Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, accompagné d’une forte délégation ministérielle et de partenaires du Mali, a rendu un dernier hommage national aux militaires tombés sur le champ d’honneur à Nampala. Cette cérémonie funèbre a eu lieu au Camp Sékou Amadou Tall de Ségou, en présence de leurs frères d’armes et parents. C’était le jeudi 21 juillet 2016.
Suite à l’attaque terroriste perpétrée au Camp de Nampala, en deuxième région militaire du Mali, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, accompagné d’une forte délégation ministérielle et de partenaires du Mali, a rendu un dernier hommage national à Ségou aux soldats tombés maliens tués. Précisons que cette attaque terroriste revendiquée par deux groupes armés a fait 19 morts et 35 blessés dans les rangs des Fama, le mardi 19 juillet 2016 à Nampala.
Dans ses propos liminaires, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, dira : «Cette cérémonie funèbre a double sens : elle est triste, mais honorable». Avant de demander à la communauté internationale de comprendre et d’aider le Mali pour l’acquisition d’avions de combat. «Nous sommes aujourd’hui à Ségou en deuil, pleurant nos enfants tombés sur le champ d’honneur. Certains avaient 20 ans, d’autres 40 ans. Toute vie n’est pas de dignité, la leur le fut», a poursuivi Ibrahim Boubacar Keïta.
Pour lui, ces jeunes, qui viennent de nous quitter à la fleur de l’âge, auraient pu avoir un avenir radieux un jour. Avant de demander à leurs frères d’armes et aux parents des victimes de comprendre sa douleur. «Jour et nuit, je remue terre et ciel pour convaincre nos amis qu’un vecteur aérien est nécessaire pour notre défense. Nous ne sommes pas fabricants d’armes. Nous avons besoin de solidarité vraie et non d’un jeu de façade. Des hommes armés ont attaqué, mardi 19 juillet, notre poste avancé de Nampala, à plus de 510 km de Bamako, proche de la frontière avec la Mauritanie. 17 y ont été tués et 35 blessés, faute d’avions de combat, dès l’alerte», a-t-il déploré.
Et de lancer : «Maliens, comprenez aisément avec moi, que je ne vais jamais oser envoyer mes propres enfants qui sont les militaires au front, sans pourtant mesurer la conséquence. Le Mali est trahi par ses amis, mais Dieu veille…». À noter que tous les soldats défunts ont été décorés à titre posthume par le président de la République, qui avait auparavant rendu visite aux blessés admis à l’hôpital Namankoro Fomba de Ségou.
Selon l’Officier chargé de l’oraison funèbre au camp Tall de Ségou, Lieutenant-colonel Modibo Kane Togola, quinze des dix-sept soldats tués allaient être inhumés ce jeudi 21 juillet 2016 au cimetière du Camp par leurs frères d’armes et les familles des disparus, les deux d’entre autres devraient être inhumés, compte tenu de l’état de leur corps, à Nampala.
Au cours de son oraison funèbre, l’Officier Togola de la région militaire Ségou a fait une brève présentation du parcours des vaillants soldats tombés sur le champ d’honneur. «Tous ces militaires tombés sur le front à Nampala sont incorporés dans l’armée malienne entre 1993-2016. Parmi ces soldats qui viennent de nous quitter définitivement, il y a deux (2) qui sont de la promotion 1993, un (1) 1994, deux (2) 2000, un (1) 2001, deux (2) 2005, deux (2) 2006, deux (2) 2007, quatre (4) 2013 et enfin, un (1) 2016. Nous rentrons dans l’armée pour ça, car notre devise est ‘’ la patrie ou la mort’’. Ceux qui viennent de nous quitter, nos frères d’armes, sont fiers de leur façon de disparition, car ils ont été braves en menant à bout leur mission», a-t-il témoigné, avant de demander au public d’observer une minute de silence en leur mémoire.
Il est à signaler qu’au cours de la cérémonie, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Tiéman Hubert Coulibaly, a remis 59 médailles de mérite militaire au Commandant de la zone de Défense de Ségou pour le détachement militaire de Nampala, le capitaine Abel Poudiougou, Commandant d’escadron de Diabaly.
Rappelons aussi que le ministre de la Justice a ouvert une enquête préliminaire pour faire toute la lumière sur cette attaque du Camp de Nampala.
Ousmane DIAKITE/ Stagiaire
Envoyé spécial à Ségou
Encadré
Les non-dits de l’attaque du Camp militaire de Nampala
Lors de la cérémonie d’hommage national au Camp Sékou Amadou Tall de Ségou, suite à l’attaque terroriste perpétrée au poste avancé des Forces armées et de sécurité du Mali à Nampala, les soldats qui ont pu échapper à la mort ont fait des révélations troublantes. Tout a commencé lorsque le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a, dans son allocution, mentionné qu’il y a eu 17 morts et 35 blessés lors de cette attaque de Nampala. Soudain, certains rescapés surgirent pour donner des détails clés, publiquement, et ils furent ensuite arrêtés.
«La vérité dans cette attaque est cachée, car le chiffre a été réduit par les autorités. Les morts sont plus d’une cinquantaine dans nos rangs. On peut dire que dans le détachement de Nampala, il ne reste pas beaucoup de militaires et ceux qui sont tombés, ont été décapités, éventrés ou tués par balles à bout portant par des soi-disant assaillants. Sinon, ceux qui nous ont attaqués, n’étaient pas des terroristes proprement dits, ce serait des Blancs», clamaient certains militaires qui ont pu échapper au drame.
Suite à ces révélations, le Commandant de la Défense de zone (2) a ordonné leur arrestation. «Ces militaires seront sévèrement punis par la hiérarchie à cause de leur comportement non professionnel», a-t-il précisé. Pour lui, ces révélations peuvent être source de soulèvement populaire contre le régime actuel.
Précisons que les parents des victimes disent être déçus par les autorités maliennes, car l’alerte de menace a été émise par l’Ambassadeur américain au Mali. Malgré cela, des dispositions sécuritaires n’avaient pas été prises à hauteur de souhait pour contrer les assaillants.
Ousmane DIAKITE/ Stagiaire
Envoyé spécial à Ségou