Alors que l’AQMI, qui a reconnu le rapt des employés d’Areva, a fait savoir qu’elle fera connaître « ultérieurement » ses exigences, la France, présente militairement dans la région, a déclaré qu’elle mobilisera tous ses moyens pour les faire libérer.
L’Aqmi a dû certainement attendre que les sept employés d’Areva soient en « lieu sûr » avant de revendiquer leur rapt. Son porte-parole, Salah Abi Mohammed, de son vrai nom Salah Gasmi, trente-neuf ans, « responsable de l’information » dans l’organigramme de l’Aqmi, a fait savoir dans une cassette audio diffusée par la chaîne al-Jazira, que les moudjahidines feront connaître « ultérieurement leurs demandes légitimes ». Il a toutefois averti Paris « contre toute autre stupidité » dans une allusion au ratage de l’opération franco-mauritanienne du 23 juillet dernier visant à libérer Michel Germaneau. Une chose est sûre cependant : les otages sont sains et saufs.
Les otages seraient dans les montagnes du Mali
Certes, Salah Gasmi, qui se trouve quelque part dans les montagnes du nord de l’Algérie, soit à plus de 2 000 km des frontières du Niger et du Mali, n’a pas indiqué où se trouvaient les otages. Mais tout porte à croire qu’ils se trouvent vraisemblablement dans les montagnes du Mali adossées à la frontière algérienne. Et détenus par le groupe de Abou Zeid, quarante-trois ans, de son vrai nom Abid Hammadou, bras droit de Yahia Djouadi, dit Yahia Abou Amar, responsable au sein de l’Aqmi de la zone sahélo-saharienne, connue sous l’appellation d’« émirat du Sahara ». Abou Zeid est derrière le rapt des 32 touristes européens en mars 2003 (libérés contre rançon) et derrière l’exécution du Britannique Edwyn Meyer en mai 2009.
En attendant que l’Aqmi fasse connaître ses exigences, Nicolas Sarkozy a assuré mercredi en Conseil des ministres que tous les services de l’État étaient mobilisés pour obtenir « dans les meilleurs délais » la libération des otages. Sur le plan diplomatique, en visite à Bamako, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui représente la France aux cérémonies marquant le 50e anniversaire de l’indépendance du Mali, a demandé à être reçu par le chef d’État malien, Amadi Toumani Touré, « pour faire le point sur les otages ». Il devra également en discuter avec plusieurs chefs d’État africains présents aux cérémonies. Au plan sécuritaire, une mission des services français serait déjà à pied d’œuvre à Bamako. Toujours dans la capitale malienne, selon le quotidien algérien Al-Khabar, une mission des services algériens serait arrivée ces derniers jours.
Des avions algériens survolent la région
La France a d’ailleurs sollicité l’appui de l’Algérie, qui dispose de bases militaires près du Mali et du Niger. De même qu’elle aurait demandé l’aide de l’armée américaine pour tenter de localiser les otages. Pour l’heure, même si une opération militaire semble exclue tant que les otages ne seront pas localisés et que ne seront pas connus les exigences des ravisseurs, il n’en reste pas moins que Paris a déployé des forces à Niamey (Niger) et au Burkina Faso. En outre, selon plusieurs médias algériens, citant des sources sécuritaires, des avions de reconnaissance algériens survolent la région depuis plusieurs jours.
Le Mali, devenu par la force des choses une base arrière de l’Aqmi, pose un problème sérieux à ses voisins, et ce, en raison du fait que tous les étrangers enlevés dans la région sont emmenés sur le territoire malien. Cette situation préoccupe plusieurs capitales qui, à l’instar d’Alger, suspectent Bamako de ne rien entreprendre contre l’activisme de l’Aqmi sur son territoire sous prétexte qu’il ne dispose pas de moyens. Autre préoccupation, cette décision malienne d’autoriser ses voisins à intervenir sur son territoire contre les groupes de l’Aqmi ! « C’est la porte ouverte à l’ingérence occidentale dans une région convoitée pour la richesse de son sous-sol », estime-t-on à Alger, où les autorités se bornent avant tout à contenir les islamistes aux confins du Niger et du Mali. Le tout sur fond de bruit de bottes.
Hassane Zerrouky
le 23 Septembre 2010