Selon les explications des organisateurs, « Mali-Mètre » est un instrument d’analyse socio politique qui a pour objectif d’orienter les décideurs politiques et les acteurs de la société civile ainsi que ceux de la communauté Internationale, afin de mieux intégrer les perceptions des maliennes et des Maliens dans leurs activités respectives. Pour le représentant résident de la Friedrich Ebert Stiftung, cette édition « Mali-Mètre » a pu être réalisée pour la première fois à Kidal. On y a intégré les cercles de Ménaka et Gao pour les besoins de comparaison de donnés.
Ainsi donc, cette édition spéciale de « Mali-Mètre » est un regard porté vers les régions nord du Mali et se veut, à l’instar des éditions précédentes, un outil à la disposition de tous les acteurs sociopolitiques du Mali. Ces résultats de « Mali-Mètre » spéciale édition permettent une comparaison des perceptions des citoyens des localités d’enquêtées, mais également avec les éditions antérieures de « Mali-Mètre ». La présentation de ce rapport du Fes se tient à un moment où les autorités maliennes se trouvent à Alger pour les pourparlers inter-maliens en vue d’une paix durable et définitive.
Pour le chargé de programme du Fes, Abdourhamane Dicko, ce numéro spécial de Mali Mètre a pour objectif de sonder l’opinion des populations de Gao, Kidal et Ménaka sur diverses questions d’actualité, sur les institutions de la République, notamment le président de la République, le Gouvernement, les négociations d’Alger, les capacités de sécurisation et de stabilisation du Mali, des régions du nord en particulier, par les forces de défense, Barkhane et la Minusma. Il a aussi concerné le dialogue et la réconciliation, le financement du développement national, les conditions du succès d’un futur accord global de paix, ainsi que la contribution de la communauté internationale.
L’enquête a aussi porté sur l’organisation des élections communales. Selon M. Dicko, les résultats des éditions précédentes de Mali Mètre sont assez édifiants sur toutes ces questions et pour chacune des régions, à l’exception de Kidal où les enquêtes n’ont pas été conduites pour des raisons de sécurité. Le choix de la ville de Ménaka se justifie pour sa situation politico-sécuritaire quasi identique à celle de Kidal, caractérisée par la domination des groupes armés dans ces localités. Enfin, l’enquête à Gao doit permettre de réaliser une analyse comparative des réponses.
Pour le président de la République et le chef de Gouvernement, l’enquête dégage que la proportion des citoyens qui font confiance au président de la République est de 69% à Ménaka, 62,6% à Gao et 41,2% à Kidal. Dans cette ville, la majorité, soit 47% déclare ne pas lui faire confiance.
Quant au Gouvernement et le Premier ministre sortant, M. Moussa Mara (l’enquête a été réalisée lorsqu’il était encore Premier ministre), les résultats indiquent qu’une majorité importante des citoyens à Ménaka (92%) et à Gao (75,8%) leur fait confiance, contre une minorité de 26,9% à Kidal.
Pour les négociations, les habitants de la ville de Kidal se sont plus prononcés en faveur de cette option (94,6%) que ceux de Gao (79,7%) et de Ménaka (63,5%). A Ménaka, plus des tiers de la population s’opposent à la négociation du gouvernement avec les groupes armés. Plus de 80% des enquêtés dans chacune des zones de l’étude ont plus confiance, ou juste confiance aux négociations. Une majorité des enquêtés à Kidal (51%) considère que ce sont les groupes signataires de l’accord de Ouagadougou (Mnla, Hcua et Maa) qui doivent participer aux négociations, tandis qu’à Ménaka, plus de 90% sont favorables à la participation de tous les groupes armés.
Concernant la participation de la société civile, la majorité des habitants de Ménaka est favorable (58%), contre seulement une minorité forte à Gao (43%) et très peu de personnes à Kidal (10%). Du contenu des négociations, le conférencier dira que si à Gao et Ménaka le développement des régions du nord et le désarmement des groupes rebelles sont prioritairement cités, à Kidal l’accent est plutôt mis sur le statut particulier, l’indépendance ou l’autonomie de ces régions.
Selon lui, les points non négociables les plus fréquemment cités par la majorité des enquêtés et dans les trois zones est la préservation de l’intégrité territoriale du Mali. Et la grande majorité des résidents de la ville de Kidal (81%) pense que les négociations déboucheront sur un accord de paix, contre 62% à Gao, et 68% qui partagent cet espoir d’intégration des groupes armés.
M. Dicko d’ajouté que d’une manière générale, les populations ne sont pas favorables à l’intégration de tous les combattants rebelles dans l’armée et l’administration.
Bakary M. Coulibaly