Avant son départ pour Dioila afin de poser la première pierre du tronçon Dioila Fana, le président ATT a bien voulu nous accorder un entretien. On a évoqué entre autres, l’enlèvement des occidentaux, le retour des militaires libyens, la tenue de la première conférence du réseau Afrique francophone-projets travail de sexe.
Le Guido: Monsieur le Président, nous tenons d’abord à vous remercier de nous avoir accordé cet entretien.
Le Président ATT : Mais c’est tout à fait normal. A mon niveau, je n’ai aucun problème, à priori, avec quelqu’un qu’il soit journaliste, opposant ou syndicaliste.
Le Guido : Vous venez de répondre à l’appel de Dieu cette année, en accomplissant le Hadj. Au nom de la rédaction du journal, nous vous présentons nos vœux les plus sincères, tout en priant le bon Dieu afin qu’il exauce vos prières formulées lors du pèlerinage. Nous ne doutons pas un seul instant, qu’au centre de vos prières figure en bonne place l’organisation apaisée des consultations électorales et référendaire de 2012.
Le Président ATT : Merci beaucoup pour vos bénédictions. Que Dieu vous entende et qu’il exauce également les vœux formulés par tous mes compatriotes pèlerins.
Le Guido : Avec ce pèlerinage, vous êtes maintenant El hadj Amadou Toumani Touré. Aujourd’hui quelle appellation préférez-vous entre El hadj ATT, général ATT et président ATT ?
Le Président ATT : Je préfère tout simplement ATT. C’est ATT qu’utilisent beaucoup mes amis, les enfants. Je pense aussi que cela n’enlève rien en mon statut de président de la République et à mon grade de général.
Le Guido : M. le président ATT, l’actualité oblige. La semaine derrière, Hombori et Tombouctou ont été les théâtres d’enlèvement des occidentaux et l’assassinat d’un allemand. Cette forme de terrorisme (enlèvement) n’est pas connue au Mali. Est-ce que la situation au nord du pays n’est pas plus que jamais préoccupante ?
Le Président ATT : C’est avec beaucoup de peine que j’ai été informé de ces actes terroristes que je condamne fermement. Je profite de vos colonnes pour présenter mes condoléances et celles du Mali aux autorités allemandes et à leur vaillant peuple, suite à l’assassinat lâche d’un de leurs compatriotes. Je pense que la situation est préoccupante comme vous l’évoquez. Mais, les forces armées et de sécurité continuent de veiller sur la sécurité des personnes et de leurs biens. J’ai instruit aux services de sécurité de tout mettre en œuvre pour la localisation et la libération des occidentaux enlevés. J’ai sollicité également le concours des leaders des différentes communautés du Nord afin qu’ils s’impliquent pour trouver une solution à ce problème. Je demande surtout aux populations de rester calmes et de ne pas céder à la panique, toutes les mesures utiles sont prises pour assurer leur sécurité.
Le Guido : M. le Président, est-ce qu’il y a un lien entre ces actes terroristes et l’arrivée au Nord des militaires libyens fidèles à Kadhafi, que l’Etat qualifie de binationaux?
Le président ATT : C’est très difficile d’infirmer cette question. Je ne peux dire aussi que leur arrivée ait un lien avec ces attaques. Avant, les gens étaient enlevés ailleurs et acheminés au Mali. Mais si aujourd’hui des gens sont enlevés ici au Mali, certaines personnes vont faire le lien entre l’arrivée de nos compatriotes militaires de Libye et ces actes. Je crois que c’est une simple coïncidence. Je ne pense pas qu’ils vont s’attaquer à des individus.
Le Guido : Mais M. le Président les personnes attaquées sont des occidentaux. Elles ne sont pas n’importe qui aux yeux des assaillants. N’oublions pas que les occidentaux ont beaucoup contribué à la chute du régime Kadhafi, leur mentor ?
Le président ATT : C’est vrai, attendons. L’Etat est en train de mener des investigations pour voir clair dans cette affaire.
Le Guido : M. le Président, l’attention que l’Etat a accordée aux militaires venus de la Libye n’a-t-elle pas créé des frustrations au sein des autres groupes incontrôlés au Nord ?
Le président ATT : Vous faites allusion à quelle attention?
Le Guido : Mais M. le Président, à leur arrivée, une forte délégation gouvernementale a été dépêchée auprès d’eux avec de l’argent et beaucoup d’autres articles. Peut-être que cela n’a pas plu à d’autres ?
Le président ATT : Pourtant, l’Etat a toujours apporté son soutien à nos compatriotes qui viennent dans des situations difficiles. Ce n’est pas la première fois que cela arrive.
Le Guido : M. le Président, les premiers compatriotes venus de la Libye n’ont pas eu le même traitement. Certains d’entre eux ont été matés comme des malfrats dans la cour de la direction générale de la protection civile, parce qu’ils réclamaient leurs bagages.
Le président ATT : Je n’ai pas appris cela.
Le Guido : Concernant les militaires venus de la Libye, qualifiés par l’Etat de binationaux, est-ce que leur nationalité malienne a été établie ? Si oui, par qui ?
Le président ATT : Je crois qu’il n’y a pas de problème à ce niveau. Ce sont des gens qui se disent toujours Maliens. Ils sont dans certaines zones où l’administration n’est pas présente. Ce sont des maliens qui ont servi dans l’armée libyenne. Aujourd’hui ils sont de retour, on doit les accueillir.
Le Guido : Ils sont venus avec des armes de l’armée Libyenne. L’Etat va-t-il récupérer ces armes pour les restituer au pouvoir actuel de la Libye ?
Le président ATT : L’Etat va tout faire pour récupérer les armes. Seul l’Etat doit être dépositaire des armes lourdes.
Le Guido : Quel sort alors vous réservez à leur détenteur?
Le président ATT : Là aussi, l’Etat est en train de voir les choses. Peut-être que certains vont continuer leur carrière dans nos services de sécurité, d’autres mèneront des activités génératrices de revenus. Je précise qu’il n’aura pas d’autres choix possibles. A ce niveau, l’Etat s’assumera jusqu’au bout.
Le Guido : M. le Président, les fidèles n’ont pas apprécié la tenue à Bamako, courant novembre de la première conférence du réseau Afrique francophone-projets travail de sexe. Comment comprendre que le Mali puisse accueillir cette réunion après tout ce qui s’est passé sur le problème du code des personnes et de la famille ?
Le Président ATT : Vous avez remarqué que je n’étais pas au Mali ce jour-là. J’étais à la Mecque pour le Hadj. Donc, il va de soi que je n’approuve pas la tenue d’une telle réunion à Bamako. C’est après qu’on m’a informé. L’Etat est une continuité, si je ne suis pas là, le gouvernement doit s’assumer. Je tiens beaucoup à la stabilité de ce pays, que cela soit clair pour tous.
Le Guido : On va terminer cet entretien par un sujet beaucoup plus gai. Il s’agit du renouvellement du bureau de l’Association des journalistes sportifs du Mali (AJSM). M. le président, vous qui êtes un féru du sport, quel conseil vous avez à donner à Oumar Baba Traoré et son équipe?
Le Président ATT : Tout d’abord, je prie Allah le Tout Puissant pour que l’âme de Karim Doumbia repose en paix. Je félicite Oumar pour son élection. C’est un jeune sociable, respectueux et valeureux. Je ne doute point qu’il va rassembler tous les journalistes pour que ceux-ci œuvrent au développement du sport malien. Dans le cadre du développement du sport, l’Etat a fait son mieux en construisant des infrastructures sportives partout. Je pense que l’accent doit être mis sur le renforcement des capacités des différents acteurs de la chaine. Sur ce plan, la presse est un maillon essentiel de la chaine. Je crois qu’Oumar et son équipe vont œuvrer dans ce sens.
Le Guido : Merci beaucoup M. le Président.
Le Président ATT : Merci à vous aussi.
Cet entretien est presque imaginaire.
Réalisé par Ahmadou Maïga