Face à l’enlèvement de cinq Occidentaux et l’assassinat d’un autre au nord-Mali, la semaine dernière, le président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, a exprimé sa colère et son indignation à Dioïla en 2ème région où il se trouvait pour le lancement de la route qui relie cette ville à Fana. Pour lui, la situation en Libye n’est pas étrangère aux actes de banditisme que le Mali et d’autres pays de la bande Sahélo-saharienne connaissent actuellement. Tout en soutenant fermement que "c’est dans la détermination et la cohésion que nous allons vaincre le terrorisme", le président ATT a invité "la communauté internationale à prendre ses responsabilités". Elle, qui a, au nom d’une soi-disant protection de la population civile, déclenché une guerre sans merci contre le pouvoir du Colonel Kadhafi dont les effets collatéraux ont été la dissémination des armes de tous genres dans notre espace. Ainsi, la communauté internationale, avec à sa tête, l’administration Sarkozy, doit assumer les conséquences du bourbier libyen.
Dans sa déclaration face à l’enlèvement de cinq occidentaux et l’assassinat d’un autre au nord-Mali, le président ATT a indiqué que "la crise libyenne, par ses effets collatéraux, a entraîné la dissémination des armes de tous genres dans notre espace.
Il s’agit aussi bien des armes individuelles que des armes collectives, des mines anti-chars, des pièces d’artillerie, des moyens anti-aériens et de mobilité. Plus que des armes, ce sont surtout des armées qui se sont déplacées dans toute la bande sahélo-saharienne. Notre pays n’a pas été épargné par le phénomène. Cette crise a malheureusement alimenté les menaces déjà existantes dans notre espace, en en faisant le plus grand dépôt d’armes du monde à bon marché. Aussi, la dissémination d’armes et d’hommes en armes a-t-elle créé deux phénomènes majeurs qui sont l’émergence de nouveaux rapports de force et l’expression de nouvelles velléités. La situation dans la zone sahélo-saharienne était déjà très préoccupante du fait de son extrême fragilité.
Dans le nouveau contexte, ce sont la sécurité nationale et l’intégrité des pays riverains du Sahara qui sont mises à rude épreuve. Et si l’on ne prend garde, la situation risque de se détériorer et pour s’étendre à de nouvelles régions et, plus grave, au-delà des océans et des mers. Si certains disent que la guerre en Libye est terminée, ce dont je me réjouis, il faut, en revanche, qu’ils sachent que d’autres fronts s’ouvriront si toutes les mesures adéquates ne sont pas prises".
S’agissant des combattants maliens, qui étaient du côté du pouvoir du guide de la révolution libyenne, le président ATT a indiqué : "Pour nous, il est inadmissible que des hommes en armes, qui ont combattu dans d’autres armées depuis 20, 30 ans, décident de s’attaquer à la sécurité de leurs pays d’origine. Qu’ils reviennent chez eux, cela est normal. Nous accueillons à bras ouverts tous ceux dont le retour s’inscrit dans le cadre de la préservation de la paix et de la sécurité de notre pays.
Parallèlement, nous mettrons tout en œuvre pour convaincre les hésitants à regagner la mère-patrie. Mais que cela soit clair, nous n’accepterons jamais que des armes et des armées étrangères inondent la bande sahélo-saharienne et agressent nos pays. Nous ne l’accepterons jamais" !
A cet égard, il a soutenu que "le Mali réaffirme sa détermination et son engagement à entreprendre toutes les actions que commande la situation afin de garantir la paix, la sécurité et surtout la stabilité, sa principale richesse, gage de progrès et de quiétude".
Par conséquent, le Mali exhorte également la communauté internationale à analyser l’impact grave de la crise libyenne sur les pays riverains et à prendre ses responsabilités.
Alassane DIARRA