L’Association malienne pour la paix et le Salut (Amps), l’Ambassade des Etats-Unis et Spirit McCann ont conjointement organisé le 19 février 2014, une « journée de dialogue interreligieux pour dénoncer les exactions des terroristes pendant l’occupation des régions nord du Mali ». La journée s’est déroulée dans la salle Fanta Damba Tjini du Cicb, en présence d’un public de religieux (musulmans et chrétiens) et des leaders religieux dont Thierno Hady Aboubacar Thiam, président de l’Amps, l’Imam Ousmane Chérif Madani Haïdara, les représentants des Eglises catholique et protestante, ainsi que l’Ambassade des Etats-Unis. L’Agence Spirit McCann était représentée par son Manager Sidi Dagnoko.
Cette journée s’est déroulée autour des vidéos réalisées sur les témoignages des victimes de sévices perpétrés par les extrémistes religieux, qui ont occupé le nord du Mali. Quelques extraits de films sur les flagellations exécutées par le tribunal islamique sur des présumés auteurs d’adultères ont été projetés en présence d’une assistance visiblement choquée. Ainsi que des témoignages d’enfants soldats. L’objectif de cette projection était de recueillir les avis éclairés des participants, sur ces pratiques, et de dire, si elles sont conformes à l’islam ou pas. Les réponses ont été sans ambages : les pratiques de flagellations, de mutilations et toutes autres peines appliquées par les occupants, appelés ‘’islamistes’’ ou ‘’Jihadistes’’, relevaient du terrorisme, au nom de l’Islam et par des gens qui avaient autre agenda que l’Islam. Pour l’Imam de la mosquée du Centre islamique, on ne peut se lever et spontanément décréter l’application de la charia, sans y être habilité. Un point explicité par Thierno Hady Aboubacar Thiam. Il a expliqué comment le prophète Mohamed (PSL) a proscrit les atteintes à l’intégrité physique de l’être humain. Ainsi pour toute application de sanctions corporelles, il est nécessaire que cela se fasse par une structure habilité par les pouvoirs constitutionnellement admis, et qui applique la loi. Selon lui, même dans un Etat islamique, l’application de la charia relève de la justice qui doit d’abord autorisé que la peine soit appliquée.
De son côté, Thierno Hady Oumar Thiam a déploré le phénomène des enfants soldats au moment de l’occupation Jihadiste, mais dont la responsabilité incombe à l’Etat qui n’a joué son rôle dans la prise en charge des enfants non scolarisés. L’Imam Ousmane Chérif Haïdara a mis l’accent sur la tolérance religieuse en soutenant que c’est après avoir réfléchi qu’on décide d’être musulman ou chrétien, croyant que c’est cela la voix qui mène au paradis. Et Dieu sachant qui est sur le bon chemin et qui ne l’est pas a laissé chacun suivre son chemin. Alors pourquoi un homme va-t-il force un autre à abandonner la voie qu’il aura choisie pour la sienne propre? Selon chérif Haïdara, chacun doit prendre sa religion comme sa marchandise et la vendre aux autres en les y attirant, et non s’imposer par la force, car le prophète a été tolérant face aux chrétiens. Aucune des peines appliquées par les Jihadistes ne répond aux prescriptions islamiques, selon lui. Les islamistes n’ont agi que pour leurs propres salaires et non pour l’Islam. Ousmane Chérif Haïdara s’est félicité d’être parmi les premiers à dénoncer ces déviations et à aider l’armée malienne pour mener une lutte implacable contre les ennemis de l’Ismlam que sont les Jihadistes du nord Mali.
B. Daou