Au fur et à mesure que la date fatidique du 20 juin avance, délai fixé pour la mise en place du MOC, l’opérationnalisation des autorités intérimaires, Kidal redevient invivable, à cause des affrontements intercommunautaires et d’autres violations graves des droits de l’homme et attaques terroristes. Ces violences créées de toute pièce par des partisans du désordre participent d’un plan machiavélique de la Coordination des mouvements armés (CMA), seul maître des lieux, de trouver un subterfuge pour un énième report de ces échéances prévues avant le 20 juin, conformément aux recommandations de la 18e session du Comité de suivi de l’Accord pour la paix.
Le week-end dernier a été particulièrement sanglant dans la région de Kidal, suite à des affrontements intercommunautaires qui ont fait au moins une trentaine de morts, des déplacés et d’importants dégâts matériels, selon des sources concordantes.
En amont de ces affrontements intercommunautaires, la région était en proie au banditisme comme pour préparer le terrain à cette situation dramatique. Ainsi, à Tamanrasset (Algérie) trois individus d’obédience GATIA auraient été expropriés de leurs trois véhicules, le 6 juin 2017, selon des sources concordantes.
Le même jour, l’on rapportait l’enlèvement de cinq éleveurs : Aknay Ag Harouna (65 ans), Hamzatta Ag Sidi Ahmed (30 ans), Baye Ag Abdelkader (32 ans), Rhissa Ag Boujoumgha et Mohamed Ag Bilal avec leurs trois véhicules dans leur campement à Tinalaghay (50 kms ouest de Kidal).
L’enlèvement du véhicule de Tita Ag Bacrene, à Hanoka, un quartier de Kidal ainsi que l’assassinat de Sidi Ag Bilal par des individus armés et à motos à Tifirwen N’Zahra (08 kms à l’ouest de Kidal) avaient également été signalés.
Aujourd’hui, une certaine société civile de la région de Kidal pointe du doigt les groupes armés comme les seuls responsables qui ravivent les tensions intercommunautaires.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et le Groupement d’Auto Défense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA) se rejettent la responsabilité de ces conflits qui ont déjà fait, selon des sources locales, une trentaine de morts et de nombreux dégâts matériels.
Pour les responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, les violations des Droits de l’Homme survenues dans la région de Kidal, cette semaine, ne peuvent pas être considérées comme des affrontements intercommunautaires.
Quant aux responsables du Groupement d’auto-défense Touaregs, Imghads et alliés (GATIA), il prend à témoins le gouvernement du Mali, l’opinion nationale et internationale et l’Algérie en tant que chef de file de la médiation qu’aucun mouvement de troupes n’a été opéré par l’état-major du mouvement à ce jour.
Le GATIA rejette, la responsabilité des malheureux événements en cours sur ceux qui ne cessent de tout mettre en œuvre pour empêcher la libre autogestion des communautés et l’opérationnalisation du MOC tant demandées par toutes les parties.
L’opérationnalisation du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) et le retour de l’administration dans la région de Kidal constituent la meilleure solution pour résoudre les conflits intercommunautaires, affirment-on.
Pourquoi ne pas précipiter le retour de l’administration à Kidal pour faire économie de ces morts, s’interrogent certains observateurs ? D’autres estiment que ces violences ne sont profitables qu’à des groupes qui n’ont pas intérêt à la paix.
Pour rappel, à la fin des travaux de deux jours de la 18e session du Comité de suivi de l’Accord, les parties signataires de l’Accord pour la paix et la Médiation internationale ont convenu de rendre effectif le fonctionnement des autorités intérimaires ; la mise en place du MOC à Kidal, mais aussi, et surtout, le retour de l’administration civile, notamment le gouverneur à Kidal, avant le 20 juin. Par ailleurs, le 20 juin correspond au deuxième anniversaire du parachèvement de la signature de l’Accord par l’ensemble des parties.
Pour faire échouer ce nouveau plan de retour de l’administration à Kidal, la CMA s’adonnerait à son sport favori qui est de semer le désordre dans cette localité et de maintenir le chao.
S’il faut regretter les victimes de ces affrontements, il y a lieu de croire qu’il s’agit d’un plan monté de toute pièce par la CMA qui est habituée à ces genres de retournements de veste pour retarder, encore une fois de plus, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Par Sidi DAO