classe politique et la société civile. Au cours de ce huit-clos, Modibo Keïta a annoncé à ses interlocuteurs du jour que la Coordination des mouvements de l’Azawad, l’une des principales parties aux négociations dans la crise malienne, était désormais prête à parapher le document à la mi-avril. Le peuple malien et même au delà avait reçu cette information avec un légitime soulagement, tant l’attente a été longue après le paraphe, depuis le 1er mars dernier, de l’Accord par les autres parties, en l’occurrence le gouvernement et la Plateforme des mouvements d’autodéfense. Mais, tout le monde a été pris de court, lorsque l’annonce faite par le Premier ministre a été prise à contrepied par un communiqué de presse de la Coordination, publié le vendredi 10 avril 2015. Dans ce document ficelé à Nouakchott, la CMA affirme avoir été informée par le chef de file de la Médiation, par lettre officielle en date du 06 avril 2015, de l’organisation du paraphe, le 15 avril 2015 à Alger, de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. «La CMA, tout en réaffirmant sa disponibilité à donner toutes les chances à l’aboutissement d’un paraphe, réitère, encore une fois, son attachement à la prise en compte des amendements qu’elle a remis à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal, amendements qui constituent l’essentiel des revendications de l’Azawad.

Par conséquent, la CMA  informe qu’elle ne pourra pas parapher «l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali» dans son état actuel et à la date indiquée», indique en substance le communiqué, signé de Mossa Ag Attaher, membre de la Commission de la communication de la Coordination. Depuis lors, la confusion enfle au sujet d’un éventuel paraphe du document qui devrait être soumis à signature à la fin de ce mois, comme souhaité par le chef de la diplomatie malienne. Mais, comment expliquer cette contradiction entre le chef de file de la médiation et la CMA alors que la date du 15 avril initialement annoncée pour le paraphe de l’accord est censé être le fruit d’une concertation ? Y-a-t-il des mains extérieures derrière cette situation ? Qui a intérêt à entretenir cette confusion ? Ce sont là quelques questions que l’on est en droit de se poser. Si aucune voix officielle n’a jusque-là réagi à ce communiqué de manière expresse, il est tout aussi vrai qu’aucune voix au sein de la CMA ne s’en est officiellement démarquée.

De son côté, le gouvernement a exprimé sa volonté d’aller vite. En effet, le même jour où la CMA pondait son communiqué, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a interpellé le Conseil de sécurité de l’ONU à ne pas se laisser distraire par l’aile radicale de la Coordination qui, dit-il, instrumentalise les populations pour faire croire à la communauté internationale que sa base a rejeté l’accord. «Il est inacceptable que le processus de paix au Mali, espoir de 15 millions de Maliens, soit pris en otage par un groupe d’individus radicaux et extrémistes. Ceux qui, malgré tout, auront choisi de se mettre en travers du chemin menant à la paix, ne laisseront à la Communauté internationale que le choix de les isoler et de les traiter comme tel en leur imposant des sanctions, conformément du reste à la Déclaration de votre Conseil du 6 février 2015», a indiqué le ministre Diop, lors de la présentation du rapport du Secrétaire général des l’ONU sur la situation du Mali. Aussi, le patron de la diplomatie malienne avait-il attiré l’attention de la communauté internationale sur les conséquences du non paraphe de l’Accord par la CMA, avant de s’opposer à une reprise éventuelle des pourparlers.

Il faut dire que si l’on en est encore là, c’est parce que la position de la communauté internationale est des plus ambigües. En effet, elle qui, en janvier dernier, faisait pression sur les différentes parties aux négociations à aller vite vers un accord, ferme curieusement les yeux sur le dilatoire de quelques individus qui prennent en otage tout le processus. Le gouvernement est ainsi victime de sa bonne foi et le peuple attend de manière désespérée.

Bakary SOGODOGO

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2 COMMENTAIRES

  1. Malgré l’ouragan des revers du monde
    Alliés farouchement aux morsures des hommes
    Libre en moi, j’aime
    Irrésistiblement ma patrie.

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