Comment et pourquoi Ibrahima Ag Bahanga a abandonné ses bases de Tinzawatène et Tegharghart pour venir attaquer jusqu’à Nampala qui n’est pourtant pas du tout “un objectif stratégique”, comme l’a dit le Président de la République lui-même ?
C’est la question que les uns et les autres se posent depuis un certain temps. Après avoir pointé un doigt accusateur sur l’Algérie, les observateurs, sur la base de témoignages recueillis auprès de la population de la frontière mauritanienne, commencent à être de mieux en mieux édifiés sur cette attaque, ainsi que les facilités et complicités dont ont bénéficié les assaillants.
Au centre de tous ces témoignages se trouve un seul homme : Mohamed Ag Mahmoud, le Maire de Bassikounou. “Nous l’avons vu à plusieurs reprises, en compagnie de Ibrahima Ag Bahanga, Mahdi Ag Boghassa et l’ex-Commandant Malick Ag Wanassnest, aux environs de Fassala qui est une localité pas loin de Nampala. Ce qui avait amené certains à se demander si quelque chose ne se tramait pas déjà. Mais d’autres se sont dit que le Maire ne pouvait pas “comploter contre des frères”. Ces derniers se sont-ils trompés en pensant ainsi?"
En tout cas, ce témoignage d’un habitant de la localité paraît plus que jamais édifiant sur le rôle joué par le Maire de Bassikounou dans l’attaque de Nampala. Et cela, pour certaines raisons.
D’abord c’est lui qui, selon plusieurs témoins, aurait doté les bandits de moyens logistiques, d’armes et d’approvisionnement en vivres. Il leur aurait également fourni des informations sur le moment propice pour l’attaque. Pis, disent les mêmes populations, après l’attaque de Nampala, il aurait accueilli les assaillants chez lui, soigné les blessés et enterré les morts.
Pourquoi donc la Mauritanie s’acharnerait-elle contre notre pays au point de servir de base arrière à des bandits ? Autrement dit, pourquoi des élus de ce pays acceptent d’héberger ces bandits, afin de leur permettre de venir déstabiliser le Mali ? Ce sont, entre autres, les questions qui ne cessent de brûler les lèvres, tant dans la capitale qu’à l’intérieur du pays.
A en croire certains analystes, la raison de ce soutien est toute simple : le Mali a refusé de soutenir les putschistes à cause de sa position par rapport à la prise du pouvoir par les armes. Pourtant, notre pays entretient les meilleurs rapports avec tous ses voisins, et même la Mauritanie avec laquelle il partage une large partie de ses frontières. Sans oublier aussi qu’on retrouve les mêmes populations dans les deux pays.
S’agissant alors du Maire, comment peut-on donc, pour des raisons de trafic, notamment de drogues, mettre la vie de toute une population en danger ? Est-ce à cause des ristournes du trafic de drogue, comme le soutiennent les populations elles-mêmes?
Dans tous les cas, on peut donc dire que, de tout ce qui précède, Bahanga vient de se trouver un autre allié. Sachant qu’il ne peut plus se ravitailler à partir du Nord, à cause du manque de soutien des populations de cette zone, il a vite fait de se rabattre sur la Mauritanie qui, à son tour, a prêté le flanc par l’entremise du Maire de Bassikounou, Mohamed Ag Mahmoud.
Les populations de la frontière sont formelles : le Maire doit être interpellé et mis devant ses responsabilités. Que ferait alors le pouvoir de Nouakchott face à ces accusations?…
Oumar SIDIBE