Iyad Ag Ghaly, Abou Fadl de son nom de guerre, a créé l’émoi avec son apparition dans une vidéo mise en ligne depuis le 29 juillet sur les réseaux djihadistes. Il s’en prend à la France, l’ennemi qu’il s’est découvert, l’accusant d’être intervenue dans la région pour les richesses du sous-sol. Il appelle à combattre.
Celui que presque tout le monde disait mort, caché en Algérie, vient de réussir un triste coup médiatique. Tout le monde en parle. Occasion inespérée pour faire parler de lui, mais aussi de son mouvement Ansardine, pourtant estampillé terroriste et qui est à l’origine, en janvier 2013, de l’attaque de la ville de Konna.
On le sait, ce que de nombreux terroristes du genre d’Iyad ne perdent pas, c’est la volonté de poursuivre leur combat au nom d’une doctrine rétrograde, très dure, qui utilise la terreur contre tous. Mais il faut relever tout de suite que dans la vidéo, Iyad ne tient pas qu’un discours qui relève du terrorisme. En disant que la France est intervenue pour recoloniser la région et mettre la main sur les richesses (or, uranium…), il fait de la manipulation politicienne dont le but est de dire à ces peuples du Sahara (Peuls, Sonrhaï, Kel Tamasheq, Arabes…) qu’ils sont en train d’être le dindon d’une farce qui se joue sous leurs yeux, chez eux et sans eux. Sauf qu’il ne trouvera pas d’oreille attentive, car il ne sert à rien de hurler au loup quand personne ne veut entendre, et surtout quand on est un loup soi-même avec un passif aussi lourd que celui d’Iyad. Cet homme a d’abord été une figure historique du mouvement rebelle malien, avant d’être nommé conseiller consulaire du Mali à Djeddah, en Arabie Saoudite. Ensuite, il s’est rapproché des mouvements islamistes pour finir par créer Ansardine, mouvement touareg islamiste. C’est le 26 février 2013 que le département d’État des États-Unis le désigne comme étant un “terroriste mondial’’. Le rebelle touareg est donc devenu un djihadiste.
Iyad Ah Ghali est une hydre, un véritable mal dont il faut stopper le développement. Il a revendiqué des tirs de roquettes, et des attaques kamikazes qui ont fait des victimes au nord, on s’en souvient. Il se propose d’installer la Charia. Sous ce nouveau visage du djihadisme sous lequel il apparaît, Iyad envoie un message d’abord au Mali, ventre mou de la lutte contre le terrorisme, et accessoirement à la France dont les soldats ont détruit sa maison le 27 janvier 2013 dans les bombardements à Kidal.
La grande question aujourd’hui est : où est Iyad Ag Ghali ? Personne ne le sait. En janvier 2014, les services de renseignements français disaient qu’il se cachait probablement en Algérie. Et il ne fait aucun doute que son apparition dans cette vidéo finira de convaincre les Etats français et malien qu’il est un ennemi dangereux, une menace qu’il est urgent d’écarter.
B. Sangaré