Tout comme leur signature, la mise en oeuvre des très impopulaires accords du 4 juillet continue de soulever des vagues de remous sociaux. La récente revendication des rebelles qui est d’évacuer le dispositif militaire loyaliste susciterait apparemment des états d’âme au sein de la grande muette. Mais, à vrai dire, y a-t-il de quoi ?
De leur base de Tégharghart, Iyad et ses frères continuent de mettre la pression sur l’Etat malien, sous le regard impassible du médiateur algérien. La condition posée par les rebelles concerne essentiellement le retrait des renforts militaires dépêchés à Kidal au lendemain de l’attaque du 23 mai. Le pouvoir qui a manifestement capitulé commence à envisager un allégement du dispositif militaire dans l’Adrar des Iforas.
Inacceptable disent certains officiers qui voient en cette décision du général président une erreur grave. Des hommes de rang se disent également dépassés par la gestion de cette affaire par le politique. En tout cas, les accords d’Alger n’ont rien perdu de leur impopularité dans les casernes en dépit de la forte sensibilisation entreprise par les autorités militaires pour les expliquer. Certains ont toujours du mal à cacher leur déception quant à la gestion de l’affaire.
Jamais l’état d’esprit de la troupe n’a été affecté de cette manière, a constaté un habitant de caserne. Si des chefs militaires ont eu recours à la sensibilisation pour disent-ils expliquer les accords dans les camps, c’est que ça ne va pas. Car, dans l’armée, on n’a pas besoin de sensibiliser ses subordonnés, on donne des ordres et ils s’exécutent, a expliqué notre interlocuteur. Avant de conclure : ‘’ils se reprochent quelque chose. Ils ce sont les chefs militaires qui ont en charge la gestion de la situation de Kidal. Sinon comment comprendre que des hors-la-loi demandent et obtiennent tout ce qu’ils désirent sans faire de leur côté la moindre concession ?’’
Aller jusqu’à demander le retrait de l’armée régulière d’une partie du territoire national, cela est inacceptable et suscite de plus en plus des interrogations au sein de toutes les couches sociales au Mali actuellement.
Au sein des forces armées, même si on est tenu de se soumettre aux ordres d’un supérieur hiérarchique, des voix commencent à s’élever pour dénoncer cette décision du pouvoir qui, selon une bonne source, commence effectivement à alléger le dispositif militaire stationné dans l’Adrar des Iforas. D’ores et déjà, des engins militaires ont été aperçus aux environs de Gao sur le chemin de retour. C’est dire que le général président Amadou Toumani Touré et son ministre de l’Administration territoriale, le général Kafougouna Koné, sont en train de céder au chantage de ces hommes sans foi ni loi.
Place alors à l’unité spéciale composée exclusivement d’éléments touareg pour assurer la sécurité de la république de Kidal».
Mais, de tout cela, des interrogations sont forcément inévitables : Amadou Toumani Touré n’a pas quitté le devant de la scène, depuis les velléités d’un certain Fagaga de sinistre mémoire, jusqu’aux événements du 23 mai et du 4 juillet 2006. Et si, au lieu d’attendre que l’ordre vienne du président, l’armée avait contre-attaqué comme il se doit ? Mieux, si, au lieu même de laisser les rebelles s’organiser pour venir commettre leur forfait, l’armée avait anticipé en sa qualité de premier garant de la paix nationale, de l’ordre public et de l’intégrité du territoire? Force est de se convaincre qu’elle n’aurait pas eu à attendre du président l’ordre d’aller attaquer. Ce n’est pas un ATT, connu de surcroît pour son pacifisme, qui le leur dit. Il leur aurait tout au plus demandé d’arrêter.
Et si l’on méditait, en toute responsabilité sur ces interrogations, peut-être bien que chacun tournerait sept fois la langue dans la bouche avant de faire certaines affirmations.
Alhassane M MAIGA“