C’est toujours le statu quo qui prévaut dans la localité d’Anefis, située à une centaine de kilomètres de Kidal. En effet, après avoir donné leur accord de principe de libérer cette localité qu’ils contrôlent depuis le 15 août dernier suite aux affrontements les ayant opposés à la CMA, les mouvements de la Plateforme n’ont toujours pas entamé leur retrait. Ce, malgré l’injonction du président de la République qui les a reçus en audience, le vendredi 28 août dernier et les pressions très intenses de la Communauté internationale qui, à un moment donné, a même évoqué la possibilité de sanctions ciblées contre les leaders unionistes. Ceux-ci sont toujours bloqués à Gao par les populations qui ne comprennent pas cette décision.
Selon nos sources, la délégation de la Plateforme, qui a quitté Bamako depuis le samedi dernier en direction d’Anefis, est encore à Gao. Ses leaders tentent par tous les moyens de convaincre leurs combattants de se retirer de cette localité stratégique située à une centaine de kilomètres de Kidal. Mais, jusque-là, c’est sans succès, car leur base n’approuve pas cette décision qu’elle assimile à une trahison.
Pour certains, si c’est l’armée qui va se substituer aux unionistes, le retrait sera systématique. Par contre, si c’est la MINUSMA, il faut qu’elle annonce la date précise du déploiement de ses casques bleus. Par ailleurs, d’autres ont totalement exclu toute idée de remettre la localité aux mains de la CMA à qui il est reproché d’être à l’origine de nombreuses exactions et violations des droits humains commises contre les populations civiles. En clair, celles-ci redoutent des règlements de comptes ou des représailles que leur feraient la CMA une fois que la localité leur sera remise. C’est dire combien la demande du chef de l’Etat adressée à la Plateforme afin qu’elle se retire d’Anefis sans condition est fraîchement accueillie, pour ne pas dire ouvertement contestée. Pour le moment, tous les regards sont tournés vers Gao où doit se décider le sort qui sera réservé à cette localité devenue, depuis quelques temps, l’objet de toutes les convoitises.
Toujours est-il qu’au niveau de la cité des Askia, la tension est très perceptible, car la population est contre toute idée d’un retrait précipité d’Anefis. Au contraire, elle projette même une marche destinée à protester contre la requête du Président de la République. Pour l’heure, les deux camps s’observent en chiens de faïence et il n’est pas exclu que de nouveaux affrontements surviennent vu que des renforts ont été annoncés de part et d’autre. En tout cas, une solution doit être vite trouvée pour que la perspective de la paix, qui s’est fait jour avec la signature de l’accord par toutes les parties, ne s’éloigne de nouveau pour laisser la place au chaos généralisé comme cela a été le cas en 2012.
Massiré Diop