Des combattants tamasheqs venus de la Libye, après avoir servi aux côtés des forces pros Kadhafi, ont été reçus par une forte délégation conduite par le gouverneur de Kidal, le colonel major Salifou Koné. C’était, le mercredi 19 octobre dernier dans leur quartier général sur le site de Tacalotte, à 35 km au sud de Kidal.
Présentation des officiers pros Kadhafi, défilé des engins… Rien n’a été négligé par ses combattants Tamasheqs venus de la Libye et qui sont armés jusqu’aux dents pour marquer leur présence dans le septentrion. C’était, aux environs de 15h30, lorsque le gouverneur Salifou Koné et sa délégation ont foulé le sol de Tacalotte en provenance de la ville de Kidal.
«C’est ne pas tous les jours qu’on a ce moment fort », martèle un élu local comme pour dire que l’ambiance était au comble.
Après les salamalecs, loin derrière les collines de l’Adrar des Ifoghas, nous apercevrons la poussière des voitures des combattants qui se dirigent vers le lieu de l’accueil. A 500m de là, la longue file des véhicules s’arrête. Seules deux engins avancent vers l’assistance où le gouverneur, le maire et toute la délégation les attendent. Impatiemment. Arrivés juste en face du gouverneur, les deux engins des « Land cruiser V8 » flambant neufs s’arrêtent. Le colonel major Elhadji Gamou enturbanné et portant un verre de soleil, descend de son véhicule et ordonne aux officiers des anciens combattants de Kadhafi de faire la même chose. Ils sont au nombre de 9 officiers parmi lesquels des lieutenants, capitaines, lieutenant-colonel et des colonels. Le dixième officier au grade de colonel est resté aux commandes de la troupe qui compte défiler devant la délégation du gouverneur avec leurs armes. Les combattants se sont présentés au gouverneur de la région de Kidal qui au nom de la nation les a souhaité la bienvenue sur la terre de leur ancêtre. « Nous sommes venus avec des officiers et des soldats. Nous sommes à la disposition de notre pays, dans la paix et nous ne connaissons pas un autre métier que celui des armes. Parmi nous, il y a des gens qui ont passé trente ans dans l’armée de la Libye», déclare le colonel Mohamed AG Bachir un originaire de la ville de Ménaka.
Après cette cérémonie protocolaire, le colonel Major El hadji Gamou donne le feu vert à « bravo1 » (nom donné à la colonne de véhicules des combattants pour défiler devant l’assistance)
Des combattants qui défilent les armes au point
Parmi la cinquantaine de véhicules ayant défilé, au moins il y a une trentaine sur lesquels sont fixés des armes de différents types.
Dans ce cortège de véhicules, il y a deux camions qui transportent des vivres et une citerne d’eau. Parmi les voitures des combattants qui ont défilé, se trouvent celles de l’armée régulière transportant des tamasheqs de l’armée malienne et aussi des voitures des civils. Le nombre officiel des combattants venus ce jour là est estimé à 400 hommes par les organisateurs, mais il est difficile d’affirmer ce chiffre car les combattants ont été mélangés avec des civils et des éléments de l’armée régulière. «Ces combattants ont voulu être avec l’Etat et nous essayons de gérer leur sort. Ce sont nos enfants qui n’ont pas voulu renier notre pays et je suis sûr que le président de la République va tout faire pour les encourager », affirme le colonel Major Elhadji Gamou avec une mine de satisfaction après plusieurs mois de tractations. Et d’ajouter « c’est un effort collectif de toutes les communautés. Nous avons fait des grandes réunions, nous avons pris des engagements et nous remercions les enfants (combattants) de notre pays. Cet acte est jugé salutaire par tous les participants à cette rencontre ».
Par ailleurs, d’autres combattants se sont rétractés dans le grand désert en boudant la dite rencontre : « Le Mali est un pays de droit et de dialogue et toute personne qui déclare la guerre au Mali, il nous la déclare et nous allons défendre notre pays à tout prix », avertit le colonel-major Elhadji Gamou.
Nous avons rencontré les combattants dans leur fief après le défilé. Ici, on ne fait confiance à personne et les combattants ont commencé à monter des sentinelles. « Certains éléments qui sont là sont de l’armée régulière », nous confie un membre de la délégation. Mais après quelques instants de conversation, nous constatons que tous les combattants ont du mal à parler leur langue maternelle. Rare sont ce qui parle le tamasheq. « Parle nous arabe, on ne comprend pas ce que tu dis », nous lance l’un d’eux curieux de savoir ce que nous sommes venus leur dire. Mais l’entretien fut rapidement interrompu par un autre combattant plus âgé. « S’il vous plaît laissez-nous, nous reposer un peu. Nous ne voulons pas être médiatisés, nous voulons juste la tranquillité et être en paix » signale notre interlocuteur, dans un dialecte de l’arabe libyen. Le vendredi 21 octobre, une délégation forte de six ministres a rendu une visite à ces combattants tout en leur donnant un chèque de 50 millions de francs Cfa, 50 tonnes de riz, 500 cartons de dattes. Aussi, un autre groupe est installé à 40 km au nord est de Kidal sur le site de Taneynate dont le commandant est Sidilama Ag Imikal. Ce groupe de combattants est aussi ouvert au dialogue avec le gouvernement dont ils ont d’ailleurs rencontré les ministres à Kidal, le vendredi dernier
Baba Ahmed,
Envoyé spécial à Kidal