Kidal : La complicité des forces internationales

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Nord du Mali
Des soldats de la Minusma au Mali. (photo archives)

Le Premier ministre malien, Moussa Mara a effectué une visite mouvementée le samedi 17 mai 2014 à Kidal, ville située à 1500 km au Nord-Est de Bamako. Une localité considérée comme le fief des groupes armés indépendantistes touaregs du MNLA avec leurs alliés de MAA et HCUA. La visite du chef du gouvernement malien dans cette petite localité, mais pleine de symbole, s’est passée sous haute tension.

 

Depuis le matin, dans la ville, des échanges de tirs ont lieu entre les Forces armées maliennes (Fama) et les groupes armés, notamment le MNLA, hostiles à la présence de l’administration malienne dans cette partie du territoire dont ils revendiquent l’indépendance ou l’autonomie.

 

Un militaire malien a péri dans l’incendie d’un véhicule dans le centre-ville de Kidal et 23 autres ont été blessés dont deux graves lesquels ont été évacués.

Le chef du gouvernement malien, Moussa Mara, est arrivé aux environs de 12h30mn à bord d’un hélicoptère de la Minusma, à la base régionale des casques bleus des Nations Unies au Mali, c’est-à-dire le camp 2 de Kidal.

 

Il s’est ensuite rendu au camp 1, où se trouve l’armée malienne, pour s’incliner devant le corps du soldat tué dans les combats. Le Premier ministre a été contraint de passer la nuit à Kidal par le fait des conditions météorologiques, mais sans que les populations ne sachent même qu’un Premier ministre était dans leurs murs.

 

Après de violents combats, les assaillants du MNLA ont finalement pris le contrôle du gouvernorat où ils ont enlevé une trentaine de fonctionnaires.

 

C’est dire que la journée du samedi aura été une véritable humiliation pour le Mali à Kidal où les groupes armés ont administré une belle gifle à l’honneur du Mali.

 

A Bamako, des manifestations spontanées ont eu lieu dans la nuit du samedi au dimanche où les manifestants ont dénoncé la complicité de l’Opération Serval et de la Minusma avec les groupes armés.

 

Deux véhicules de la Minusma ont même été momentanément retenus par les manifestants lesquels ont été ensuite dispersés par les forces de sécurité.

 

La Minusma a d’ailleurs condamné fermement la violence à Kidal dans un communiqué. Des actes de violence qui ont commencé depuis la veille par des manifestations au niveau de l’aéroport de Kidal et lesquelles auraient occasionné aussi 19 blessés légers parmi ses FPU (Formed Police Unit) et 7 parmi les manifestants.

 

Pour la représentation Onusienne au Mali, de tels développements sont contreproductifs et contraires à la volonté du peuple malien qui aspire à la paix et à une stabilité durable.

La Minusma appelle les parties concernées à assurer une cessation immédiate des actes de violence et le retour au calme.

 

Conformément à son mandat, la Minusma dit encourager les parties concernées à tirer profit de la visite du Premier ministre Moussa Mara pour engager des discussions constructives afin de faire progresser le processus de réconciliation, le dialogue inclusif, et de renforcer le retour de l’administration sur tout le territoire malien.

 

Dans tous les cas, après ces incidents, des enseignements doivent être tirés par les pouvoirs publics. A commencer par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.

Depuis son arrivée au pouvoir, le président malien n’a enregistré d’abord aucun acquis consistant à Kidal, qui est le principal enjeu du conflit au nord du Mali. Il n’avait réussi qu’à faire passer les locaux du gouvernorat et de la station de l’ORTM sous le contrôle du pouvoir central et puis…..rien.

 

Un acquis dont nous venons de nous rendre compte de sa précarité. Il a suffit les moindres frictions entre Forces armées maliennes et les rebelles pour que le gouvernorat passe sous contrôle des assaillants. La raison de cette précarité est surtout due à notre incapacité militaire à garantir cet acquis plus ou moins symbolique. Notre présence militaire est insignifiante et les forces qui y sont présentes le sont depuis la période de la transition. Les autorités légitimes n’ont réuni à renforcer ni cette présence militaire ni ses capacités opérationnelles.

 

Evidemment, une petite armée de quelques 200 personnes ne peut rien contre des centaines d’assaillants.

 

Ce qu’on peut aussi retenir de ces affrontements du samedi qui ont pris l’allure d’une défaite pour les troupes loyalistes, c’est la passivité voire la complicité des forces internationales : la Minusma et l’Opération Serval. Ces forces qui empêchent l’armée malienne de se déployer convenablement dans ce bastion touareg, n’ont rien fait pour empêcher l’escalade de la violence entre les deux belligérants. Où étaient les forces de la Minusma qui sont censées nous accompagner dans le processus de paix ?

Pourquoi les forces Serval ne sont intervenues qu’au lendemain des affrontements pour essayer de trouver un cessez-le-feu ?

 

Est-ce que c’était une manière pour la communauté internationale de nous humilier afin de nous contraindre à la négociation ? Autant de questions auxquelles il va falloir trouver des réponses.

 

Yattara Ibrahim

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1 commentaire

  1. Absence d’État et désarroi d’un peuple

    Samedi dernier le premier ministre malien Moussa Mara comptant naïvement sur des forces étrangères présentes au nord du Mali dans le cadre de la Minusma, s’est rendu à Kidal alors que les préalables de sa propre sécurité et de celle de sa délégation n’étaient pas réunis.

    S’étant affaibli tout seul en mentant devant les députés sur l’achat inutile et inopportun d’un avion présidentiel, il a voulu joué un coup politique pour raviver la fibre patriotique des maliens sur l’affaire de Kidal mais Mara a ignoré totalement les B.A-BA de la sécurité publique.

    “On a été surpris” a-t-il dit à Gao de retour de Kidal, avec un air bonasse.

    En effet, la région de Kidal est truffée de bandits armés qui collaborent étroitement avec ceux que le Mali appelle des “partenaires” (les soldats français de Serval et onusiens de la Minusma).

    Ceux-ci n’ont jamais caché depuis janvier 2013 leur traitement de faveur à un groupe armé indépendantiste devenu autonomiste qui s’appelle le Mnla et qui est fortement implanté en Europe.

    Ces “partenaires” du Mali, se basent sur une vision ethnique et culturelle du Mali basée sur la couleur de peau pour justifier ce traitement de faveur qu’ils veulent coûte que coûte accorder aux touareg et aux arabes maliens au nord du Mali.

    “Kidal fief des touareg” revient constamment dans le discours des politiques, des médias et des militaires français sur le Mali alors que le président Hollande avait justifié l’intervention militaire de l’armée française au Mali en janvier 2013 comme étant une opération devant “aider un pays ami à recouvrer son intégrité territoriale”.

    Ce Mali qui est présenté comme le seul succès de la politique extérieure voire de la politique tout court du régime de François Hollande est en réalité un chaudron aujourd’hui aussi brûlant qu’en janvier 2012.

    La seule différence entre 2014 et 2012 c’est que des troupes étrangères sont présentes et sont témoins de l’impuissance actuelle de l’état malien comme c’était d’ailleurs le cas du temps d’ATT en 2012.
    Sinon les bandits armés sont tout aussi lourdement armés et sont tout aussi libres de leurs mouvements qu’il y a 2 ans.

    Dans ces conditions seule une armée malienne forte et combattante peut aider le Mali à s’en sortir sinon il court directement vers une autonomie de ces régions nord ou tout au moins de celle de Kidal.

    Les images de l’arrivée de la trentaine de personnel administratif de Kidal à Bamako Senou et les assassinats lâches et hautement symboliques des préfets des différents cercles de la région de Kidal est la pire manifestation de l’impuissance de l’État malien et une cuisante défaite d’IBK semblable à Waterloo.

    Alors que ces groupes armés qui défont régulièrement nos forces armées à Kidal ont été battu à quatre reprises par le Mujao (dont les combattants sont constitués de quelques centaines de bergers) à Gao, Ansongo, Menaka et El Halil entre juin 2012 et janvier 2013 au point qu’ils s’étaient réfugiés au Burkina Faso et en Mauritanie.

    On se pose la question pourquoi un État malien avec plus de 175 milliards de FCFA annuels de budget de défense est incapable de mettre sur pied une armée de combat pour se défendre et défendre son intégrité territoriale après deux ans de crise?

    On n’a tous compris le laxisme et la naïveté du régime ATT dans la gestion de la crise du nord et dans sa gestion de l’armée malienne.

    Mais après l’humiliation de 2012 et 2013 nous ne comprenons pas le passivité et le suivisme du régime IBK dans sa gestion du nord et de l’armée malienne alors qu’il a bénéficié de la confiance de 77% de l’électorat malien pour rendre au Mali son “honneur”.

    Nous avions tous compris après 2012 que notre armée malienne avait besoin d’une restructuration complète et urgente (recrutement, formation, équipement, commandement, gestion des carrières, avancement en grade, logistique, renseignement, stratégie, conditions de vie et de travail de nos troupes au front, etc).

    Mais après deux ans et surtout autant d’aides étrangères, nous n’avons pas compris pourquoi cela ne s’est pas fait ni sous Dioncounda ni sous IBK.

    Nous avons vu un Dioncounda se cacher derrière une bande de soldatesque de Kati qui s’autoproclamait soldats de la “restructuration”de l’État et “reformateurs” de l’armée, alors qu’elle s’est avérée être une jouisseuse assassine championne du monde des charniers qu’autre chose.

    Nous avons vu un IBK et son Boubeye se cacher derrière des missions de formation militaire de l’union européenne, tout en se hissant en destructeurs attitrés de missiles défectueuses de l’armée sans jamais changer en profondeur cette armée et le transformer en armée de combat.

    En même temps, on a vu, la promotion éhontée de la famille et belles familles IBK et son goût inconsidéré et indécent pour le luxe clinquant et les dépenses inutiles au sommet de notre État.

    Depuis septembre 2013, l’État malien ne s’est donc pas intéressé à l’essentiel c’est à dire se doter d’une armée de combat pour l’affirmation de sa souveraineté perdue.

    IBK et son régime ont privilégié des voyages et des communications tape à l’œil au détriment du renforcement de l’État malien et de ses moyens de défense.

    Alors qu’en même tant nos ennemis continuent de se renforcer au nord et étoffent leurs liens diplomatiques et militaires dans le monde.

    Quand l’ennemi se renforce il faut que nous nous renforçions aussi.

    Mais ni IBK ni Boubeye ni Sada Samaké ni Mara n’ont pas compris cela.

    Ils ont choisi de compter sur les autres forces étrangères au Mali et se sont fier aux beaux discours des étrangers à travers leurs interminables voyages inutiles dans le monde.

    Ils ont oublié nos soldats et leurs conditions de travail et de vie.

    Le chef d’état major des armées d’IBK, en tournée au nord, a même craché au visage de nos troupes que l’une de leurs primes allait disparaître.

    Cela n’est pas rassurant et cela ne rassure pas nos soldats déjà dans des conditions précaires qui affrontent l’ennemi avec des moyens limités.

    Il fallait corriger cela et renforcer nos troupes à Kidal et rendre la sécurité optimale en leur mettant dans les conditions idoines et en alerte maximale avant de s’y rendre.

    Mais Moussa Mara et Boubeye ne l’ont pas fait.

    Ils ont préféré le tape à l’œil à Kidal ils ont eu le tape à la tête et c’est le Mali entier qui est humilié en voyant ces administrateurs revenir de l’enfer de Kidal sur le tarmac de l’aéroport de Bamako Sénou.

    J’espère très sincèrement que nos autorités tireront les leçons de cette épisode malheureuse de cette crise et commenceront vraiment à mettre sur place une vraie armée de combat au lieu de se blottir contre des négociations et des dialogues politiques dont tout le monde sait qu’ils ne mèneront à rien dans cette crise sauf à humilier davantage le Mali.

    Wa salam!

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