Deux convois de refugiés maliens sont arrivés à Tombouctou le samedi et le dimanche dernier. Leurs situations est déplorable d’autant plus que les autorités de la ville ne se sont pas rendues à leur chevet pour s’enquérir de leur état. Pire, la croix rouge a été empêchée de leur voler au secours.
«Nous sommes venu fatiguer, nous voulons juste où se reposer. Notre pays nous a accueillis avec une mauvaise impression. On nous a abandonné à notre triste sort. Ce matin, nous n’avons même pas eu droit au petit déjeuner. C’est plus que la prison ici ».
C’est en ces termes que l’un des 152 refugiés, Abdalah Mohamed, depuis la cours de la protection civile de Tombouctou, explique les conditions désastreuses dans lesquelles ils vivent depuis leur arrivée dans la ville des 333 saints.
En effet, les refugiés sont arrivés en deux convois à Tombouctou. Un premier constitué de 66 personnes est rentré le samedi 8 octobre dernier. La 67ème personne est née dans la cour de la protection civile de Tombouctou. Le deuxième convoi quant à lui a foulé, hier dimanche, le sol de la ville de Tombouctou. Le véhicule a à son bord 85 personnes. Soit au total 152 refugiés maliens dans 6ème région de notre pays. «La protection civile de Tombouctou a empêché que la croix rouge nous administre les premiers soins et nous vaccine comme cela se doit », confie notre interlocuteur au bout du fil. Avant d’ajouter : « cette cour de la protection civile n’arrive pas à nous contenir, il n’y a pas de salles d’accueil et les éléments de la protection civile ne sont pas très accueillants. Les jeunes qui sont parmi nous risquent de s’affronter avec les éléments de la protection civile ».
Du côté de la protection civile, il est difficile de trouver un interlocuteur. Le téléphone sonne. A peine nous nous présentons, personne ne veut répondre à nos questions ou du moins parler du sujet. « Nous n’avons pas fini avec l’enregistrement des refugiés, je suis incapable de vous dire la situation qui prévaut actuellement dans la cour de la protection civile », nous répond à l’autre bout du fil le chef du centre de la protection civile, le lieutenant Amadou Doumbia, dans un accès de colère. Avant de nous raccrocher au nez. Quand au directeur régional de la protection civile, Dramane Diallo, il nous déclare qu’il est en France et nous suggère d’appeler le commandant Fané, son adjoint. Mais ce dernier n’est pas sur place à chaque fois qu’on tente de lui joindre sur le fixe de la protection civile
Le ministre SEMEGA « boude » ses compatriotes
48h après l’arrivée des refugiés dans la ville de Tombouctou « aucune autorité n’est venue nous rendre visite à fortiori de nous accueillir », déclare le porte parole des refugiés Idialy Ag Hamedoun.
Pourtant, le maire de Tombouctou Hallé Ousmane et le Gouverneur le colonel Mamadou Mangara sont tous présents dans la citée des 333 saints. Pis, le ministre Hamed Diane SEMEGA qui a passé la nuit du samedi au dimanche à Tombouctou avant de quitter n’est pas venu s’enquérir de la situation de ces concitoyens venus de la Libye. « Pourtant, il a été informé de l’arrivée des refugiés. Tombouctou est une petite ville et la moindre nouvelle court comme une traînée de poudre », explique un habitant de la ville qui a rendu visite au ministre SEMEGA.
Et Abdalah Mohamed un refugié de déplorer : « nous avons quitté la ville Libyenne de Sabha depuis 14 jours. Nous avons passé par l’Algérie où le consul malien nous a accueillis à bras ouvert et a même payé nos frais de transports jusqu’à la ville frontalière de El khalil. Depuis là, nous sommes à notre charge. Vraiment, nous sommes déçus par l’accueil de nos autorités à Tombouctou » Pourtant, les refugiés sont tous originaires de la région de Tombouctou. « Parmi eux, il y a des ressortissants de la ville de Tombouctou. Mais aussi de Goundam, de Farache, de Gargando… », affirme un proche venu rencontrer un membre de sa famille dans la cours de la protection civile.
Baba Ahmed