In Halil : La milice arabe continue ses exactions

0

Menaces de mort sur les forces de sécurité et agents de la Douane malienne, rackets en tous genres sur les transporteurs, convoyages de cargaisons de drogue, tirs de rafales à chaque tombée de la nuit… Les exactions que commet la milice d’un ancien agent de la police mauritanienne, surnommé «Hassan Police», basée dans la localité d’In Halil (région de Kidal, Cercle de Tessalit), prennent des proportions de plus en plus inquiétantes.

 

«C’était un vendredi, fin septembre, en début de soirée. Nous avions décidé de passer la nuit dans les locaux de la douane quand, soudain, un véhicule s’est engouffré dans une maison. Ses occupants en sont descendus et ont menacé tout le monde avec des armes. Après les avoir ligotés, ils sont sortis avec le 4X4 stationné dans la cour. Pendant que la scène se déroulait, j’ai alerté les agents de la Gendarmerie, qui m’ont simplement répondu qu’ils ne pouvaient rien faire. J’étais si interloqué que je me suis demandé si nous étions dans un pays organisé». Ces propos, recueilli auprès d’un haut cadre, ressortissant de la région Kidal, prouvent que, malgré son démantèlement officiel, la milice arabe continue de terroriser les paisibles populations de In Halil.

 

Pour ceux qui ne savent pas, cette bourgade est située à environ 355 kilomètres de Kidal, à 120 de Tessalit et à 17 de Bordj Baji Moctar (communément appelé Bordj), première ville algérienne frontalière du Mali.

 

Lorsque nous nous y sommes rendus pour la première fois, en janvier 2010, nous avons découvert un petit village que nous avons visité en moins de 30 minutes. On y trouve une école, un CSCOM, construit par des bailleurs de fonds, un château d’eau, un poste de Douane, la Gendarmerie et beaucoup d’aventuriers (des Bangladais surtout) qui tiennent soit des petits commerces, soit des ateliers de réparation. C’est l’une des routes préférées des migrants clandestins qui veulent se rendre directement au Maroc.

 

La milice de tous les dangers

Ce qui met à la renverse tout non initié qui rencontre les éléments de cette milice est leur façon de faire. Ils sont tous en treillis ou en tenue camouflée, sans galons, et sont très hautains. Ils ont tous une arme. D’ailleurs, l’une des scènes qui nous est restée en mémoire est celle d’un jeune homme ligoté, traîné au sol et battu avec la crosse d’un pistolet mitrailleur. Nous avions alors demandé ce qui se passait. La réponse a été évasive: «j’ai entendu dire qu’il avait volé et qu’il voulait tromper son chef». Nous avons insisté pour savoir si c’était le «grand chef» ou «le petit chef». Notre interlocuteur nous avait tout simplement répondu «ici, il ne faut pas trop poser de questions. C’est à Bamako, à Direction de la Sécurité d’Etat (SE), qu’il faut poser les questions, car la mission de la milice de sécuriser les frontières du Mali et l’intérieur du Mali».

 

Mais voilà! Depuis avril 2010, la SE a officiellement fait savoir aux autorités administratives de la région de Kidal que la milice n’était plus sous son couvert et qu’elle ne travaillait plus pour elle. De plus, il a été demandé aux forces de sécurité et de défense de faire régner l’ordre et la loi. Toutes choses impossibles, car non seulement les éléments de la milice sont plus nombreux, mais parce qu’ils sont aussi surarmés.

 

Une présence nécessaire de l’armée

Peu avant le démantèlement de la milice arabe, certains cadres des forces de sécurité et de défense de la région avaient suggéré de mettre tout d’abord en place l’armée malienne. En son temps, ils soutenaient leur thèse par le fait que cette partie du Mali, si elle restait sans militaires, serait encore pire qu’avant. L’histoire leur a donné raison. Et ce ne sont ni les agents de la Douane, ni ceux de la Gendarmerie qui peuvent dire le contraire.

 

Notons que, depuis qu’elle prétend travailler pour la sécurité du Mali, la milice de In Hali n’a jamais ni intercepté un gramme de drogue (alors qu’elle se trouve sur son passage), ni ramené une seule munition aux véritables forces de sécurité, encore moins un fusil. Cependant, il n’est un secret pour aucun des habitants des régions de notre Septentrion que cette milice convoie des véhicules bourrés de drogue, d’armes et de munitions. Elle n’hésite pas à aller jusqu’à Adiel Hoc pour sécuriser des cargaisons de cocaïne. Elle n’hésite pas non plus, ce qui est très inquiétant, à menacer les forces de sécurité ou les agents de la Douane qui «voudront faire respecter la loi par leurs frères».

 

Actuellement, la situation est si tendue que certains éléments de force et de sécurité nous ont confié qu’ils n’hésiteraient pas à dégainer si la milice ne les laissait pas faire leur travail. En arrivera-t-on à ce point ? Que Dieu nous en garde!

Affaire à suivre

 

Paul Mben

 

 

Commentaires via Facebook :