Plus besoin de dire que la communication gouvernementale est lamentable. Car le président IBK, lui-même l’a déjà reconnu comme telle, dans une interview accordée à ‘’Jeune Afrique ‘’, avant que ses ministres ne le confirment avec les derniers événements survenus à Kidal. En plus de Kidal, les groupes armés peuvent aussi se targuer d’avoir remporté la victoire de la communication.
Du 17 au 21 mai les armes ont crépité dans l’Adrar des Ifogas. Résultats : les FAMa ont perdu toutes leurs positions dans la ville de Kidal et certaines de ses localités, avec plusieurs pertes en vies humaines. Une cinquantaine, de morts dans les rangs des FAMa, à en croire le dernier communiqué du ministère de la défense et des anciens combattants, livré hier. Et depuis, le gouvernement malien n’a cessé d’étaler ses carences en communication, sur la place publique. Entre, le premier ministre, Moussa Mara, le ministre de la défense et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, le ministre porte parole du gouvernement, Mahamane Baby, le ministre de l’économie numérique et de l’information, Mahamadou Camara, et Zahabi Ould Sidi Mohamed, le ministre de la réconciliation nationale, les Maliens ne savent plus à qui croire, autant leurs déclarations sont contradictoires sur les questions du Nord que mal colportées. Pour preuve, le couac qui aura le plus retenu l’attention de l’opinion nationale et internationale, et qui continue d’alimenter la polémique est celui fait par le premier ministre, Moussa Mara, au sujet de : qui a donné l’ordre de combattre aux FAMa ? « L’ordre n’a pas été donné par le politique, mais nous n’allons pas jeter notre armée en pâture…» dit-il dans une malencontreuse confidence faite à la presse, le jeudi 22 dernier. Une déclaration inopportune avec des conséquences désastreuses. Question : Et si l’armée avait remportée la victoire? Probablement, ce débat n’aurait pas lieu. Encore moins, l’opposition n’allait pas oser demander la démission du premier ministre, Moussa Mara.
Quant au ministre de la réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, il s’en mêle les pédales sur le plateau de la chaîne de TV nationale, ORTM, tout en affirmant que « Les 1500 militaires n’ont pas été mêlés aux combats, il y avaient que quelques 300 hommes chargés d’assurer la sécurité des populations ». Cela prête à rigoler. Lorsqu’on sait que son collègue de la défense et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, avait déjà confirmé la présence des 1500 hommes dans l’opération de ‘’sécurisation’’ ou de libération de Kidal, lancée par les FAMa dans la journée du mercredi 21 mai vers 10H 30. Cependant, le ministre de la communication, Mahamadou Camara, comparativement à ses collègues s’en est bien sorti. Même si auparavant, il avait annoncé dans la précipitation sur son compte Twitter, la récupération du gouvernorat et la demande de Cessez-le feu, lancée par les groupes armés.
Interrogé par les journalistes des chaînes internationales TV5 monde et France 24, sur celui qui a donné l’ordre aux militaires maliens d’aller à Kidal ? Le Ministre Camara répond : « Kidal n’est pas une enclave, c’est une partie du Mali et les militaires maliens doivent être présents sur l’ensemble du territoire nationale ».
Aux dernières nouvelles, deux chefs militaires auraient été rappelés à Bamako, pour probablement situer leurs responsabilités dans l’ordre d’attaquer. Si cette nouvelle se confirme, sans le vouloir ou le savoir le premier ministre a déjà jeté son armée en pâture et sa déclaration ne peut profiter qu’aux partis d’opposition qui réclament désormais sa tête. Mais le plus réconfortant, c’est que, malgré le revers, le peuple malien reste plus que jamais uni derrière son armée. Faut-il le rappeler toutes ces polémiques interviennent au même rythme que les marches de soutien aux FAMa.
Lassina NIANGALY