«Dispositions générales relatives à la réglementation de certains secteurs». C’est l’intitulé d’un document signé le 30 janvier 2019 par Alghabass Ag Intalla. «Nous avons vu le document et nous sommes au courant, mais tout ce qui se fait à Kidal est fait de façon concertée. Il y a la Cma qui sécurise la ville de Kidal, Aguel Hoc et Takalot sont surveillées par le Gatia». C’est ce que le gouverneur de la région de Kidal, Sidi Mohamed Ag Ichrach, nous a confié.
Le document de la Cma indique : «Pour la mise en œuvre de la politique générale de la Cma qu’adjure sa structuration, la nécessité s’impose de la mise en place d’un arsenal règlementaire régissant la vie courante de la société, adapté à ses cultes, à ses us et coutumes. Cette réglementation fait une classification tripartite des catégories d’infractions à savoir : les contraventions, les délits et les crimes. Les contraventions sont réprimées par les services de répression et en rendent compte au Cadis à travers un procès-verbal (PV).»
Cette situation n’est rien d’extraordinaire à en croire le gouverneur de région. «Nous travaillons de façon concertée avec les groupes armés ; nous les observons mais ils ne peuvent pas entraver la vie des citoyens. Le jugement des candidats concerne des délits mineurs, mais les crimes sont traités autrement, parce que le juge est à Gao», déclare le gouverneur de Kidal. Avant de déplorer le fait que ce soient les groupes armés qui sécurisent aujourd’hui l’intérieur de la ville de Kidal.
«Nous n’avons pas de police, ni de gendarmerie. Donc c’est forcé que la Cma et le Gatia régulent la vie dans les localités. Parce qu’il y a souvent aussi des départages. Chaque matin, ce sont des boutiques et des commerces qui sont braqués. Il y a l’indiscipline des gros porteurs et autres camions. Donc il faut une restriction dans la ville», avoue Sidi Mohamed Ag Ichrach, gouverneur de la région de Kidal.
La règlementation de la Cma régit un certain nombre de domaines : «le défaut de permis de conduire, le permis de conduire non conforme à la catégorie de l’engin conduit, l’excès de vitesse dans les agglomérations, le chargement volumineux. Au plan des stupéfiants et alcools, la consommation et la vente des stupéfiants, l’incitation et facilitation d’accès à l’usage des stupéfiants au public (liquides ou solides), l’exposition des stupéfiants dans les lieux publics (établissement public ou privé), la vente et la consommation de l’alcool, les manifestations, le meeting ou le sit-in doivent faire l’objet d’une demande écrite précisant la nature et le calendrier de l’évènement, adressée au Bureau régional de la Cma qui en donnera suite».
Désormais, les activités nocturnes ne sont plus autorisées et le séjour pour les étrangers est concerné par la réglementation. «Chaque étranger doit avoir une pièce d’identité de son pays d’origine, avoir un tuteur local, être muni d’un permis de séjour de la Cma en cours de validité, l’exploitation des mines par des étrangers n’ayant pas de tuteurs locaux. Les organes de répressions de la Cma concernés sont chargés chacun en ce qui le concerne de l’exécution correcte de la présente décision dans le respect du droit», conclut le document de la Cma.
«Vu de loin, c’est difficile, mais avec la situation à Kidal, c’est normal parce que il y va de la sécurité de nous tous. Je ne vois rien de désobligeant dans la mesure, tout a été fait avec le gouverneur, les partenaires (Minusma, Barkhane) et les autres sont informés. Kidal c’est la Cma, le Gatia fait la même chose à Aguel Hoc et Takalot», nous confie Dindy Walet Hachim, très joyeuse habitante de Kidal.
«Ce n’est pas du tout une bonne chose parce que ça sera un Etat dans Etat. Seulement, nous ne pouvons pas hausser le ton étant dans la ville de Kidal, sinon les bandits de Kidal et les braqueurs, ce sont les combattants de la Cma. Sur la route Gao-Kidal, à partir d’Anefif, c’est la Cma qui contrôle. Et c’est toujours des tracasseries et des difficultés avec les combattants de la Cma», rapporte un transporteur qui a requis le sceau de l’anonymat.
Si les autorités de Bamako ne sont pas au courant de cette décision, le gouverneur de Kidal est formel : «Nous allons continuer à veiller et travailler avec les groupes armés main dans la main, parce que la situation actuelle l’impose. Le reste va venir avec le temps et l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation», affirme Sidi Mohamed Ag Ichrach, gouverneur de la région de Kidal.
Kassim TRAORE