Chaque jour que Dieu fait, depuis l’élection du président Keïta à la magistrature suprême, notre pays perd sa souveraineté sur une bonne partie de notre territoire. En effet, le vote de la loi portant l’installation des autorités intérimaires dans le nord de notre pays jette les bases de la partition du Mali en deux Etats (Sud et Nord). Si les Maliens ne se réveillent pas d’ici la fin de son mandat, ils diront adieu au Mali de leur rêve.
De Moussa Traoré à Amadou Toumani Touré (ATT), en passant par Alpha Oumar Konaré, chacun de ces présidents a participé à sa manière à affaiblir le Mali. Les accords (Tamanrasset, Flamme de la paix et d’Alger 2006) qu’ils ont signés avec les différents groupes armés pour sauver leur régime contenaient déjà les germes de la partition de notre pays. Ils ont tous accepté la démilitarisation des régions -nord du Mali, laissant la voie libre aux groupes narcotrafiquants, criminels et obscurantismes pour s’y installer et transformer ces zones en no man’s land. Il était arrivé un moment où l’Etat malien avait même confié la gestion sécuritaire de ces régions à des milices communautaires qui n’ont pas hésité à se rallier à des djihadistes pour réveiller les démons des règlements de compte. Cette fuite de responsabilité a occasionné la perte des deux tiers de notre territoire national en 2012.
Les Maliens, blessés dan leur honneur et dans leur dignité, ne voulaient plus renouer avec cette gestion laxiste encore moins élire un homme de paille pour pérenniser cette gestion calamiteuse des régions – nord de notre pays. Et le verdict n’a pas tardé à tomber.
A l’occasion de la présidentielle de 2013, ils ont fait confiance en IBK (77,66% des voix) qui, dans un passé récent, était connu comme un homme de poigne et animé d’un sens élevé de l’Etat. Mais, depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir, les fruits n’ont pas été à la hauteur des fleurs. Ainsi, l’enthousiasme tant suscité par l’élection du candidat du Rassemblement Pour le Mali (RPM) comme point de départ d’une nouvelle ère dans le choix des femmes et des hommes pour gérer autrement notre pays, a cédé la place au désenchantement et au désespoir, occasionnant une démotivation et un désintérêt des citoyens à s’approprier les valeurs de patriotisme, d’abnégation et de sacrifice pour donner un nouvel élan à notre pays afin de se débarrasser de la tutelle de la France coloniale.
Si les citoyens maliens croyaient en 2013 que l’arrivée d’IBK serait celle de l’unification de notre pays, la restauration de l’autorité de l’Etat, de la dignité de l’homme malien, de la lutte implacable contre la spéculation foncière, de la corruption et de la délinquance financière, ils sont aujourd’hui nombreux à décrier sa gouvernance entachée de scandales politico- financiers. Ils regrettent déjà que son élection n’ouvre aucune perspective d’avenir pour que notre pays puisse enfin rétablir sa souveraineté sur les parties occupées par l’impérialisme français et ses suppôts maliens. Les plus extrémistes, parmi ceux qui dénoncent la gestion calamiteuse du président de la République, sont formels. ‘’Il avait un autre agenda quand on l’élisait’’.
La marche vers l’indépendance des régions-nord de notre pays
La goutte d’eau qui vient de faire déborder le vase fut le vote de la loi sur l’installation des autorités intérimaires dans les quatre régions- nord de notre pays. Elle a été votée jeudi dernier par les députés de la majorité présidentielle. Mais ceux de l’opposition ont boudé la salle.
Auparavant, le collectif des partis politiques de l’opposition démocratique et républicaine avait dénoncé, lors d’une conférence de presse animée mercredi dernier à la Maison de la presse, le vote de cette loi.
L’opposition critique cette loi qui, à ses yeux, serait un pas de plus vers la partition du pays en instituant en matière d’administration et de gestion des collectivités deux régimes juridiques distincts. Selon elle, l’un s’appliquera au reste du territoire national et qui resterait dans le domaine de la loi et l’autre, celui qui est prévu par l’article 2, relevant du domaine règlementaire et ne concernant que les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudénit appelées Azawad par certains.
Autre inquiétude de l’opposition : le vote de la loi ouvrirait, en matière de gestion et d’administration du territoire, la voie à un partage de l’exercice du pouvoir souverain entre les autorités habilitées par la Constitution (le président de la République, l’Assemblée nationale et le gouvernement) et d’autres qui n’ont point cette qualité, c’est-à-dire les groupes armés puisque les autorités intérimaires dans les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudénit seraient désignées par le gouvernement la Coordination, la Plateforme et les autorités traditionnelles.
Malgré ces mises en garde de l’opposition, les députés de la majorité présidentielle ont voté cette loi qui consacre désormais la partition de notre pays en deux entités distinctes. L’installation des autorités intérimaires traduit la ferme détermination du président malien de satisfaire la volonté de la France. Il convient de rappeler que l’inique rêve de la France coloniale était et reste la partition du Mali en micro-Etats dans lesquels elle aura la main libre pour gérer et exploiter les ressources naturelles à sa guise.
Depuis la signature de l’accord de paix et de réconciliation dit d’Alger en mai et juin 2015 entre le gouvernement du Mali et les groupes armés, les dés étaient déjà pipés. Les Maliens les plus avertis avaient laissé entendre au grand dame des ennemis du Mali que le président IBK roulait pour les intérêts sordides et inavouables de l’impérialisme français et de ses relais dans notre pays. Tout le monde sait en âme et conscience que l’accord d’Alger version- IBK fait voler l’unité nationale en éclats. Aucune de ces parties ne préserve la souveraineté du Mali. C’est dans cette optique que rentre le vote de cette loi qui accorde une grande marge de responsabilité dans la gestion politico-administrative de notre pays.
La loi accorde à ces autorités intérimaires les fonctions régaliennes de l’Etat malien. En lieu et place du gouvernement malien, elles seront chargées d’organiser le retour des réfugiés maliens, d’établir les listes électorales et de préparer les élections communales.
Cet état de fait pourrait simplement s’appeler large autonomie des régions- nord du Mali. A voir cette autonomie à la loupe de la raison critique, l’on ne peut s’empêcher de dire qu’elle est le prélude certain à l’indépendance réelle du septentrion de notre pays.
Yoro SOW