Procéder à l’exécution d’un douanier malien précédemment détenu en otage ne suffit pas à AQMI qui fait pression sur un gendarme encore entre ses mains pour l’obliger à rejoindre ses rangs. Il reproche à nos deux compatriotes d’avoir travaillé contre lui. Le douanier pour entraver le trafic de drogue et autres produits auquel les terroristes se livrent, le gendarme pour avoir participé à des attaques de l’armée malienne contre des positions d’AQMI. Cela rappelle l’opération punitive que les éléments se réclamant de Ben Laden avaient montée contre le colonel Ould Lamana, abattu chez lui en pleine ville de Tombouctou. Ils lui reprochaient d’être l’un des pions essentiels du dispositif malien contre Al Qaida qui venait de subir plusieurs revers dont des démantèlements de ses bases par l’armée malienne. Autant de faits qui démentent les allégations de Paris et de certains pays voisins dont la Mauritanie et l’Algérie, pour qui, le Mali serait complaisant vis-à-vis d’AQMI, dont les faucons viennent de déclarer une guerre totale à «la France et ses alliés».
Tant que les terroristes d’AQMI tueront des Maliens, surtout des militaires qui défendent le territoire malien, c’est tant pis pour le Mali. C’est dans l’ordre normal des choses. Mais lorsqu’il s’agit d’un Français, un seul qui perd la vie, à l’image de Michel Germaneau, c’est un scandale international.
La France et ses alliés de circonstance se lèvent pour accuser le Mali. Pourtant, le président ATT, lui-même général d’armée, sait apprécier, mieux que quiconque, la menace que représente AQMI. Raison pour laquelle, pendant plusieurs années, en attendant que la communauté internationale en général et les pays voisins en particulier répondent à son appel de concertation pour une mise en commun des efforts de lutte contre AQMI, ATT a mis les forces armées à contribution, pour pourchasser les terroristes, détruire leurs bases, récupérer leur matériel de nuisance et leur couper les routes qui servent au trafic de drogue.
Pendant ce temps, les autres Etats voisins du Mali peinent à dépasser les déclarations d’intention. Le Mali soutient seul l’effort de guerre, enterre ses morts et console son peuple qui, heureusement, soutient son gouvernement dans les actions de lutte contre les bandits armés.
Il a fallu que les intérêts directs de la Mauritanie soient touchés pour que cette dernière réagisse sans retenue et sans respect de la souveraineté du Mali. Rejoignant ainsi la France qui ne s’est réellement intéressée qu’à ses ressortissants.
L’heure n’est plus aux tergiversations et accusations car la branche radicale d’Al Qaida au Maghreb islamique défie, désormais, tous les pays de la bande sahélo-saharienne car après avoir exécuté deux otages occidentaux, tué plusieurs dizaines de Maliens, Mauritaniens, Nigériens et Algériens, les fous de Ben Laden menacent d’exécuter les deux otages espagnols, Albert Vilalta et Roque Pascual, détenus par devers eux.
En effet, l’Algérien Abdelhamid Abou Zéid est en train de faire pression sur Mokhtar Ben Mokhtar, le chef de l’unité d’AQMI qui détient les deux espagnols pour qu’il les exécute, en réaction contre le dernier raid franco-mauritanien.
L’Espagne qui avait senti ce coup arriver, s’était offusqué de l’attitude franco-mauritanienne qui a causé la mort de l’oatge Germaneau.
Rappelons que c’est le groupe d’Abou Zeid qui avait mis à mort un autre otage occidental, britannique celui-là, Edwin Dyer. Cet Algérien chef d’AQMI est réputé pour sa brutalité et son penchant pour l’usage des armes. Il aurait donné un mot d’ordre pour une intensification des rapts et des attaques armées. Une sorte de guerre totale contre " la France et ses alliés ". L’argument est tout trouvé en brandissant des représailles, suite à l’action franco-mauritanienne. Quelle sera, désormais, la réponse de tous les pays concernés?
Là gît tout l’intérêt de la concertation franche, sincère et urgente à laquelle ATT ne cesse d’appeler.
Amadou Baba NIANG