Même si l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, deux ans après sa signature, avance timidement, il faut reconnaître qu’un pas important a été fait avec la mise en place des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes. C’est en tout cas, le sentiment des membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), Almoud Ag Mohamed, Illad Ag Mohamed et Mohamed Ould Mohamoud, qui étaient face à la presse le lundi 29 mai à la Maison de la presse.
En réponse de la question sur la libération du camp I de Kidal, le conférencier Illad Ag Mohamed a tenu à éclairer certains éléments du Mécanisme opérationnel de coordination (Moc), qui est une disposition de l’accord chargée de coordonner les patrouilles mixtes pour la sécurisation des autorités intérimaires. Il a rappelé que le 18 janvier 2017, le Moc de Gao a connu d’énormes d’difficultés avec un attentat qui a tué des soldats de la Cma, de la Plate-forme et des Fama. Pendant la même période, ajoute Illad Ag Mohamed, la Cma a fait une semaine à l’entrée de Gao, empêchée par d’autres parties de l’accord. «Mais à aucun moment, il n’y a eu une menace brandie contre ces parties», a-t-il dit.
Selon Almoud Ag Mohamed, des compromis étaient en passe d’être trouvées pour que la Cma quitte le camp de Kidal au moment où la lettre du chef de file de la médiation internationale, incriminant la Cma de mettre en retard la mise en œuvre de l’accord, est tombée. Le camp I de Kidal, rappelle-t-il, est situé dans un endroit stratégique.
«Nous avons dit que pour que la Cma quitte ce camp, il faut qu’on s’assure qu’après, le poste va être sécurisé convenablement. Pendant les discussions au niveau politique entre la Cma et les autres parties de l’accord, un consensus a été pratiquement trouvé et qui dit que la Cma occupe une partie du camp, le temps que les travaux nécessaires s’effectuent et que le Moc s’y installe. Mais pour l’instant, si la Cma quitte le camp, n’importe quelle infiltration peut s’effectuer dans la ville. L’autre chose ce que, nous avons dit que ce camp du point de vue sécuritaire est un bourbier dont il faut éviter d’amener 600 hommes sans prendre les précautions nécessaires pour les protéger. Si la Cma dégage le camp aujourd’hui sans qu’il n’y ait une sécurité alternative pour assurer la sécurisation de ce point stratégique de la ville de Kidal, et que quelque chose arrivait demain, on crierait encore que la Cma a failli à sa mission de sécurisation», soutient Almoud Ag Mohamed. Il a rappelé qu’à Kidal, il n’y a pas que le camp I qui puisse abriter le Moc, il y a le camp de la garde et le camp de la gendarmerie.
En ce qui concerne l’état des lieux de la mise en œuvre de l’accord, Illad Ag Mohamed répond : «ce qu’on peut dire aujourd’hui ce qu’on a réussi à mettre en place les autorités intérimaires, à aller vers un début de normalisation en termes de patrouilles mixtes. Au camp de Gao, les soldats de la Cma, de la Plate-forme et des Fama vivent en parfaite symbiose. C’est un pas important qu’il faut saluer». Il a en outre souligné que dans les prochains jours, les Moc de Kidal, de Tombouctou seront mis en place et que le processus démobilisation-désarmement-réinsertion (Ddr) est en train de fonctionner timidement.
«Nous pensons qu’il faut une volonté politique forte de la part du gouvernement pour que cet accord puisse aller plus rapidement. Aujourd’hui, il est en train d’aller très lentement et la Cma a fait d’énormes efforts pour débloquer l’accord», a déclaré Illad Ag Mohamed. Avant d’informer qu’il y a une disposition de l’accord très attendue, qui est la désignation d’un observateur indépendant chargé de dire qui est fautif du retard pris dans la mise en œuvre de l’accord. «Deux ans après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, il faut reconnaître qu’on va tout doucement, mais le résultat n’est pas reluisant», reconnaît-il.
Sur cette même question, Almoud Ag Mohamed dira que l’accord pour la paix et la réconciliation nationale avance timidement, mais l’opérationnalisation au niveau des autorités intérimaires traîne car elles n’ont pas les moyens pour fonctionner normalement. «Il faut que les partenaires techniques et financiers accompagnent les autorités intérimaires à démarrer», a-t-il ajouté. Avant de faire constater qu’au niveau de l’humanitaire, c’est un pan de l’accord qui traîne avec le retour des réfugiés.
Diango COULIBALY