Longtemps reportée sous la pression du CJA, l’installation des autorités intérimaires de Tombouctou et de Taoudéni a finalement eu lieu ce jeudi 20 novembre. Mais ce n’était pas sans contrepartie. Alors quel prix le gouvernement a-t-il payé ?
Si les autorités intérimaires de Gao, Ménaka et Kidal ont été installées en février et mars derniers, ce ne fut pas le cas de Tombouctou et de Taoudéni, où le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA) a pris le processus en otage, dénonçant la non-inclusivité du processus de mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.
Pour comprendre quel compromis ou « compromission » le gouvernement a trouvé avec ce groupe armé, il faut remonter au dernier Conseil des ministres tenu le mercredi 19 avril dernier. A l’issue de ce conseil, le porte-parole du gouvernement, Abdel Karim Konaté, a informé que le Conseil des ministres a été informé de la nomination non seulement des membres de la Commission désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) et ceux de la Commission réintégration. Mais aussi, de la nomination de Conseillers spéciaux auprès des gouverneurs de Gao, Tombouctou, Ménaka, et Taoudéni. A ses dires, ces nominations sont une façon pour le gouvernement d’intéresser les membres de certains groupes armés qui se sentent exclus du processus de mise en œuvre de l’Accord.
24 heures après ces nominations, le CJA a décidé de libérer le processus d’installation des autorités intérimaires de Tombouctou et de Taoudéni. Loin de nous l’idée d’être des partisans de la théorie du complot, mais quelque part un arrangement a été trouvé entre le gouvernement et le CJA. Les propos du ministre Konaté, en tous cas, confirment cela, même s’il n’a pas précisé de quel groupe il s’agit. L’on comprend aisément que le CJA qui vient d’avoir gain de cause. Alors, c’est le prix que le gouvernement a payé pour l’installation des autorités intérimaires de Tombouctou et Taoudéni.
Pour sûr, l’installation de ces autorités intérimaires vient parachever le processus qui n’a que trop duré. Et du coup, c’est la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger qui qui est boosté. Car, après la conférence d’entente nationale, l’installation des autorités intérimaires, l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), la nomination des membres de la commission DDR et ceux de la commission réinsertion, tout laisse croire que le retour de la paix et la cohésion sociale est dans un processus irréversible. Alors, pour ce dernier, aucun sacrifice n’est de trop, quitte à faire saigner les caisses de l’Etat.
Harber MAIGA