Kidal : L’infortune des chauffeurs de l’administration publique

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Les conditions de travail des chauffeurs au service de l’Etat à Kidal ne sont pas enviables. En plus de cumuler plusieurs fonctions, ils (ces chauffeurs) sont parmi les plus mal lotis des services de l’administration publique. Suivez notre regard ou plutôt notre plume.

Si les autres travailleurs : enseignants, médecins, avocats… ont la latitude de revendiquer leurs droits, tel n’est pas le cas des chauffeurs de l’administration publique et privée de Kidal, au risque de se retrouver sans emploi….ou subir les foudres et autres propos d’intimidation de la part de leurs chefs.

L’un d’eux, au cours d’une mission à Bamako, a décidé de s’en ouvrir à nous. Ses témoignages accablants sont à la mesure de l’infortune de ses collègues, du mépris de leurs droits les plus élémentaires et de la cruauté de leurs chefs. Tenez, à en croire notre interlocuteur, les missions des chauffeurs (qui devraient accompagner en ces occasions leurs chefs) durent plus qu’il n’en faut, et, sans aucune une prise en charge conséquente. Certains directeurs de service n’hésitent  guère à faire plus de deux semaines en mission à Bamako, quand bien même sur l’ordre de mission, il n’est indiqué que 5 ou 6 jours. Et le plus souvent  sans le chauffeur attitré, car ces chefs de services ont trouvé l’ingénieuse astuce de se débarrasser de leurs chauffeurs une fois arrivés à Gao, pour ne continuer que seuls la mission à Bamako. À la veille du retour, le patron contacte son chauffeur qui vient  l’attendre à la sortie de Gao, pour le ramener à Kidal. Parce que, selon notre interlocuteur, seuls les chauffeurs maîtrisent les pistes du désert entre Gao et Kidal. S’ils ne cumulent pas à la fois les fonctions de mécanicien et de guide sans aucune indemnité en retour pour service rendu en dehors de leur profession. Et pourtant, aux dires de notre interlocuteur (lui-même chauffeur), les chauffeurs de Kidal sont des chefs de familles qui ont laissé leurs familles à Bamako, Ségou, Gao, Tombouctou, pour se rendre à leurs services respectifs à Kidal. Mais pourquoi tant de discriminations, s’est-il interrogé.

Les chauffeurs de Kidal interpellent les autorités

La médiocrité des conditions des chauffeurs travaillant à Kidal au compte de l’Etat est perceptible à leur tenue de travail, du moins s’ils en ont,  au mépris de la lettre circulaire que le ministre du Travail, de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, Abdoul Wahab Berthé, a envoyé aux chefs de service de Kidal ; dans laquelle, il a instruit à ceux-ci de doter les chauffeurs de tenue de travail (soit deux par an). Mais rien n’y a fait. Quant aux réformes des véhicules de services publics, les chauffeurs sont disqualifiés bien qu’ils remplissent les conditions.  Ils ne sont donc pas logés à la même enseigne que ces chefs de services dont la première préoccupation, après leur prise de fonction, est de pouvoir disposer  d’un véhicule à la prochaine réforme. Ainsi, après des dizaines d’années de service, le pauvre chauffeur de la 8ème région du Mali se retrouve avec les mains vides. Conséquence : l’amertume des chauffeurs d’ici n’a égal que leur souffrance. Et pourtant, imaginez  le danger que représente un chauffeur du budget (service du budget), qui vivote et doit tout de même aller chercher les fonds (salaires des fonctionnaires de la région, ou autres dépenses) à Gao, et si ce dernier vendait  la « mèche » aux bandits… Avez-vous besoin d’un dessin pour comprendre ?   

Ahmed Tounkara

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