Insécurité à Ouatagouna : La commune endeuillée

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Au moment où la cité des Askias s’apprête activement à fêter le cinquantenaire, la commune de Ouatagouna tombée sous les griffes du banditisme, frissonne. Après la période d’incubation où elle fut lapidée par les vols et braquages à main armée, la température monte, la commune compte déjà ses morts.

 A Karou, village situé à 5 km de Labézenga sur la route principale en allant vers le Niger, 2 hommes sont assassinés par balles par des bandits. C’était dans la nuit du 3 au 4 Juillet passé. La victime ciblée est un agent de la SOTELMA en service à l’antenne de Karou. Ce père de famille a pris ses droits à la retraite après la fermeture de l’antenne. De bonne réputation, calme et sans histoire, l’homme vit en parfaite entente avec les autres membres de la communauté. La deuxième victime est son voisin direct qui accouru pour lui porter secours. Selon des sources proches de ce drame, les bandits étaient au nombre de 7, bien armés. Ils ont d’abord braqué Ilah (c’est le nom de la victime) et l’ont obligé à céder tous ses biens matériels. Ainsi, ils ont pris possession de sa moto, de son fusil et d’une importante somme d’argent. Les femmes et les enfants enfermés à clef dans une chambre, les bandits ont battu à  sang  les deux hommes avant de les ligoter et de les éloigner des lieux. C’est un peu plus loin de leurs demeures que leurs corps ont été retrouvés, criblés de balles. Si certains croient à la piste du vol, d’autres pensent à un règlement de compte.

 La manière dont les bandits ont opéré sans que ni Ilah qui dort son fusil toujours à son chevet ni son chien qui est d’une agressivité notoire n’aient bougé à l’assaut prouve que le coup a été minutieusement préparé. Cet assassinat a suscité une grande inquiétude chez les villageois. Chacun se demande qui sera la prochaine victime ? La colère mêlée à la panique, des brigades d’autodéfense sont vite mises en branle par les villageois, déterminés à faire front contre le banditisme autour du slogan : «  survivre ou mourir ».

La Gendarmerie, spécialiste de constat comme l’a surnommé ironiquement un cadre de la zone, débanque sur les lieux. Devant la criminalité de l’acte, ce sont les larmes aux yeux que les gendarmes ont collecté les premiers éléments de l’enquête. De leur côté, les jeunes de l’ex-mouvement Ganda-Izé de Fafa ont mené leurs propres investigations en pourchassant les bandits qui seraient des Tamacheq d’une fraction du même village. C’est ainsi qu’ils échouent dans une Fraction où ils retrouvent la moto de la victime entre les mains de trois Tamacheq. En représailles, ils abattent  les deux hommes et prennent le troisième en otage. Ce dernier bien connu de tous se nomme Aguissa, commerçant à Karou. C’est au cours de l’interrogatoire avec Aguissa que la piste d’un éventuel règlement de compte a été écartée. Le fond du problème tournant autour d’un litige foncier où les Tamacheq se réclament maîtres des terres de cette partie du village abritant l’antenne de la  SOTELMA et les champs de certains habitants.

Selon nos sources, l’interrogatoire s’est du prévenu s’est déroulé quelques jours. C’est ainsi qu’il dénoncera ses complices ainsi que les futures figurant sur une liste noire. C’est le début de la vendetta dans les villages de la commune. Dans la même semaine, un homme a été abattu à Bentia, village de l’ex premier Ministre M.Ousmane Issoufi MAIGA  avec deux blessés graves  qui suivent des soins intensifs à l’hôpital de Gao. Le 12 Juillet dernier, à  Ankoum, dans une fraction de Ouatagouna, un autre homme a été tué par balles.

Suite à ces événements, les ressortissants de cette commune résident à Bamako ont tenu une rencontre sous la présidence du Colonel à la retraite, Abderhamane MAÏGA en vue de trouver une solution au problème. Ces ressortissants, après concertation ont décidé d’encourager les patrouilles d’auto-défense des populations. Mais le Colonel, faisant appel à la sagesse et à l’expérience du militaire, rejette cette proposition qui ne ferra que verser de l’huile sur le feu, optant pour l’interpellation des autorités compétentes pour le ratissage de la zone envahi par les bandits.

C’est ainsi que Mahfouz CISSE et Siaka MAÏGA ont rencontré le Ministre de la Sécurité. C’est sur instruction de ce dernier que le gouvernement a sillonné la commune de Ouatagouna le 15 Juillet dernier. Au cours de cette visite, il a juré de ne pas faire aucun cadeau aux semeurs de troubles. Ordre fût donné de retrouver les auteurs et leurs complices sur toutes les pistes, de Labézenga à Bamako.

Quant à l’ancien Premier Ministre M. Ousmane Issoufi MAÏGA, « il  ne participera pas à la rencontre et n’a jamais répondu aux lettres d’invitation qui lui furent adressées. Le Colonel à la retraite, influent et très sollicité dans les médiations a les coudées assez franches pour intervenir mais l’ancien premier Ministre devait aussi desserrer les dents et apporter son mot à la résolution de cette équation sécuritaire parce que son fief est concerné. L’enfant de Koukia est toujours resté muet. Son silence et sa réserve, masquent-ils un ras-le-bol devant un problème sempiternel puisque la saga Tamacheq et sa suite de morts ne date pas d’hier ? Sinon, est-il déçu par le mutisme des responsables en charge de la question ? Ou bien est-il blessé devant ces actes criminels de ses frères qui, au lieu de bâtir cet Empire légendaire qui fait la fierté de tous contribuent à sa destruction en abreuvant sa terre du sang de ses propres fils ? » , s’interroge un habitant.

En tout cas, dans cette partie de la région, la sécurité des personnes et des biens a pris de sérieux coups. En attendant, le chef de l’exécutif régional a pris la situation en main. Sur le terrain, la présence de l’Armée a été renforcée. Les hommes en uniforme patrouillent dans la zone avant que les responsabilités soient situées.

Reste à savoir si cette ébauche de réaction sera le début de la fin et que le Ministère de la Sécurité déploiera les moyens humains et matériels adéquats pour faire tomber cet épisode dramatique dans les poubelles de l’histoire.

 

RAMATA CISSE SIDIBE., CP à Gao

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