Mardi 25 octobre, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) a tenu un Conseil supérieur de défense près de Kidal, au cours duquel, le successeur de Cheikh Ag Aoussa a été officiellement désigné et installé dans ses fonctions. Cette nomination intervient quelques semaines après le décès de son prédécesseur mort dans un accident de son véhicule à Kidal, le 8 octobre dernier.
Il s’appelle Achafghi Ag Bohada, le bras droit du défunt Cheikh Ag Aoussa. Au Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, on le présente comme « un militaire qui s’est imposé sur le terrain », « un rassembleur ».
Comme l’ex-chef d’état-major, il a passé lui aussi par la Libye, comme d’ailleurs nombre de combattants touaregs, Achafghi Ag Bohada a surtout fait carrière dans l’armée malienne. En effet, il était basé à Kidal lorsque la rébellion indépendantiste éclate en 2012. À la différence de son prédécesseur, Achafghi Ag Bohada, suit El Hadj Ag Gamou, dernier chef militaire touareg resté fidèle à Bamako, dans son exil au Niger. Mais Achafghi Ag Bohada décide finalement de déserter et rentre à Kidal la même année pour rejoindre les rangs d’Ansar Dine.
En 2013, après l’intervention française Serval, Achafghi Ag Bohada quitte le groupe djihadiste pour rejoindre, aux côtés de son mentor Cheikh Ag Aoussa, le camp des futurs signataires de l’accord de paix au sein du HCUA.
Né à Tessalit, âgé de 49 ans, Achafghi Ag Bohada est un Touareg de la fraction Imghad-Iredjanatan, une tribu guerrière de la région de Kidal. Un chercheur spécialiste des fractions touarègues note que les Iredjanatan sont des vassaux des Ifoghas, lesquels assument la chefferie traditionnelle à Kidal. Pour cette source, le choix d’Achafghi Ag Bohada est donc très « symbolique » et « politique » : marque de reconnaissance pour cette fraction alliée et démarche d’apaisement alors même que les Imghads, plus proches des autorités de Bamako, contestent la hiérarchie en place.
Depuis, le 25 octobre donc, Achafghi Ag Bohada occupe le poste de chef d’état-major du HCUA à la suite de Cheick Aoussa, cyniquement appelé le bourreau de Kidal. Selon des sources bien informées, c’est l’énigmatique Cheick Ag Aoussa qui a dirigé le peloton d’exécution de nos soldats, en rupture de munitions, à Aguel’hoc, le 24 janvier 2012. Plus d’une centaine de militaires avaient été exécutées froidement, dont certains égorgés comme des moutons et d’autres rués d’une balle dans la tête. Tous ayant été préalablement ligotés les mains derrière le dos ; comme pour mêler à l’atrocité l’humiliation ultime. D’après l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) », il y a eu des exécutions sommaires sur 153 militaires du camp d’Aguel’hoc, égorgés ou tués d’une balle dans la tête ».
Par Sidi DAOU