Depuis l’accueil triomphal réservé à des hommes armés jusqu’aux dents par le régime déguisé des généraux à Kidal, le Nord de notre pays se transforme chaque jour que Dieu fait en une zone de guerre. Les généraux, par leur mauvaise gestion de la question sécuritaire dans cette partie de notre pays, ont réuni tous les ingrédients pour l’éclatement d’une nouvelle rébellion.
Depuis la signature de l’accord dit d’Alger le 4 juillet 2006 entre le gouvernement du Mali, représenté par le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné et l’Alliance du 23 Mai, le Mali a renoncé à exercer sa souveraineté sur une bonne partie de son territoire.
Avec l’allègement du dispositif sécuritaire dans les trois régions du nord, les éléments de l’Alliance ont occupé les anciennes positions de l’armée, faisant d’eux les maîtres incontestés de la zone. Ils établissent des contacts avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en s’adonnant à la prise d’otages dont les négociations auxquelles ils sont intermédiaires leur procurent une manne financière, leur permettant d’acheter des armes. Ils continuent aussi avec leur sport favori : l’enlèvement de véhicules.
Cette connexion avec Aqmi et le laxisme du gouvernement malien dans la gestion des problèmes du Nord ont amené les éléments de l’Alliance à se considérer comme les «enfants gâtés de la République». Désormais, leurs désirs deviennent des ordres. Des projets de développement, à la tête desquels ils sont bombardés, ont été financés à coup de milliards à cela s’ajoutent des nominations complaisantes à des postes juteux dans l’administration.
Cependant, la triste réalité sur le terrain est qu’aucun de ces projets n’a pu véritablement contribuer au développement de leur localité, faute d’une saine gestion. Ils préfèrent investir l’argent dans l’achat des armes que de s’occuper du bien être de leurs parents, défavorisés par la nature.
L’arrivée des combattants touaregs de l’armée libyenne en octobre dernier donne le prétexte aux populations du Nord que «l’Etat ne sait jamais intéresser à leur région.» Et le pont est vite établi pour faire front commun contre le gouvernement malien afin de poser d’autres revendications sur la table de négociation dans le seul but que le contrôle du territoire de l’Adrar des Iforas échappe à l’Etat du Mali.
Le gouvernement malien, en acceptant de dérouler le tapis rouge devant des hommes qui ont pillé des garnisons étrangères pour se procurer en armes et de les accueillir sur un territoire souverain, foule au pied les dispositions des textes militaires qui ne prévoient la justice militaire pour punir de tels actes. Il est certain qu’un militaire dans une armée régulière ne saurait se prévaloir d’une double nationalité. Alors quel sera le comportement des autorités maliennes le jour où les autorités libyennes, de bon droit, revendiqueront les armements et les minutions volés et pour quoi pas une éventuelle extradition de ces déserteurs pour répondre aux faits de haute trahison ?
Le fait éloquent nous est revenu sous le régime du président Alpha Oumar Konaré, où un officier guinéen (L.D), s’est réfugié dans les locaux de l’ambassade du Mali à Conakry, après un coup d’Etat échoué, revendiquant sa nationalité malienne. Informées, les autorités maliennes n’ont pas hésité de le mettre à la disposition des autorités guinéennes.
De l’autre côté, le gouvernement nigérien a souverainement défendu son territoire en dotant son armée de tous les moyens nécessaires pour désarmer les combattants venus de la Libye. Contrairement au Mali, qui sûrement par peur, a offert 50 millions de F CFA et 50 tonnes de vivres à ces déserteurs de l’armée libyenne qui détiennent illégalement des armes d’un pays souverain.
Aujourd’hui, une situation de ni paix ni guerre règne au Nord. Et c’est sur fond de chantage que les combattants venus de la Libye veulent négocier leur intégration dans les rangs de l’armée régulière e notre pays.
Par leur tâtonnement, nos généraux ont transformé le Nord- Mali en poudrière.
Yoro SOW